Le groupe strasbourgeois Calciferum a récemment sorti son premier MCD. Si je ne me remets toujours pas de leur patronyme à consonance sous-vestimentaire, il faut reconnaître que l'évolution musicale est notable depuis la démo Ancestor's History. Je me suis fait un reset mental de la précédente production pour apprécier au mieux celle-ci, tellement l'écart est considérable. Je précise que la thématique pagan que peut faire miroiter le titre du mini sera trompeuse pour les amateurs de metal à sandales. Ici, le propos est différent et on rentre dans le lard à défaut de le manger à un banquet. A la différence de la démo précédente, l'offensive est cette fois clairement portée sur le terrain du death. Les éléments black de leur black/death affiché sont désormais plus épars pour céder la place à une efficacité rythmique notable.

Avec une production qui sonne comme un bon live, le groupe a opéré un excellent choix, plus roots et plus rentre-dedans. Si l'ensemble sonne moins précis qu'un enregistrement de death moderne, le combo avance comme un seul homme, déminant à coups de rangers tout le champ de bataille au fil des titres. Les titres ont également l'avantage d'enchaîner les riffs naturellement et on se laisse porter par un blast ou une mélodie avec sérénité. J'ai plutôt bien accroché aux sept compos proposées (plus une outro), l'éloignement du giron black donnant à cet album une fraîcheur bienvenue pour mes esgourdes.

Il reste quelques petits défauts qui font bien sentir que Calciferum n'a pas encore eu les conseils d'un producteur comme Daniel Bergstrand (il n'était pas libre, on lui a laissé un message). Le mixage a laissé filer les leads latéralisés de "Madness Requiem" qui, s'ils semblent un choix sympa de prime abord, pètent aux oreilles au casque et lassent un peu avec les écoutes répétées. L'effet n'est toutefois pas rédhibitoire sur une chaîne hifi (ou des enceintes de PC, pour ceux qui ne savent plus à quoi ressemblent une chaîne hifi). On peut aussi noter quelques légères imperfections de jeu, comme le blast un peu poussif en partie centrale du plus atmosphérique "The Oath". Et Calciferum ne propose pas toujours des riffs à tomber par terre, reproche qu'on peut faire à grand nombre de formations.

Mais dans l'ensemble, cette autoproduction tient largement ses promesses, et c'est franchement agréable. Au bilan, une bien bonne surprise que ce mini. A défaut d'être une sortie qui marquera les mémoires, principalement par manque de riffs dantesques, Dirge of Gjallarhorn remplit son office de munitions lourdes pour l'assaut. La production adoptée laisse aisément imaginer l'efficacité du groupe en concerts. Etant donné que cette sortie donne envie de les voir sur les planches, on peut dire que le pari est gagné.


Rédigé par : Prince de Lu | 6,5/10 | Nb de lectures : 11114