"Insuffler le froid" du groupe CATHEDRALE DE GLACE est un projet datant de 2010 et qui propose un Black Minimaliste et ambiant aux forts relents suicidaires et dépressifs. C'est le sieur Lazareth qui est l'unique musicien derrière ce projet uniquement disponible sur K7 à la pochette pour le moins particulière... à la limite du ratage total.
Depuis que je connais ce musicien, j'ai pu constater au gré des nombreux projets auxquels il a participé qu'il est capable du meilleur comme du pire. De l'éprouvant ORDO BLASPHEMUS au superbe YELE SOLMA, il n'y a apparemment qu'un pas pour LAZARETH... et de sacrées différences pour l'auditeur.
Je ne vais pas faire durer le suspens davantage, CATHEDRALE DE GLACE fait partie des projets intéressants de LAZARETH.
Cette K7 comporte six morceaux ("Insuffler le froid", "Fleur d'hiver", "La froide", "Silhouette de givre", "Tour de crystal" et "0°") qui, avec le malaise comme toile fond, naviguent entre un black primaire et haineux et un ambiant morbide et psychotique.
Lorsque les guitares sont toutes griffes dehors, elles jouent des riffs rapides et répétitifs qui à défaut d'être originaux et bien produits, participent à donner une couleur très sombre aux morceaux. Les incursions dans les aigus sont très efficaces et bien que l'on soit loin des prouesses des Shredders, on est étonné d'entendre "sonner" les phrases dans un tel foutoir.
La répétition finit par créer un climat hypnotique et malsain où la froideur des rythmes et des sons gangrènent progressivement la musique. Elle devient alors froide et sourde, soufflant comme un blizzard sur les architectures primitives des compositions. Les cris et hurlements sont bestiaux et semblent pile poil le point équidistant entre la haine et le désespoir. Ces derniers ne sont qu'une infime partie du propos de CDG, en arrivant presque à se fondre dans la masse sonore sans que l'on s'en aperçoive trop.
La production minimaliste (souvent le point faible des production d'Antiq) prend ici une dimension intéressante puisque ce fracas sonore est plutôt structuré, et contrairement à ORDO BLASPHEMUS, le chaos semble ici mieux maîtrisé et beaucoup moins aléatoire.
CATHEDRALE DE GLACE souffre pourtant de quelques petits problèmes qui fissurent l'ensemble de l'œuvre, la rendant du coup un peu trop fragile alors que, normalement, une cathédrale ne se casse pas la gueule comme ça...
Tout d'abord, le "Tchoum pack, tchoum pack" de la boîte à rythme. Intéressant par moments, la pulsation n'est pas toujours à propos et finit par irriter un peu, la faute un caractère immuable quasi industriel. Je reconnais néanmoins que ce côté "énervant" participe grandement à l'atmosphère oppressante générale.
Enfin, les liaisons entre les passages "brutaux" et les passages "ambiants" semblent parfois arriver de manière totalement impromptue. Au début on est surpris et charmé par ces arrêts brutaux, mais au final et après plusieurs coups de la sorte, on se dit que cela aurait pu être amené autrement (certains "fade" et autres coupures tombent vraiment comme un cheveu sur la soupe).
Pour terminer enfin, la redondance de certaines parties lasse et épuise l'énergie hallucinatoire de la musique qui finit par perdre en impact (l'introduction est particulièrement longue et on finit par se demander quand le Squamish va se faire entendre).
Au final, ce projet est réussi puisque la musique est à la hauteur du titre de la K7. Oui, CATHEDRALE DE GLACE insuffle un froid polaire et meurtrier qui fait émerger la partie la plus sombre de son compositeur (et peut-être la vôtre aussi, car je doute que vous ayez envie de danser en écoutant "Insuffler le froid"). Les quelques défauts cités plus haut empêchent d'atteindre le Zero absolu (cher à ce bon vieux Camus), mais il se pourrait bien que la prochaine tentative nous gèle vraiment les miches.


Rédigé par : Pamalach | 12.5/20 | Nb de lectures : 13661