CARINOU - Bound (Code666/Aural Music/Season OF Mist) - 31/05/2004 @ 10h14
Passons sur les conjectures quant à l’origine de ce patronyme biscornu. Carinou est le petit cadet du Suédois Frederik Söderlund, connu pour son travail solo avec Parnassus (black metal symphonique), et encore plus connu pour son rôle d’orchestrateur au sein de Puissance (ambient symphonique). Donc pas trop connu en fait. Ce que ne viendra pas bouleverser cet album qui, je me permets de m’avancer, ne se vendra pas comme des petits pains. D’abord parce que c’est du Code666, une maison honteusement ignorée des média décisionnaires et (relation de cause à effet) de la vox populi. Ensuite parce que c’est l’album le plus fade du catalogue Code666, leur tout premier vrai coup dans l’eau – et finalement une petite piqûre dans les fesses pas si malvenue que ça pour que les fans, par ailleurs généreusement choyés par le label milanais, prennent la pleine mesure du vent de fraîcheur qu’il a fait souffler sur la scène ces cinq dernières années…
Ce que Carinou décrit comme du Negative Metal se synthétise par une sorte de sympho-rock à l’ambiance recluse mêlé, pour les morceaux les plus mobiles, à un substitut un poil prétentieux des derniers travaux de Samael (1999 quand même…) dans la combinaison de l’electro, du metal martial et de la mélodie typée dance-floors – cf. « Vivid », « Trust » et surtout « Whore » qui, dès son ouverture astrale, enclenche un flashback vers « Eternal ». « Whore » qui, à travers son refrain violemment accrocheur et inflexiblement cadencé, se détache de plusieurs têtes du peloton. En faisant preuve de bienveillance on veut bien reconnaître au banal mais efficace « Vivid » des allures de single désigné, et aux dépassionnés « Alone » et « Carinou », chantés juste, des vertus mélancoliques sincères. Le reste du CD appartient à l’anecdote. Une composition en pilotage automatique sans audace, des mélodies de passage, des enchaînements sans axe conséquent culminant dans des chutes finales bâclées, des effets de synthés hors du coup et trop insistants… Une production de luxe ne fait que mettre en lumière le fait que la musique de Carinou, beaucoup trop souvent, s’arrête à un concept, certes intéressant, mais que les intéressés ont négligé de concrétiser en synopsis probant. Pour ce faire il eut fallu se sortir les doigts de la raie pour jeter le réchauffé et concocter du neuf à la place. On attend...
On notera le mimétisme ponctuel entre le chanteur et Billy Corgan des Smashing Pumpkins, surtout sur les passages où il essaye, parfois outrageusement, de vinaigrer ses vocaux. On pourrait apprécier, mais globalement leur positionnement forcé au premier plan irrite, alors que par opposition, des vocaux tout aussi atypiques font des merveilles sur la musique richement désaxée d’un Manes. En parallèle, force est de constater que les lignes vocales d’un titre à l’autre affichent une consanguinité qui ne joue pas en faveur de la diversité de l’album.
Enfin, Carinou ne se feront pas que des amis avec les accents pop plutôt saillants qui marquent certains refrains, ou encore avec un usage immodéré des beats trafiqués en boucle.
Livret à lui-même, le bel artwork au message verrouillé et aux tons de velours permet d’entrevoir la profondeur et la noblesse auxquelles la musique aurait prétendu et qu’elle n’effleure que trop rarement.
A la décharge du groupe et à ma charge, il faut bien préciser que je ne suis pas exactement la bonne personne pour apprécier pleinement ce genre de musique si tant est qu’elle ne crève pas un certain palier niveau qualité et/ou caractère. Les deux critères étant bien loin d’être remplis, peut-être qu’un garçon comme Loufi, du haut de sa stature pandoresque et de sa culture encyclopédique dans le domaine des musiques faciles, se fera un devoir de matraquer un petit rectificatif de son cru en appendice. Söderlund ferait bien de se consacrer à Puissance dont la prochaine livraison commence doucement à se faire désirer. Quoi que, s’il envisage d’y insuffler la même dynamique qu’à Carinou, il ferait peut-être mieux de se consacrer au club du troisième âge de son quartier.


Rédigé par : Uriel | 6,5/20 | Nb de lectures : 8038




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Commentaire
Loufi
Membre enregistré
Posté le: 31/05/2004 à 11h23 - (8909)
Le "spécialiste des musiques faciles" que je suis ne viendra pas à l'encontre du kronikeur sur la globalité de sa critique mais apporte quand même un petit bémol quand à l'intérêt général du disque. C'est quand même loin d'être mauvais et, malgré les vocaux pas folichons, l'amateur de goth-rock un peu expérimental peut être intéressé par ce disque étrange.

Uriel
Invité
Posté le: 31/05/2004 à 13h00 - (8911)
Donc nous sommes d'accord. Pfff... Les temps changent ;-)

Giny
Membre enregistré
Posté le: 26/03/2005 à 18h15 - (14434)
6.5 ? Ouch qu'il est dur ce petit ...

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