En plus de noms souvent débiles (Caskets Open, The Wandering Midget, etc.), qu’ont d’autres en commun les quelques groupes de ‘trve’ doom finlandais qui commencent à déferler sur notre misérable planète depuis environ un an ? Tous espèrent récupérer le trône à peine lâché par un Reverend Bizarre parti se jeter par-dessus la falaise après douze ans de souffrance. Bien sûr, chacun y va de sa petite subtilité mais globalement, ces adeptes de la ‘positive attitude’ si chère à notre ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, ont adopté le bon vieux format du power-trio et ressorti leurs vieux vinyls poussiéreux de la NWOBHM tout en se lançant dans de bons gros pavés épiques sans vraiment se soucier si le pauvre auditeur sans défense le suivra. Le problème est que certains d’entre eux semblent un peu trop pressés de se jeter dans le vide eux aussi, quitte à ne pas laisser le temps à ses propres petits nuages noirs de bien se former au-dessus de sa tête. Tel semble être d’ailleurs le cas de Cardinals Jolly, power-trio d’Helsinki formé l’année dernière sur les cendres d’un The Coven qui déjà tapait dans un style très traditionnel tout en se fendant, live, d’une reprise de Reverend Bizarre justement, « Cromwell ». Un choix des plus révélateur car offrant pratiquement clef en main le canevas sur lequel Cardinals Jolly a basé la grosse majorité de son répertoire. C’est-à-dire quelque chose à cheval entre la frange la plus lourde de la NWOBHM (Witchfinder General, Pagan Altar) et un doom traditionnel plus proche finalement d’un heavy-metal au ralenti qu’autre chose. Sauf qu’ils ne sont pas tombés exactement dans la potion magique ces petits…

C’est surtout le chant du bassiste Michaël Karnstein, dont la voix de bariton rappelle un peu les interventions vocales non-hurlée de Thomas ‘Devil Lee Rot’ Karlsson sur les deux premiers albums de Tristitia, qui focalisera les critiques. Très (trop ?) cérémonieuse et guindée, sa voix manque de variété et d’émotion et se faisant, limite le champ d’action du groupe. D’ailleurs, sur des titres les plus crossover entre doom et heavy comme « The Right Hand Of Doom », la sauce ne prend que difficilement. Par contre, lorsque Cardinals Folly se focalise strictement sur un tempo bien pachydermique et ses vibrations les plus négatives, bref lorsque ces Finlandais se la jouent 100% ‘true’ doom comme sur « Uncharted Seas » et avec la petite accélération qu’il faut à mi-parcours, ils gagnent d’un seul coup plusieurs étoiles au Guide Michelin.

Réalisée en octobre 2007, cette première session d’enregistrement du groupe est donc aujourd’hui disponible en digipack sous le titre ‘Heretic Hangover’, avec trois titres plus une intro pour une durée totale de quand même trente-quatre minutes et une pochette des plus, mmmh, ‘discutables’ (quelqu’un me murmure ‘moche’ dans mon oreillette) en cadeau Bonux. Pour info, sachez que depuis le groupe a gravé une seconde démo trois titres au printemps dernier et cherche un label pour sortir de façon officielle ces deux enregistrements sur le même CD. Alors même si le Reverend peut encore dormir sur ses deux oreilles dans son cercueil matelassée, le nouveau titre posté récemment sur leur page myspace laisse déjà entrevoir une certaine progression vers quelque chose de plus puissant et de plus majestueux. Enfin moi je dis ça, je ne dis rien…


Rédigé par : Olivier ‘Zoltar’ Badin | 3/5 | Nb de lectures : 10526