Fort de trois démos unanimement accueillies, qui leur ont permis de se faire une excellente réputation, les Nancéens de Caldera sont enfin de retour avec leur premier album. Trois ans d'un long silence, depuis "Holy Word To Unholy Species", qui leur a permis de façonner leur musique pour un rendu au combien étonnant.
Car si leur Stoner Rock ratissait large, ce "Mist Through Your Consciousness" risque d'en étonner plus d'un, moi y compris. Fini le Stoner, Caldera joue maintenant du "Instrumental Post Doom Metal with negative riffing" dixit le groupe lui-même!!! J'en vois déjà se poser des questions au sujet de cette nouvelle étiquette et sur l'évolution musicale.

Déjà les premières écoutes sont surprenantes, je n'en ai pas retenu grand-chose si ce n'est l'atmosphère principale qui s'en dégage. Pour être honnête, j'ai trouvé cet album assez chiant, mais il y a quelque chose de fascinant qui m'a donné une irrémédiable envie d'y revenir tous les jours, jusqu'à avoir le déclic et changer complètement d'avis. Car cet album ne s'apprivoise certainement pas en une dizaine d'écoute...
Ne cherchez pas du Doom, il n'y en a point ici, juste une musique instrumentale d'une pureté absolue. Je m'avancerai juste à faire une petite comparaison avec les Suisses de Impure Wilhelmia, mais en moins virulent et plus posé.
L'album débute avec "Coast Redwood" et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est très varié : de volumineux riffs, une partie avec de la guitare acoustique ou bien encore des harmonies sur la fin du morceau.
Je parlais de "negative riffing", l'intro de "Juniper" ne fait que confirmer cela malgré les quelques mélodies qui viennent se greffer ici et là, qui plombent aussi l'ambiance. Par contre l'excellent solo est un vrai appel à l'évasion et laisse entrevoir un peu de lumière. Mais c'est de courte durée car "Wollemia", développe une nouvelle fois un univers froid et étrange, d'ailleurs un nouveau solo assez mélancolique fait son apparition.
"F.I.R." continue dans ce sens avec un côté plus dynamique et toujours ses riffs mammouths, couplés à des harmonies du plus belles effets.
Et c'est à partir de ce moment-là, que pour moi, l'album se divise en deux parties quand arrive "White Pine". La musique devient plus posée, se développe petit à petit et un excellent passage (d'environ 2 minutes) à la Earth nous hypnotise complètement avant que le ton ne se durcisse considérablement et casse cette tranquillité qui était bienvenue.
"Alerce" est sans aucun doute le titre le plus vif avec des riffs rentre-dedans et avec un batteur qui assure avec une frappe lourde.
A noter un gros travail d'arrangements, tous les morceaux sont d’une fluidité déconcertante.

Les deux derniers titres sont sans aucun doute ceux que je préfère : la musique devient plus intense et organique, et Caldera atteint en quelque sorte le summum de leur style. L'ambiance est encore plus extrême, avec "Larch" on passe par toutes les émotions en seulement 5 minutes. L'apaisement avec l'intro, le désespoir avec ses riffs menaçants ou encore la joie et ce passage harmonisé (dans le genre Mastodon) qui arrive d'un seul coup avec surprise.
On termine en beauté, avec un "Dawn Redwood" aux riffs imposants, accompagnés d'une rythmique au combien pachydermique et où l'ambiance est au recueillement. Un moment de contemplation dans la lignée de Capricrons, magnifique.
Un mot vite fait sur le son très naturel qui est juste gigantesque (gros travail de ce côté) et sur l'artwork énigmatique qui renforce l'aspect de malaise.

Au final, il est quand même bien difficile de rendre honneur à cette oeuvre, qui nous fait passer pour un grand nombre d'émotions dues à cette ambiance (l'élément central de l'album) dérangeante d'une extrême froideur qui fait régner un sentiment de malaise. Cet album se vit, se ressent au plus profond de vous-même tout simplement et se dévoile aux fils des écoutes.


Rédigé par : Arnaud | 17/20 | Nb de lectures : 14413