Voilà ce qui se passe lorsqu’on abuse de substances prohibées. A trop fumer la moquette on se retrouve musicien dans un groupe comme CAER IBORMEITH. Non content de porter un nom à coucher dehors, emprunté à une déesse du sommeil, ce trio de sympathiques savoyards a dû souffrir d’une isolation trop prolongée dans le secret d’un profond lapiaz. N’ayant pu se résoudre à faire un choix entre plusieurs courants musicaux tels, le death métal, le progressif, la pop des 70’s et diverses influences tribales et folkloriques, CAER IBORMEITH a tout simplement choisi de mélanger tout ça dans un chaudron hétéroclite, pour nous amener à la présente démo six titres. Inutile de préciser que le résultat final est des plus déroutants et qu’une écoute ne suffit pas pour s’imprégner du style pratiqué ici. Dans l’univers de CAER IBORMEITH, les frontières des genres se sont effondrées pour laisser un vaste territoire inconnu que le groupe a entrepris d’explorer, voire même de revendiquer. On passe, de plages planantes à la PINK FLOYD, à des parties death/thrash atmosphériques pas toujours finement amenées, ou encore à des rythmiques tribales orientales renforcées au synthé. Comme on pourrait s’y attendre avec ce genre de groupe, la durée des titres est souvent assez longue et dépasse même la dizaine de minutes dans la plupart des cas. Pendant ces laps de temps, les costumes que CAER IBORMEITH endosse sont multiples et interchangeables dans cet univers qui ne répond à aucune règle définie. J’ignore si le groupe affichait une réelle ambition ou oeuvrait dans le délire le plus total mais, toujours est-il que leur style et, par la même cette démo propose une alternative musicale encore inédite à ce jour. Il y a du bon, voire même du très bon dans ces passages planants où se pose une voix atone délicate comme un pétale, dans ces tentatives d’imitation d’orgue Hammond, cher à ce bon vieux Jon Lord, ou encore dans ces sons de basse typiquement 70’s présents sur l’intéressant « PIA » (également sur la compilation ALGOBLAST). Mais comme toute médaille a son revers, passons tout de suite à ce qui pèche un peu dans cette démo. Tout d’abord, les transitions entre les genres, et surtout celles qui passent du prog au death, manquent cruellement d’arrangements. On passe souvent du coq à l’âne sans subtilité et cela dévalorise la cohérence des morceaux. Le son est plutôt bon, tant qu’on reste dans les douces mélopées envoûtantes, mais devient assez abject dès qu’on passe aux passages plus couillus. Le rendu de la caisse claire est digne d’une planche de contreplaqué frappée à coup de marteau. Inutile de dire qu’avec un son à la OPETH (vous noterez, au passage, le choix nullement hasardeux de cet exemple), le rendu serait radicalement différent
Enfin, et pour terminer la liste de mes griefs, le chant est parfois limite comme sur « Desnuda ». L’une des voix est même à la limite de chanter faux sur une paire de passages (« Staranova ») qui ne méritaient vraiment pas ce traitement. Pour finir, les growls très gutturaux, tels qu’ils sont pratiqués ici, sont presque déplacés dans ce monde musical nuancé tout en finesse. C’est vrai que cela représente pas mal de points à améliorer et que le challenge est de taille. Il fallait bien qu’ils s’y attendent, le style de CAER IBORMEITH est si prometteur qu’il ne saurait se parer de médiocrité sous peine de finir dans l’impasse de l’amateurisme, louable certes, mais ô combien frustrant.
AU BOULOT !!!


Rédigé par : Tonton | 3/5 | Nb de lectures : 10646