BURIED AT SEA – Ghost (Neurot Recordings) - 11/01/2008 @ 09h11
Neurot Recordings, le label fondé par les membres de Neurosis/Tribes Of Neurot n’a de cesse de porter à nos oreilles des disques plus intéressants les uns que les autres, bien souvent dans une veine plutôt expérimentale mais toujours dans un esprit « rock » et assimilé… En effet, le spectre est large entre les digressions bruitistes de Tribes Of Neurot et l’agression post-metal apocalyptique de Neurosis, mais il témoigne de l’ouverture d’esprit de cette structure, entièrement dévouée au « son » dans son sens le plus large et le plus noble du terme.

Pour résumer, chaque nouvelle sortie a de grandes chances de revêtir un intérêt particulier pour tout auditeur ouvert et friand d’« esthétique sonore » (terme pompeux qui à défaut de signifier réellement quelque chose donne une idée du certain état d’esprit « arty » nécessaire pour appréhender certaines des sorties du label de San Francisco). Le disque qui nous intéresse ici, est le nouvel album de Buried At Sea, quatuor chicagoan dit d’obédience « doom » ou « sludge » pour simplifier, et se présente sous la forme d’une plage unique de presque une demi-heure, particularité qui donne un élément d’explication au pourquoi de sa sortie sur Neurot.

« Ghost », c’est le nom de cet album, est en fait le regroupement de plusieurs sessions réalisées en 2005 et 2006, alors que le groupe avait officiellement splitté en 2004. Ces enregistrements sont produits par le chanteur et guitariste du groupe, Sanford Parker, producteur de renom pour Buzzov-en, Pelican, Rwake, Planes Mistaken for Stars, Lair Of The Minotaur, Unearthly Trance ou encore Minsk, groupe dans lequel il officie aussi au poste de bassiste-chanteur… on a donc affaire à du lourd, voire très lourd, tant le son de Buried At Sea flirte avec le drone metal cher à Sunno))) et Earth pour ne citer que les plus hype représentants du style. Si le groupe revendique des influences évidentes telles que His Hero Is Gone, Neurosis ou Eyehategod, elles ne sont pas exclusives et s’étendent à des groupes comme Skinny Puppy, Swans ou Whitehouse, ici traduites par l’utilisation d’éléments électroniques, de samples et de synthés plus ou moins appuyés tout au long des 4 mouvements principaux qui composent « Ghost ». Parker l’explique lui-même : Buried At Sea n’a (avait ?) pas pour vocation d’être spécifiquement « doom », ou « sludge »… non, car la préoccupation première du groupe, au-delà de toute contingence stylistique, est plutôt d’essayer de créer la musique la plus lourde qu’il lui soit possible de jouer.

Renseignements pris, « Ghost » réunit en fait les derniers morceaux que le quatuor jouait sur scène lors de sa tournée d’adieu, refondus en une seule et même plage mélangeant doom, post-hardcore, drone et ambient noise, et il est frappant de constater à quel point le nom du groupe correspond à sa musique. Il se dégage en effet de ce disque l’impression d’une masse immense à la fois inerte et soumise à des mouvements incessants, sujette à quelques rares moments à des déflagrations de violence telluriques dignes de la tempête du siècle (on a les références qu’on peut en terme de catastrophes marines naturelles). Essentiellement instrumental, le « morceau » débute par des battements sourds à peine perceptibles et se développe peu à peu vers la transe, pour finalement parvenir à une première explosion, avec l’arrivée impressionnante des voix au cours de la treizième minute qui rappelle immédiatement Neurosis, tout comme le riff qui suivra. La violence retombe ensuite, avec un interlude ambient-noise qui introduit la suite, une lente montée en puissance, cette fois soutenue par des nappes de textures sonores plus présentes qu’auparavant mais de plus en plus réminiscentes de qui vous savez, la batterie se permettant des incartades franches et ne se contentant plus d’accompagner le cheminement des autres instruments. Le morceau finit par se densifier, et les voix réapparaissant au cours des deux dernières minutes pour un final du plus bel effet.

Un bon disque donc, qui évite aux dernières compos de Buried At Sea de sombrer dans l’oubli et qui plaira sans nul doute aux amateurs du genre, d’autant plus qu’il est extrêmement bien produit et agrémenté d’un artwork de toute beauté rappelant les thématiques chères à une certaine « élite post-metal » : grimmrobes et tempête de neige.


Rédigé par : Nicosata | 14.5/20 | Nb de lectures : 10930




Auteur
Commentaire
pearly
Membre enregistré
Posté le: 11/01/2008 à 11h23 - (51366)
mouaip, tout bien fait, tout maîtrisé, mais tout déjà vu.
et puis 30 min, ça n''explore aucune facette de leur son à l'extrême.

Sinon, différent de Migrations. Fini le sale/agressif/abrasif, place à un truc qui file droit, plus post-HxC, bien agencé, surtout pour des titres à l'origine différents unifiés pour l'occasion, immersion plutôt assurée, mais musique carrément commune.
Moyen quoi, cela dit, si ce groupe décidait de contoinuer l'aventure, ça laisse entrevboir de belles chsoes.
Maintenant, 2 albums en 4 ans, annonçant à chaque fois la fin du groupe, je crois bien que le but n'est pas d'évoluer... :)



MoiZ
IP:81.255.72.145
Invité
Posté le: 11/01/2008 à 11h50 - (51369)
Décevant ,cet album est décevant.
L'histoire de Buried At Sea, c'ets un peu ça:
- On commence avec une demo bien crado, doom sludge qui sent bon le caniveau avec siouplait une reprise de White Nigger de EyeHateGod avec Mr Kevin Sharp au chant
- On poursuit avec l'album qui reprend pas mal des morceaux de la demo... mais retravaillés, avec plus de fioritures, on commence à éliminer les côtés crado...
- Et on poursuit avec cet album sorit cette année... De sludge, il ne reste rien, absolument rien. La crasse s'est envolé, le côté doom se fait très lointain et on tombe dans du post hardcore évoquant des paysages à la fois fantômatique, infinies et claustrophobes. Ambiance de rage contenue jusqu'à ce qu'au minute 15 et 30, on ait droit à du vrai riff qui pète sa mère, à tel point que tout le reste de l'album semble parfaitement inutile, 26 minutes d'intro pour 4 minutes de vrai morceau.

En ce qui me concerne, l'aventure Buried At Sea s'arrête là, le groupe est devenu de moins en moins intéressant, est passé du doom sludge au post hardcore. Détestant cordialement le post hardcore et tous ses avatars (excepté les premiers isis je l'avoue), ça m'a fait vraiment mal au cul d'entendre là où ils en sont arrivés.

en fait, je suis d'accord avec Pearly et pour pousser plus loin sa pensée, cet album est inutile!

Bernard
Membre enregistré
Posté le: 11/01/2008 à 13h38 - (51379)
Et à quoi bon continuer dans cette (nouvelle) voie vu qu'on a déjà Minsk?

Crusto
Membre enregistré
Posté le: 11/01/2008 à 21h05 - (51401)
Migration était quand même excellent! Dommage...

Zepekegno
Membre enregistré
Posté le: 11/01/2008 à 22h16 - (51403)
Grosse déception, aprés un Migration qui équivalait à un trip dans le Nautilus sous LSD, on se retrouve avec un produit bien banal; pas mauvais, mais qui va prendre la poussière le temps de dire "Minsk"!



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