Je vous préviens d’entrée les aminches : fini les débats à la con entre les pro et les anti-Messiah Marcolin. Déjà parce que je peux vous garantir de source sûre (Leif Edling lui-même pour être sincère) qu’il ne remettra jamais sa bure de moine, en tous cas pas au sein de CANDLEMASS. Et ensuite tout simplement parce que Robert Lowe EST désormais le chanteur de CANDLEMASS, point à la ligne. Certes, on a peut-être perdu en concert son côté un peu ‘fête de la bière’, ses démonstrations comiques de ‘doom dance’ et globalement une ambiance plus conviviale et gagné à sa place à un type qui en fait des tonnes, qui porte la moustache comme en 1983 et qui donne l’impression furieuse de retrouver Gérard Jugnot période ‘Pinot Simple Flic’. Sauf que Lowe est tout simplement outre-Atlantique, avec Warrel Dane de NEVERMORE et James Rivera d’HELSTAR et VICIOUS RUMOURS, le meilleur chanteur actif de heavy-metal toutes catégories. Ses possibilités, son falsetto impeccable et sa capacité de passer de la douceur la plus subtile et à la déclaration de guerre tonitruante ont tout simplement décuplé la puissance émotionnelle de CANDLEMASS. D’ailleurs si hier, le groupe incitait à boire beaucoup trop de bières et à s’amuser, aujourd’hui, il donne envie de pleurer et de s’immoler par le feu. Bref, plus que jamais, CANDLEMASS est LE doom. Et après un ‘King of the Grey Island’ de transition, ‘Death Magic Doom’ est l’image du triptyque qui lui sert de titre : simple, imparable et conquérant.

Inutile d’y aller par quatre chemins : on tient là le meilleur album du groupe depuis ‘Ancient Dreams’ en 1988. Le titre « Hammer of Doom », ce qui devait initialement être le titre de ce dixième album, à lui seul en fait un monument érigé à la gloire du RIFF. Pourtant, la formule en soi n’a pas changé : Leif Edling, qui reste le compositeur exclusif du groupe, y prouve maintes fois qu’il ne s’est toujours pas débarrassé de sa fixette sur BLACK SABBATH. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de l’entendre en interview comparer ce disque à ‘Mob Rules’, le deuxième album que la bande de Tony Iommi avait gravé avec Ronnie James Dio en 1981, tout comme il est difficile de ne pas voir un lointain d’écho de « Neon Knights » dans le morceau d’ouverture de l’album au tempo sautillant, « If I Ever Die ». Sauf qu’avec Lowe comme pilote, il peut désormais se permettre ouvertement le genre de petits affinages déjà tentés, avec plus ou moins de réussite, sur les albums méconnus qu’étaient ‘Chapter VI’ (1992) ou ‘From the 13th Sun’ (1999), comme par hasard déjà des albums à l’époque réalisés sans Messiah Marcolin. « The Bleeding Baroness » par exemple se permet quelques touches progressives 70’s, ou la touche très mélodique de « Dead Angel » avec son refrain chanté par le chanteur de KRUX et grand ami d’Edling, Mats Levén. Reste que ce sont bien sur les morceaux les plus pesants (« Hammer of Doom » encore, « House of Thousnd Voices ») que la grande voile est déployée à fond et que ce beau navire se met alors à franchir les flots avec majesté.

Deux confessions s’imposent : primo, je suis fan invétéré de ces doomsters et donc, par définition, pas forcément ultra-objectif. Deuxio, vu que CANDLEMASS n’a jamais été et ne sera jamais un groupe aimant bousculer ses petites habitudes, on peut difficilement dire que ‘Death, Magic, Doom’ prennent d’énormes risques. Sauf que l’intérêt n’est pas là et au final, cet album monstrueux réussit là où ‘Candlemass’ et ‘King of the Grey Islands’ avaient échoué à quelques encablures près… D’abord en prouvant que le groupe n’est pas revenu d’entre les morts pour se contenter de ressasser son passé. Mais surtout, ‘Death, Magic, Doom’ confirme que la page Messiah Marcolin, que l’on aurait difficilement vu chanter certains de ces titres, est bel et bien tournée. Et que CANDLEMASS ne s’en porte que d’autant mieux, n’en déplaise à certains.

Ah oui, et puis au passage, si "Hammer of Doom" n'est pas unanimement sacrée chanson doom de l'année, je veux bien revendre pour 1 euro symbolique l'intégrale de ma collection STRIBORG à Prince de Lu qui n'attend que ça...


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 17,5/20 | Nb de lectures : 14289