Sporadiquement, le Japon propose depuis des années des groupes franchement intéressants et souvent originaux. Outre ses gloires habituelles, le pays du Soleil Levant connaît toutefois un certain frémissement underground depuis quelques années, un éveil plutôt dans le black salement grésillant (je pense à Arkha Sva, Avsolutized ou The Absolute of Malignity qui m'ont bien botté). Cela n'empêche pas la contrée des tongs d'avoir son quarteron de groupes standards, simplement efficaces à défaut d'être orignaux. Et Cataplexy est de ceux-là.

Après des débuts death metal influencés par Autopsy et Nihilist, Cataplexy prend le train du black dès 1994 sur sa seconde démo. Puis le groupe disparaît, probablement à cause de sushis personnels. Cataplexy reverra le jour en 2000 et, après quelques concerts (dont une tournée avec Sabbat en 2002), la bande sort son premier MCD autoproduit Fields of the Unlight en 2003. A cause d'un bouleversement de line-up, les Nippons attendront ensuite cinq ans pour sortir ce premier album chez leurs compatriotes de Bloodbath Records. Pour nous, pâlots Européens, c'est Twilight Vertrieb qui sortira la bestiole en janvier 2009.

Comme annoncé plus haut, ne vous attendez pas à des expérimentations sonores ou à un black ultra-fouillé avec Cataplexy. Le credo du combo est la mélodie, rapide, efficace et frontale avec la marque de la godasse sur la tronche. Prenant exemple sur Issei Sagawa, le guitariste Sadis Gordinn et ses acolytes ont sûrement dévoré de nombreuses productions européennes du siècle dernier pour en digérer la substantifique moelle. Ils en auront retenu l'efficacité mélodique dans la tranchée d'un Marduk, la rage brute d'un Impaled Nazarene ou le souffle glacial d'un Immortal. Autant dire que ...Lunar Eclipse... ne prend le temps de se poser que l'espace de quelques instants. Le reste, c'est du blast et du tremolo à fond les manettes. Si la double est lancée le temps d'une intro, ce n'est que pour mieux mitrailler le couplet qui la suit. Si un arpège résonne, c'est pour mieux enfoncer le riff suivant à grands coups d'accord. Aucun moment de cet album ne restera dans la mémoire collective, mais les 46 minutes de ...Lunar Eclipse... s'écouleront en secouant vigoureusement la tête pour les amateurs de décibels.

Fort d'un propos anti-religieux, Cataplexy n'hésite pas à invoquer Satan. Cela peut sembler surprenant pour des Nippons, mais ce n'est pas moins crédible que bon nombre de leurs homologues européens qui le font pour la même raison: habiller une musique brutale et blasphématoire. Le groupe affirme ainsi sa flamboyante filiation avec la scène finno-scandinave et, effectivement, cet album aurait pu voir le jour en Europe sous la plume d'un combo tchèque. De quoi réfléchir un peu sur la mondialisation et l'absence de frontières dans un genre où chacun reste pourtant attaché à sa terre natale.

Armé d'un son net et sec comme un coup de trique, Cataplexy livre un premier album solide, preuve de son expérience. Rentre-dedans, mélodique, ...Lunar Eclipse... n'a pas l'ambition de bouleverser le black metal. Les Japonais apportent simplement leur pierre à l'édifice, ce qui ravira les brutosaures à poils durs qui hantent les distros. En un mot, Satan!


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 10448