« Comme il naît beaucoup plus d'individus de chaque espèce qu'il n'en peut survivre, et que, par conséquent, il se produit souvent une lutte pour la vie, il s'ensuit que tout être, s'il varie, même légèrement, d'une manière qui lui est profitable, dans les conditions complexes et quelquefois variables de la vie, aura une meilleure chance pour survivre et ainsi se retrouvera choisi d'une façon naturelle. En raison du principe dominant de l'hérédité, toute variété ainsi choisie aura tendance à se multiplier sous sa forme nouvelle et modifiée. »

Cette phrase issue de « L’Origine des Espèces » de Charles Darwin s’applique parfaitement à la « scène » deathcore actuelle. Il y a tant de groupes qu’il est inéluctable que nombre d’entre eux sont voués à évoluer sous peine de risquer la disparition pure et simple. Sans autre forme de procès. Les plus forts l’ont bien compris : « Only The Strong Survive », c’est pourquoi les cadors du genre ont bien vite fait de se sortir les doigts et se sont dotés fissa d’une nouvelle orientation musicale tout en conservant leurs acquis. Suicide Silence en se vautrant dans la crasse, Despised Icon en frayant avec les gros bras du hardcore, The Acacia Strain en y allant à fond dans la lourdeur, etc, etc. Les p’tits gars de CARNIFEX (enfin pas si petit que ça quand on voit la stature d’un de leurs gratteux…) ont choisi d’évoluer eux aussi, de ne pas rester sous la couette moelleuse, de se lever tôt et de se retaper tous les classique du death afin de vraiment justifier le « death » de « deathcore ».

On est maintenant face à un « vrai » groupe de death moderne, les éléments « core » ayant quasiment tous disparus à l’exception que quelques breakdowns dont vous me direz des nouvelles. Ce faisant plus rares, leur puissance et leur soudaineté s’en trouvent décuplés. Le final de « Hell Choose Me » est une invitation au cassage de tibia en règle. Déjà la pochette de l’album mettait la puce à l’horreur avec son esthétique « ivôôl »/kitch/moche (biffer les mentions inutiles) typiquement death. Dès la première écoute, on remarque tout de suite que tout est plus death, certains riffs rappellent Aborted tandis que d’autres sentent bon (ou le faisandé) les derniers Caniboule. Les riffs death sans être hyper inventifs ou inspirés sont d’une belle efficacité et possèdent un fort potentiel destructeur. Si les Californiens ont invité Caniboule à la fête on peut noter quelques touches blackisantes par-ci par-là, certainement histoire de se donner une « trve evil cred » mais les ces influences maléfiques sont vraiment anecdotiques, pas de quoi faire sortir le Prince des Petits Gâteaux de sa caverne. L’ami Scott Lewis a dû pas mal bosser ses vocalises ou bouffer du gravier au petit déj car il trouve une nouvelle profondeur dans ses growls seyant parfaitement la nouvelle orientation du groupe. Toutefois, je tiens à prévenir les vieux grognards, faut pas non plus vous attendre à du Abscess hein, tout ceci respire à 200% les années 2000 et la modernité.

CARNIFEX ne renie pas son identité originelle pour autant, vu qu’ils sonnaient déjà un poil plus death que la majorité de leurs confrères, mais, toutefois, on note un vrai changement qui leur ouvrira certainement les portes d’un public nouveau et tout entier voué au Metal de La Mort. Si les compos sont efficaces et soignées, la production, elle, laisse un goût étrange en bouche. L’ensemble, surtout les guitares, de "Hell Choose Me" sonne beaucoup trop propre et lisse que pour être vraiment honnête. Le constat est pareil pour la batterie dont la grosse caisse sonne trop clair, pas assez profond ni épais. Comment dire… Ca manque de gerboulade quoi ! Il ne suffit pas de se réveiller un matin en voulant faire du death pour devenir un des maîtres du style, c’est pas aussi simple que ça. Les bases sont là, CARNIFEX en a suffisamment dans le pantalon pour s’installer durablement dans cette scène mais il va encore falloir bosser sa musique et sa production histoire de foutre un peu de bordel là-dedans. Le groupe est encore trop conforme à son image : propre, rasé de près et bien coiffé, que pour vraiment convaincre dans le rayon death. En l’état "Hell Choose Me" est un bon album de death moderne conservant malgré tout touche « core » histoire d’assurer la transition entre les deux publics mais on sent que parfois les Californiens se retiennent et n’osent pas, ou ne veulent pas lâcher les chevaux. C’est pourtant par-là que passe l’avenir du groupe. Même si je pense que le plus difficile pour eux ne sera pas de composer de bons albums mais de faire accepter à certains ayatollahs du genre qu’on peut faire du bon death metal même en portant des T-shirts fluos.


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 13480