« Jamais deux sans trois », comme on dit. Après ???? (FOUR QUESTION MARKS) et SWIM IN STYX, voilà BULWERIA BIFAX. Vous l’aurez compris immédiatement, on parle ici des clones français de MESHUGGAH. Le nouveau venu nous vient du Midi-Pyrénées et a été formé en 2009 par 3 ex-membres de AYGGHON. Après une simple démo 4 titres, le groupe sort déjà son premier album longue durée intitulé One Day On Earth.

Brisons la glace et entrons tout de suite dans le vif du sujet. Tout comme ???? et SWIM IN STYX, BULWERIA BIFAX donne donc dans le copiage pur et simple du style polyrythmique et chaotique de MESHUGGAH. Tout y est : le chant à la Jens Kidman, le son des guitares syncopées, les choix de production et de mixage, le placement et les sonorités de batterie, les riffs lancinants, les ambiances apocalyptiques… la liste est longue et on a ici bien affaire à un clone.

Après tout, vu l’explosion de la scène Djent depuis quelques temps, faire du copiage de MESHUGGAH n’est plus vraiment un crime. Il est néanmoins toujours assez décevant de constater que certains groupes, malgré leur maîtrise technique, ne cherchent pas à amener leurs propres éléments au bouzin polyrythmique Meshuggesque (la majorité des groupes de Djent explorant plutôt des horizons atmosphériques à la TEXTURES). Il n’empêche que BULWERIA BIFAX est, tout comme les Bordelais de SWIM IN STYX ou encore les Mosellans de UNEVEN STRUCTURE (très prometteurs dans un style torturé à la Catch 33 en plus Djent), un exécutant tout à fait honorable. Si ???? se situait quelque part entre Chaosphere et Nothing, BULWERIA BIFAX tape plutôt entre Catch 33 et obZen.

Et il y a à boire et à manger dans One Day On Earth. Certains morceaux sont tout de même très efficaces. Prenons par exemple le très rapide et très convaincant techniquement "My Brother, Man…", les très entraînants "Follow the Rhythm" (qui porte bien son nom et envoie du bois avec un départ canon) et "Fondly Thinking of You" (qui clôt l’album avec une ambiance chaotique à souhait), ou encore le plus travaillé "Duality". Mais sur d’autres morceaux ça ne passe décidemment pas : "Getting Started" pique trop les ambiances lancinantes de Catch 33, "Temporary Pause" (malgré un final épique) et "Follow the Guide" sont trop longuets et ennuyeux, d’autres passages sont vraiment anecdotiques et souffrent trop du syndrôme du « déjà entendu chez MESHUGGAH ». Le groupe fait néanmoins quelques efforts pour tenter de sortir du lot, comme les ambiances plus recherchées de "Team Spirit" qui tranchent avec le reste du disque, ou encore le départ Techno-Thrashy inattendu de "Joy Money", ainsi que les solos assez différents de ce que nous propose habituellement Thordendal ("Follow the Rhythm"). Quelques défauts viennent tout de même noircir le tableau, comme un chant redondant à la longue (qui passe mieux si on est habitué aux râles de Kidman) et un son de batterie assez horripilant. L’album, comptant 11 titres plutôt courts (jamais beaucoup plus que 5 minutes), est assez linéaire et peu varié dans sa globalité, alors que SWIM IN STYX avait étoffé son propos avec des titres plus longs et des structures différentes.

Alors bon, il ne faut pas pour autant bouder son plaisir, le riffing polyrythmique est globalement excellent, la production est nickel chrome pour le style, et le groupe maîtrise le sujet (encore heureux) tout en laissant entrevoir quelques petits éléments nouveaux (lorgnant souvent du côté du Techno-Thrash). Mais les ambiances et la grande majorité du fond et de la forme font trop, beaucoup trop penser à MESHUGGAH dernière période et c’est agaçant. Les Suédois ont déjà exploré leur style à fond, d’autres groupes l’ont déjà copié avant que BULWERIA BIFAX ne naisse… donc il est difficile de voir l’intérêt de ce One Day On Earth, certes loin d’être mauvais, mais dur à décrire comme « bon » (et difficile à noter par la même occasion, du fait du rapport « Exécution au top / Zéro originalité »). A la limite, comme MESHUGGAH prend son temps entre les sorties d’album studio, BULWERIA BIFAX peut être une bonne alternative pour les impatients qui ne peuvent pas se rabattre sur la scène Djent (plus lumineuse et abrasive que sombre et chaotique). Alors les mecs, vous jouez très bien, votre album est bien, mais essayez de sonner un peu plus personnel et ça sera encore mieux !


Rédigé par : ZeSnake | 13.33/20 | Nb de lectures : 12997