J'ai découvert ce groupe par l'intermédiaire de sa démo 'For All Our Drinkin Beer Friendz' sortie il y a bien 2 ans et j'avais plutôt apprécié la touche old-school et l'esprit positif de son HC tout de même musclé. En épluchant un peu leur bio, je me suis rendu compte que les 4 gusses nous distillent depuis bientôt 8 ans déjà leur Cirières Hardcore, un coin de France où ils doivent remplir plus facilement les salles de fêtes que Frank Michael, et c'est pas donné à tout le monde ! Le fait qu'Eternalis s'occupe de la distribution de ce 'Still Drunk' (on peut noter la cohérence des noms pour leurs albums, pas de doute, ils sont sûrement straight-edge ) ne fait que renforcer mes a priori positifs, vu la qualité des autres sorties du label toulousain cette année (Sequoia, Stubborn, First Failure).

La première constatation qui vient suite aux écoutes initiales concerne la production: c'est du 100% DIY et ça rebutera donc du monde, notamment la 'jeune' génération qui ne semble jurer que par un son énorme et sans faille. Pour ma part, cela n'a jamais constitué un critère majeur en matière de punk ou de HC, je vois même tout ceci d'un oeil bienveillant, l'esprit underground ne transpirant jamais autant que lorsqu'on sent combien les zikos ont trimé. Ce disque nous replonge ainsi dans le HC français des 90s à l'époque des Stormcore and co: la musique des 4 Deux-Sévriens se veut pêchue et rentre-dedans, misant sur le groove et l'énergie plutôt que la technique ou la recherche de riffs tordus.
Certains pourront avancer que tout a déjà été joué et entendu cent fois et on ne pourra rien leur rétorquer: non, Bunkum n'est pas original et à vrai dire, ils doivent bien s'en foutre. Un autre reproche qui leur sera fait est aussi la grande répétitivité des morceaux, mais on parle ici de HC tough-guy certes, mais old-school ! On pourra aussi se moquer gentiment de l'accent anglais de Max le chanteur, de quelques plans mal maîtrisés, qu'ils ont succombé à la mode un peu facile des samples tirés de films cultes ('Il était une fois le Bronx' notamment)...Bon, les Poitevins n'ont sûrement pas eu l'ambition de sortir l'album de HC ultime et ont fait avec les moyens du bord.
Et le principal reste qu'ils s'assument complètement et qu'ils savent très bien pourquoi ils jouent: pour prendre du plaisir et en donner lors des concerts, faire l'amour à son public quoi, ce qui s'entend parfaitement sur les 3 titres live de la fin de l'album. Un autre 'détail' qui m'empêche de dénigrer cette oeuvre vient des paroles: elles abordent des thèmes sociaux et politiques allant du rejet de la société de consommation ('Born, buy, die') aux dégâts du libéralisme dans les milieux ouvriers ('No chance') en passant par la condamnation d'actes inhumains comme la pédophilie ('The monster'). On sent ici des influences street-punk/oï évidentes, ce qui nous change des sujets des gros durs classiques ('my crew', 'we destroy you' et tout l'arsenal poétique qui va avec) ou des clichés straight-edge ne revendiquant rien d'autre que des choix personnels. Bon, y a aussi des titres plus légers et couillons écrits dans un esprit positif, mais l'essence même du punk et du hardcore étant de revendiquer un minimum, de montrer que le monde ne tourne pas autour de sa petite personne, l'impression globale laissée par 'Still Drunk' rejoint donc les a priori que j'avais avant d'engloutir la galette de silice dans la platine.

Voilà, Bunkum nous sert là un album qui n'a pour d'autre ambition que de satisfaire les aficionados de HC à l'ancienne, les fans invétérés de Sick Of It All ou Cro-Mags, mais aussi les nostalgiques du HC français de la seconde moitié des années 90 et tout simplement ceux qui aiment les hymnes aux refrains (parfois profonds) à hurler en attrapant le micro à la barbe des autres moshers entassés sur le chanteur. Formule éculée, certes, mais rafraîchissante !


Rédigé par : Candiria-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 12910