Annoncé en grande pompe par le label Metal Blade, voici donc les poids lourds suisses de retour sur le devant de la scène metal. Cet album éponyme est donc le cinquième à voir le jour et permet au groupe de souffler ses dix bougies.
Cataract a décidé de faire quelque chose de sobre pour l’occasion: un album sans titre, un artwork sombre, épuré presque banal (un oeil quand on s'appelle Cataract, c'est presque marrant) et la confirmation d’une équipe qui a tenu ses promesses. En effet, il s’agit du troisième disque de Cataract qui bat pavillon « Metal Blade » et Tue Madsen se retrouve encore une fois derrière les platines de la production.

Le groupe de Zürich nous avait laissés en 2006 sur « Kingdom » un album en demi-teinte, chroniqué en ces pages par mes soins et largement surnoté, soit dit au passage. Afin de casser le suspense, cet disque éponyme est supérieur à la cuvée 2006, Cataract ayant retrouvé une pointe d’inspiration et bénéficie d’un son plus brutal et valorisant que « Kingdom » bien que similaire.

« Cataract » s’ouvre sur « The Seperation Between Life And Time », un titre très honorable qui reprend là où les choses se sont arrêtées. Le style Cataract est donc décelable dès les premières notes : des riffs thrash slayeriens, des rythmiques écrasantes, des guitares accordées très bas, des compositions longues et cette voix atypique.
Avec ce disque, Cataract bénéficie du même constat que son confrère hollandais Born From Pain : ce cinquième CD éponyme est plus construit et le crew de Federico semble mieux maîtriser son style.

« Kingdom » souffrait d’un manque de solidité dans les compositions, ces dernières paraissant baclées et dotées de rythmiques très ressemblantes. Sur « Cataract », le groupe suisse a décidé de corriger le tir en offrant des titres plus intéressants. On peut commencer par la longueur des titres et de l’album en général car il est le plus long jamais enregistré par le groupe (46 minutes). Les titres sont plus construits, les structures plus complexes, les breaks plus présents et les titres mieux arrangés dans l’ensemble. Je prends pour exemple la chanson « Blackest Hour » dont les 6min40 laissent transparaître toutes les composantes que j’ai pu citer auparavant.
Le death metal a également repris cours dans la musique de Cataract. Oh, bien sûr, pas comme sur « Great Days Of Vengeance » où riffs et rythmiques faisaient référence au style mais le death, disparu depuis « With Triumph Comes Loss » a refait son apparition (« Burn At The Stake » par exemple).

Que peut-on citer d’autre d’hystérique sur ce disque ? Une cohérence globale accrue. Car oui, les titres sont bien mieux orchestrées et plus riches. Leur longueur augmentée permet de pondre des plans plus lents, sombres, voire pachydermiques : « Burn At The Stake », « Breath Of The Kings » ou bien « Blackest Hour » sont trois des chansons à prouver que le groupe a su agrémenter sa musique de nouveautés : plans lents, tristes et mélodies plus aigues, choses que l’on ne retient pas forcément d’un disque de Cataract. Deuxième point, l’introduction d’un interlude « Tonight We Dine In Hell », malsain et lourd, totalement instrumental et agrémenté de cris de terreur et d’agonie. Tout un programme !
On peut également faire référence à la production. Elle garde la teneur globale que « Kingdom » (batterie toujours aussi triggée et mise en avant, basse absente) mais ce sont les guitares qui jouissent de la plus grosse amélioration sonore. Leur rugissement est plus brutal et massif, sonne moins aspetisé et éclate plus au grand jour.
La voix de Federico n’a pas varié d’un iota et conserve ce défaut que beaucoup mentionnaient à la sortie de « Kingdom » : son timbre est moins abrasif et manque quelque peu de coffre.

Au final, ce disque de Cataract est un bon investissement metal 2008. Les amateurs du groupe ne seront ni déçus, ni dépaysés et peuvent déjà faire fumer la carte bleue. Ayant été désillusionné par « Kingdom » en 2006, le groupe suisse remonte dans mon estime grâce à ce disque solide et efficace. Les sceptiques et déçus peuvent, je pense, redonner une chance à Cataract.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 14,5/20 | Nb de lectures : 11687