Les années passent, de nouveaux courants musicaux surgissent, d’autres disparaissent, d’autres encore végètent ou retournent à une certaine confidentialité. C’est le cas de cette vague power thrash (-core) du début des années 90, qui connu son apogée dans les années 93-97 avec les sorties des « Burn My Eyes », « Far Beyond Driven », « Chaos A.D. », « Fuel », entre autres, de-qui-vous-savez. Si à l’époque BROKEN EDGE faisait figure de suiveur, ils feraient presque maintenant figure de vétérans, s’accrochant à un style qui s’est fait exploser par les vagues néo et métalcore.

Pourtant, loin de sonner désuet, le powergroovythrashcore des Bisontins semble même plus radical qu’à l’époque d’« Obey & Conform » qui manquait de spontanéité. « Kaos/Fear » sonne en effet très « live », avec un son cru et incisif concocté par Stéphane Buriez (LOUDBLAST, BLACK BOMB A, BLOCKHEADS) qui s’est chargé du mixage et du mastering. L’agressivité des morceaux n’en ressort que plus et le premier contact avec l’album s’accompagne d’un sourire béat. Du groove, des tempos qui arrachent, une grosse voix bien grasse, des riffs limite death par moment (« Tears Of Rage »), quelques touches de stoner (« From To Dusk »), un interlude acoustique sympathique (« The Last Stand ») et surtout des morceaux globalement couillus et hargneux… On se dit alors que BROKEN EDGE tient enfin sa chance de faire son trou.

MAIS, malheureusement, l’album n’est pas de ceux qui vieillissent bien, en tout cas pas si on l’écoute trop souvent. On découvre rapidement des redondances qui sans être pénalisantes dans le cadre d’une écoute distraite deviennent lassantes si on commence à y prêter attention. Au premier rang, un chant trop linéaire, identique ou presque sur tous les morceaux, qui contraste avec le groove recherché avec les changements de rythmes et les riffs. Les passages rapides deviennent également rapidement lassants puisque tous bâtis sur le même modèle d’où parfois l’impression d’écouter trois fois le même morceau, impression renforcée par la similitude des riffs. Autre point négatif, les passages pas toujours fluides d’un plan à un autre, produisant un effet « copier/coller » peu agréable.

Inutile cependant de s’acharner à relever tous les petits défauts de « Kaos/Fear », ils sont partiellement compensés par le plaisir d’écouter un album de ce style et il suffira de ne le mettre que de temps à autres, quand l’envie s’en fera sentir, de se payer une bonne séance de headbanging pour qu’il remplisse parfaitement son rôle de défouloir.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 10208