Il arrive, dans de rares occasions, que je sois agréablement surpris par un disque d'un groupe duquel je n'attendais absolument rien. Non pas que je sois devenu subitement un fan inconditionnel de Carpathian Forest mais, quand il est arrivé dans ma boîte aux lettres, j'étais persuadé que j'allais passer un mauvais moment en sa compagnie. Pourtant, ça s'annonçait sous de bons auspices : les quelques changements de line-up ont vu l'arrivée désormais permanente de Tchort, l'ex-Emperor et gourou du divin Green Carnation et du surpuissant Blood Red Throne, ainsi que de A.Kobro, batteur du cultissime In the Woods. Nattefrost, le membre fondateur est en tout cas quelqu'un qui sait très bien s'entourer.
Globalement fidèles à leur conception d'un black-metal haineux et un peu provocateur mâtiné de petites influences rock n'roll, les Carpathian Forest ont particulièrement soigné la production du disque. J'en veux pour preuve les très bonnes parties de claviers qui rehaussent le niveau des morceaux de façon conséquente. Le mixage a également bien mis en valeur les parties de basse et le son global gagne énormément en densité. Si la musique est souvent rapide et enlevée, on dénote dans la plupart des titres des parties plus mélodiques, plus sombres comme l'excellent break de "Hymne to Døden", ou le délirant morceau "The old house on the hill", parfait pour sonoriser un cauchemar d'enfants. J'aime également beaucoup les morceaux mid-tempo comme le très bon "Necrophiliac/Anthropofagus maniac" ou l'incroyable mélange de trip-hop et de black du final "Gold murderous music". Ce dernier morceau est vraiment une petite merveille de simplicité et de courage et justifie l'acquisition de l'album à lui tout seul. Si les morceaux que je viens de vous citer présentent tous une particularité qui les rend originaux ou attachants, le reste du disque est d'une facture peut-être plus traditionnelle et prévisible mais dont la qualité n'est pas à remettre en cause. Les vocaux de Nattefrost, qui se situent dans un juste milieu, à la fois criards et véritablement méchants ne tombent pas dans un grotesque trop souvent entendu dans le style et on peut définitivement dire que la faute de goût a été évitée. Certains morceaux rentre-dedans comme "It's darker than you think", "The well of all tears" ou "Put to sleep like a sick animal" (quel titre !) ne font pas dans la dentelle et figurent en bonne place sur l'échelle du black-metal norvégien. Les frustrés déploreront le manque de côté "raw" en argumentant que ce n'est pas assez "evil" et qu'il faut aller acheter du pain, étendre le linge et payer la facture d'eau. Moi je m'en fout, j'ai passé un bon moment avec ce disque et je pense qu'il regagnera ma platine de temps à autres. Ca ne vous paraîtra pas grand chose mais les albums de black qui ne pourrissent pas dans un coin chez moi sont extrèmement rares. En attendant, je pense que je vais me replonger dans leurs albums précédents...


Rédigé par : Loufi | 15/20 | Nb de lectures : 9319