Si je vous dis Profound Lore, The Thousand Caves, Marston, vous commencez à discerner dans quel champ musical le premier album de Castevet va vous plonger. Pas d’embrouilles sur la came, il s’agit bien d’un Black transgenre qui fleurit depuis quelques temps outre-Atlantique. Si ça continue, je vais finir par marcher sur les arpions chatoyants de mon voisin de palier Crown_Me ! D’autant plus, qu’un des trois musicos traîne ses guêtres dans un groupe de Grindcore haute tension du nom de Defeatist dont le premier album paraît en ce moment chez Deathwish.

Après Liturgy l’année dernière, c’est au tour de Castevet d’émerger des caves de maître Marston. C’est à se demander si ce diable de joueur de Warr ne serait pas en train de lancer une franchise ? Musicalement donc, on retrouve les principes développés aussi bien par WITTR, Cobalt et bien sûr par Krallice. Les trois ‘ricains vous proposent donc ce fameux mélange entre trémolos épiques et voyage Post-core Neurosien.

Malgré cela, l’œuvre frôle seulement les quarante minutes ce qui s’avère finalement assez court. Même si les liens avec Krallice sont assez forts, Castevet se détache légèrement de la figure tutélaire par un goût prononcé pour les riffs biscornus issus du Hardcore chaotique. L’auditeur chute dans le piège fatal de ces mélopées à la fois dissonantes et accrocheuses qui vont finir par se muer en montées progressives, lancinantes et atmosphériques.

Au rayon des particularismes, le chant un tantinet linéaire joue principalement dans un registre rythmique suscitant l’étrange sensation chez l’auditeur de se faire aboyer dessus.

Dans un autre registre, le combo s’aventure dans l’expérimental lors d’un instrumental en forme d’introduction au dernier titre. Le groupe nous convie à un instant de calme où des arpèges tordus se voient souligner par une trompette subtile. Un moment assez Jazz ouvrant une brèche vers un ailleurs plus serein.

Pour ce qui est des coulisses, ça joue et plutôt deux fois qu’une au vu de la technique déployée sur certains passages. On commence à avoir l’habitude des prods de Messire Marston dont le bon goût permet de tresser le plus bel écrin possible pour les groupes dont il a la charge. Encore une fois, on a affaire à une réussite mais votre serviteur voit subitement naître quelques objections au fond de son cerveau dérangé.

Peut-être est-ce dû au fait que je suis devenu une sorte d’exégète drogué de cette scène bourgeonnante, mais je ne peux passer outre la légère sensation de routine qui m’a rattrapé lors de l’écoute. J’étais en terrain connu et malgré les détails séparatistes qu’insuffle le combo à ses compos, il est difficile de ne pas trouver leur attitude trop révérencieuse envers leurs aînés.
J’aurais aimé un peu plus de folie et pourquoi pas intégrer la trompette sur tous les titres histoire de se démarquer de leurs camarades de jeu. Ils auraient pu creuser encore plus l’aspect chaotique ou leur facette jazzy. A chaque écoute, je ne peux que déplorer ce côté garçon trop sage qui se dégage de l’œuvre.

En dépit de mon attitude de blasé notoire, l’opus possède suffisamment de qualités pour que nous nous voyions glisser le skeud dans notre mange-disque sans vraiment s’en rendre compte, sans l’avoir consciemment décidé.
Tout sage qu’il est, "Mounds of Ash" reste une parenthèse attirante qui sans faiblir atteint son but. Une ouverture parfaitement réussie dont j’espère qu’il s’agit de l’annonce d’un futur moins balisé et moins respectueux des codes du genre.

Franchement, ça le fait et ça tourne dans ma cave !




Rédigé par : Dark Rabbit | 15,5/20 | Nb de lectures : 13372