Je nous avais déjà dégotté un petit coin tranquille, à l'abri des regards. Juste à la sortie du centre-ville, le long de la rive gauche, se trouve, bien camouflé par les bois, un parking abandonné et oublié par tous. Bon, okay, hormis le samedi soir, puisque certains adeptes de pratiques héritées de la Grèce Antique aiment y batifoller dans d'épineux buissons. Mais ce sont eux qui m'ont fait me rappeler que pour aller défoncer une rondelle ni vu ni connu, c'était l'endroit idéal. Ho, hé, je vois vois venir, je parle musique, là, hein! Non mais...

Parce que cette seconde livraison des rosbifs était prédestinée à se faire taillader en bonne et dûe forme. Même en laissant de côté leurs dégaines et autres profondes considérations capillaires, sur lesquelles je m'étais déjà suffisament étendu dans la chronique du précédent album "Count Your Blessings". Car cet album que j'avais trouvé tout juste potable à l'époque, a vu son intérêt dégringoler à une vitesse effarante au fil des lectures, si bien qu'il m'a été vraiment pénible à ré-écouter au moment-même de la rédaction de la présente chronique. En particulier au niveau de la voix devenue atrocement irritante avec le temps, et qui n'aura eu comme seul mérite celui de réveiller un souvenir d'enfance profondément enfoui. Ouais, c'est exactement le mêmes couinements que poussaient les chatons qu'on avait en rab' à la maison, quand mon papa allait les fourrer dans un sac en toile de jute pour aller gaiement les fracasser contre un mur. Sauf que ça, ça me faisait marrer.

Mais ce coup-ci, les natifs de Sheffield échapperont de justesse au punitif sac en toile de jute, puisque cette nouvelle livraison offre clairement du mieux. Tout d'abord, les guitares se la jouent plus sobres, bien moins "pluie de notes balancées en vrac" qu'avant, leur son gagnant ainsi à la fois en épaisseur et en lourdeur (z'ont changé l'accordage?). Résultat, ça ressemble un peu plus à des titres qu'à une succession de plans speedés envoyés à l'arrache, ce qui n'empêche pas leur metalcore/deathcore de présenter un feeling un peu plus rock'n roll, proche d'un Gallows par instants. Niveau homogénéité, le groupe a appris à étayer son efficacité, expédiant tête baissée du titre sous la barre de la minute, jusqu'au final étiré sur 8 minutes. Et même si les mèches-parts sont toujours aussi présentes, les compositions sont plus abouties, de par l'incursion discrète de bidouilles électroniques, ou des plans mélodiques, qui, bien que bateaux, aèrent l'ensemble.

M'est avis que la tournée avec leurs potos d'Architects a dû avoir quelques impacts sur les compos, ce qui est loin d'être un mal. Surtout que l'on ressent cette influence au niveau du chant d'Oli Sykes, le mec qui humidifie la culotte de ta petite soeur. En effet, les tirades deathcore génériques surgraves/suraïgues, auparavant omniprésentes, ont été quasiment éradiquées, au profit d'une voix hurlée sur le fil du rasoir très proche de ce que fait Sam Carter (qui apparait d'ailleurs quelque part sur l'album, vous chercherez pour moi). Avec tout ces éléments, je parlerais pas d'album de la maturité parce qu'il faut pas déconner, mais album nettement moins immature, oui.

On se retrouve donc avec une galette moins périssable, avec quelques plans qui ont de la gueule (style genre le final d' "It Was Written In Blood"), et un côté plus urgent (tout est relatif hein...) qui fait bien mouche sur les titres les plus galopants. Maintenant, le groupe est pas venu nous pondre une oeuvre sur laquelle le temps n'aura aucune prise, y'a quelques beaux déchets comme ce "Sleep With One Eye Open" imbitable, et aucune chance pour que tu verses une larme de nostalgie en le retrouvant dans le grenier familial dans 30 ans. Bref, album à durée de vie limitée, certes, mais album cool. Dis-toi que t'as une maladie incurable, ça t'aidera à en profiter.


Rédigé par : Crown_Me | 13/20 | Nb de lectures : 12806