Trois ans. Trois ans que BRING ME THE HORIZON n’ont pas sorti d’album (“c’est pas plus mal” diront certains), ce qui est assez étonnant venant d’un groupe de ce genre, qui a tendance à pondre des skeuds à la vitesse de la lumière (et la qualité s’en ressent souvent chez certains). Trois années séparent « There Is A Hell, Believe I’ve Seen It. There is Heaven, Let’s Keep It A Secret » et leur nouveau bébé, « Sempiternal », dont la sortie est programmée pour le 1er avril, ce qui leur a laissé pas mal de temps pour nous composer un album aussi bon, voir mieux, que leur précédente prod. Alors ouai, la date de sortie m'a fait tiquer: augure t-elle une grosse blague ou pas?

Et bien pas de blague à l'horizon, mais un sentiment d'avoir entre les mains un album pas folichon et un peu traine savattes ce fait ressentir. BMTH nous avaient balancé un bon album avec leur précèdent opus. Rentre-dedans et efficace, il recelait d’excellents morceaux et a tourné (et tourne toujours) pendant pas mal de temps dans mes petites oreilles, mais là il faut bien avouer que les mecs du Yorkshire nous ont sorti un album mi-figue mi-raisin.

D’entrée de jeu, on ressent que BMTH sont très mal dans leurs peaux tant le côté émo de leur zik déborde dès le premier titre « Can You Fell My Heart ». Une entrée en matière pas franchement du meilleur goût et qui freine un peu l’envie d’écouter le reste de cette nouvelle galette. Mais on est bien obligé et fort heureusement nos petits British n’ont pas que des envies de chialer. Le groupe sait toujours nous pondre d’excellents titres, peut-être moins rentre-dedans, mais avec une certaine verve vindicative qui fait son effet. « The House Of Wolves », « Empire (Let Them Sing) » et « Anti-Vist » s’imposent là comme les morceaux avec le plus d’impact et passent admirablement bien le cap du « bon morceau qui fait plaisir à écouter». Le single « Sleepwalker », même si über calibré, a son charme lui aussi, mais pue un peu trop le côté émo « toute mèche dehors » à des kilomètres. Son refrain fera un effet bœuf lors des prestations live du groupe, c’est certain, mais pour le reste on est loin de l’avoir dure. Et plus l’album avance et plus on se dit que BMTH a un peu perdu de tripailles et a un tantinet lâché la pédale d’accélérateur pour nous refourguer des morceaux « bien, mais pas top ».

On a droit à des bons titres, mais qui manquent cruellement de cojones. Ça passe, oui, mais ça ne fait que passer justement. Ça ne donne pas envie d’y revenir et on tombe bien trop souvent sur du son stéréotypé. Les sonorités electro sont toujours bien présentes, et apportent encore ce petit plus au metalcore du groupe. Cependant, question riffing BMTH se répètent et ça finit par vite tourner en rond. « Shadow moses » et « Go To Hell For Heaven Sake » en subissent d’ailleurs les conséquences et ressortent comme des titres « pas mauvais, mais pas géniaux ». On écoute, puis on oublie. Ce qui est loin d’être le cas sur « Crooked Young ». Son refrain fédérateur et ses arrangements grandioses lui confèrent un côté très lumineux et épique à souhait qui fait plaisir à entendre. Mais le gros point noir reste tout ce côté « chui mal dans ma peau » très présent sur beaucoup trop de titres, dont le point culminant est atteint sur « And The Snakes Start To Sing » qui s’illustre comme le morceau-guimauve de l’album.

« Sempiternal » vaut ce qu'il vaut. Dans une tripotée de morceaux plus ou moins insipides, se battent en duel quelques titres forts sympathiques, mais trop peu nombreux. BMTH poussent les clichés un peu trop loin et déçoit quelque peu après un album qui tenait bien la route. Nous voilà en présence d’un skeud correct, mais sans plus, qui ne rend pas vraiment hommage aux gars de Sheffield et sonne beaucoup trop comme du chouinardcore.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 12/20 | Nb de lectures : 16273