« Force ou faiblesse de l’âge, là n’est pas la question ; toujours est-il qu’on a de moins en moins de scrupules à causer aux sourds avec les poings. » Voilà, je pense que je pourrais largement me contenter de cette phrase extraite des paroles de « Blut » et ajouter ma note en guise de chronique. Ca serait parfait et je ne pourrais, même en 10 pages, mieux exprimer ce qu’est la musique de CALVAIIRE.

CALVAIIRE ressemblent à un menu best of de la scène lavalloise et des environs. Birds In Row, As We Draw, Puzzle ils sont tous là, chapeauté par Throatruiner Records (que je m’efforcerais, cette fois, d’écrire sans fautes). On est donc face à un condensé des qualités de ce qu’offre cette scène : de la violence, de la saleté, du nihilisme et du vomi sonore en guise de chant. « Rigorisme » crache 4 titres pour à peine 10 minutes. Et pas besoin de plus, la messe est déjà dite à la fin de « Gratitude », le morceau d’ouverture. Moins de deux minutes de black’n’roll core et on se retrouve les oreilles en sang, l’échine trempée, le froc souillé et le chibre érigé. Ca fait mal mais on en redemande. Alors on s’inflige « Alzheimer », un titre moins direct plus ambiancé, plus vicelard aussi à l’image de ce petit riff d’introduction précédant une montée en puissance dantesque et une entrée de chant que Satan lui-même ne renierais pas. Ces deux seuls titres démontrent la force de feu et sa capacité à alterner ambiance, crasse et brutalité primale, presque animale même. Le groupe emprunte les même trottoirs souillés que Converge version crust, Kicback version province ou I Pilot Daemon qui aurait bouffé Darkthrone. Sans bien sûr oublier les influences amenés par les groupes respectifs des membres de CALVAIIRE.

Dans un speed dating le groupe serait du genre à déballer tout le matos sur la table dès la première rencontre, histoire que les choses soient claires dès le début et de montrer là où on veut en venir. La poésie et les bonnes manières c’est pour les cons, pour les faibles, pour les costumes trois pièces. CALVAIIRE, lui, débarque avec sa prod baveuse, dégoulinante et bordélique mais tellement vivante, tellement vraie. Un son qui amène le groupe directement dans ton salon. Une prod qui pue la haine et la violence. Aux chiottes le gros son surporduit et les infrabasses, ici on parle avant tout de vibes, de feeling, de sensations, d’atmosphères et de violence, car c’est là qu’est l’essence du groupe. Prendre aux tripes, serrer la gorge et cracher ses boyaux tel l’homme crapaud qui officie au chant et qui bave ses lyrics désenchantés à la face de celui qui osera l’écouter. En bon salopards qu’ils sont, les mecs gardent le meilleur pour la fin. Le meilleur c’est « Blut ». Un morceau de hardcore collant, noir et torturé qui rappelle les morceaux les plus rapides et punk de Rise And Fall. Ca bastonne, ça groove, ça swingue mais toujours avec cette noirceur qui leur colle au basques. « Fallait prévenir que l’opulence ne durerait pas, on se serait bâfrer à en gerber. » Foutez-vous-en plein la panse parce que neuf minutes c’est court.


Rédigé par : Seb On Fire | 8,5/10 | Nb de lectures : 12834