J’avoue que le concept du DVD live m’a toujours un peu interloqué. En dehors du fait que contrairement à certains éminents membres de cette rédaction (des noms ! des noms !) je n’ai pas à ma disposition un système hi-fi imitant à la perfection le cri du Boeing 737 au petit matin, l’idée de me farcir un concert en charentaise dans mon canapé tout en gardant un œil sur ma dernière enchère EBAY en cours m’a toujours paru incongru… Un vrai, bon concert c’est du bruit, BEAUCOUP de bruit, de la bière chère et tiède, des mecs qui vous marchent tout le temps sur les pieds, des slammers qui n’arrêtent pas de slammer justement mais aussi une émotion brute, un truc si puissant et si, euh, totalitaire que cela vous retourne l’estomac et vous chope la tête avec ses pattes crochues, histoire de vous fixer les mirettes dans la bonne direction et de vous gueuler « hey mec, regarde-MOI ! ». Autant de sensations donc très difficiles à reproduire sur un support digital, surtout que ce n’est pas qu’une histoire de moyens (et les productions à la chaîne de METAL MIND illustrent très bien ce propos marxiste) mais plus d’intentions.

Le problème avec ‘For the Ugly and the Unwanted : This is Grindcore’ au titre certes très réussi est qu’il n’a ni l’un ni l’autre. Déjà, le programme principal est constitué par le concert de presque une heure donné par BRUTAL SCHTROUMPF en tête d’affiche du OBSCENE FESTIVAL en juillet 2007, ce qui veut dire qu’on n’y retrouve logiquement aucun titre de leur dernier album, ‘Evolution Through Revolution’, même pas encore composé à l’époque. Alors pas de problème, Kevin Sharp se frappe le front avec son micro dès les premiers accords de « Dementia » et Rich Hoaks commence son concours de grimaces improbables juste derrière (à quand un bonus uniquement dédié à cette discipline à part entière bordel ?!). Et surtout, chapeau aux quatre caméramen (le cinquième, couille molle, s’étant tranquillos posé à côté de la table de mixage, zone où il ne risquait pas trop de recevoir des slammers dans le coin de la gueule) qui n’ont eu peur de rien et qui sont allés au contact, offrant pour une fois un témoignage au cœur même de l’action. Sauf que la finition reste à désirer : le son est cru de chez cru, avec un étrange écho suggérant qu’il a été immortalisé à même les enceintes plutôt que directement branché sur la table de mix. On ne demandait pas du total Dolby Surround 5.1 mais quand même… Un choix ( ?!) qui certes correspond bien en fait à l’esprit ‘roots’ de BRUTAL TRUTH mais que l’on retrouve hélas sur le reste du DVD avec son absence totale de livret, de tracklisting (même dans les menus !) et ses bonus redondants.

Ce dernier point est d’ailleurs des plus mystérieux : l’idée d’offrir des bootlegs de concerts entiers tirés des archives personnelles du groupe, lorsque Gurn était encore à la guitare avec eux, était plutôt sympa, surtout que celui de Sydney ‘98 est ici en intégrale. Mais merde, pourquoi avoir alors choisi quatre (!) dates de la même période (1997/98) à la set-list donc quasi-identique (enfin, lorsque l’on réussit à distinguer quelque chose) plutôt que, mettons, au moins un document live de l’époque (bénie) de ‘Extreme Conditions’ ?! Mystère et boule de gomme les aminches. Alors OK, sur le concert de Houston ‘97 on peut admirer les dreadlocks de Hoaks et même entreapercevoir la petite culotte d’une fan visiblement avinée juste avant qu’elle slamme mais bon, avouez que l’argument est faiblard non?! A part pour les fétichistes de dreads et de petits culottes, s’entend...

Loin d’être ZE DVD définitif, voici donc plutôt un objet réservé seulement aux fans purs et durs de la Vérité Brutale et à ceux qui aiment manger leurs crottes de nez… Comment ça je donne l’impression de ne pas être franchement convaincu ???


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | DVD bien grind/ | Nb de lectures : 11450