Le petit label suisse Fastbeast se rappelle de temps en temps à notre bon souvenir en nous envoyant ses dernières joyeusetés. La fois dernière, ce qui nous ramène tout de même plus de deux ans en arrière, c'est du combo helvète AMOK dont je vous avais parlé avec la sortie de "Lullabies of Silence", un premier album plutôt réussi et prometteur dans un style brutal et technique. CARNAL DECAY, qui nous intéresse aujourd'hui partage plusieurs points communs avec AMOK : c'est également un groupe qui nous arrive de Suisse et comme AMOK, il pratique un style de musique à la fois brutal et technique. "Chopping Off the Head" est le second album du groupe après "Carnal Pleasures" sorti en 2006 et également un split avec les Belges de PREJUDICE et INFANT BILE, un obscur groupe anglais.

Avant même d'écouter l'album on est séduit (ou totalement rebuté) par la pochette, un bon vieil artwork dessiné à la main et dont le style et les couleurs noir, blanc et rouge, rappellent un peu le Sin City de Frank Miller mais que l'on doit ici à un certain Franz Föhn. D'autres dessins du même style illustrent le booklet où ne figurent en revanche malheureusement pas les paroles, cependant avec des titres tels que "Raptured by Toruturing", "Mutilation Is My Passion" ou encore "Predatory Instinct" on a déjà une certaine idée des thèmes explorés par CARNAL DECAY.

Musicalement comme je l'ai dit le groupe pratique un death metal brutal avec une petite touche de technique. Rien à voir cependant avec AMOK qui donnait carrément dans une ultra-technicité presque outrancière que même les plans jazzy et le groove ne rendaient pas plus digeste pour les non-amateurs. Ici la technicité ne prend pas le pas sur la brutalité, au contraire elle la sert et la met en valeur. Du côté des influences, c'est surtout du côté des États-Unis qu'il faut chercher pour les trouver. Elles ne sont pas flagrantes mais on peut tout de même rapprocher ce groupe de SUFFOCATION ou encore de INTERNAL BLEEDING. J'ai aussi très vaguement entendu ici ou là, sans que je puisse vraiment dire pourquoi, du ILLDISPOSED, vieille époque. Bref du death metal pur jus emmené par une gratteuse qui renvoie ici pas mal de mecs à leurs études. Le chanteur, qui occupe également le poste de bassiste n'est pas en reste avec des growls assez convaincants, sobre sans trois tonnes de pitch dessus comme c'est bien souvent le cas aujourd'hui, limite old-school, certes pas très variés mais bien souvent doublés (comme s'il y avait deux chanteurs quoi) ou soutenus par un chant plus clair et plus criard mais tout aussi hargneux. Les tempo sont généralement assez soutenus, emmenés par une section rythmique qui n'est pas en reste et n'hésite pas à varier les rythmes histoire de renforcer la puissance dégagée par l'ensemble.

Au final, on obtient un bon album parce qu'il est joué par un trio qui a oublié d'être manchot mais qui au lieu d'essayer de battre des records de vitesse et de nous jouer 3.000 notes à la minute préfère se concentrer sur la construction des titres et nous offre donc neuf titres bien catchy et efficaces. Des petites intros et outros viennent en plus renforcer le petit côté old-school de ce sympathique album qui ne réinvente pas le death metal, n'apporte pas grand-chose de neuf, se contente juste d'appliquer des bonnes vieilles recettes mais il le fait très bien et c'est là le principal.


Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 10611