The Black Dahlia Murder meets Jean-Louis David.

Voilà, c'est résumé, emballé, affaire classée. Pas très judicieux de ma part de tout balancer en début de chronique, mais je suis sûr que votre compassion envers votre dévoué serviteur vous obligera à lire l'intégralité de ma prose galopante. Et puis je pense à tous ceux qui lisent les chros de VS au taf avec le stress de voir débarquer le boss, ou tout simplement ceux qui ont autre chose à foutre que de se taper des pavés sur des groupes qui ne valent pas 2 lignes ailleurs.

Tout d'abord, une interrogation vient me titiller l'esprit. Je n'ai a priori rien (ou du moins j'essaye...) contre ces vagues de groupes lookés qui ont le vent en poupe auprès de pucelles en Vans à damier. Comme pour tout autre groupe, j'approuverais d'un pouce fièrement brandi vers le ciel, si la qualité est au rendez-vous, bien entendu. Sinon, pouce côté sable, aux lions et qu'on en parle plus. Alors, bon diou, pourquoi faut-il qu'à chaque fois qu'un groupe à la visibilité émergente soigne sa tenue et ses attributs capillaires, il oublie de façon quasi systématique de soigner sa personnalité musicale?

J'ai l'impression qu'il y a une marche à suivre, je vois d'ici les conversations en répètes: "Bon les gars, fini les concerts dans les bars à pochtrons, j'ai la solution! On repompe 80% des ficelles qui ont fait le succès de notre influence principale, on la remet au goût du jour, un petit relooking par l'autre grognasse de M6, une grosse prod' tape-à-l'oeil, une bonne promo et c'est parti! A nous la coke et les groupies aux poitrines fraîchement affirmées!" Chez nos amis rosbifs, cela nous donne Bring Me The Horizon pour The Black Dahlia Murder, vous inquiétez pas, on a les mêmes à la maison avec les "fabuleux" Darkness Dynamite (hu hu hu...) Pour la formule pré-citée, voir aussi:
-Vegastar pour Orgy
-Trivium pour Metallica
-Avenged Sevenfold pour les Backstreet Boys

Bon, en même temps, on les voyait arriver de loin. Mon ami Julien Lepers m'excusera l'emprunt "Je suis un groupe avec un nom à rallonge à la con, j'ai des titres de chansons aussi profonds que le décolleté de Jane Birkin ("Tell Slater not to wash his dick", c'est du Sartre ou je me trompe?), des coiffures qui ont renfloué les caisses de Vivelle Dop, des jeans où tu peux pas t'accroupir avec, presque autant d'amis que Tom sur myspace... je joue, je joue???Ouuuuiii, du metalcore!!!". "Le groupe le plus excitant du moment" nous vante la fiche promo. Ha ha ha, y'en a qui doutent vraiment de rien.

Metalcore donc, mais attention, nos gusses, c'est pas des fiottes hein, pas de voix claires chez eux! Bon point. On part donc sur un deathcore calqué sur les travaux de The Black Dahlia Murder et des autres groupes qui leur ont embrayé le pas, style genre Job For A Cowboy. Je vous refait le tableau plus en détail? Riffs typiques aussi usés que l'intérieur d'Ophélie Winter, quelques signatures rythmiques pour faire genre "en fait, on a trop de personnalité ", des solis aussi bordéliques que chez Slayer, mais aussi de bonnes grosses mosh-part bien massives et efficaces, et tout de même très bien mises en valeur. La mosh-part, le solo des années 2000? En même temps faudrait vraiment être une daube pour pas savoir faire sonner une moshpart me direz-vous, surtout avec la grosse prod' auxquel ils ont droit. Mais quand même.

Autre point positif (on en est déja à trois!!!), les changements de plans toutes les 3 secondes qui évitent les baisses de régimes. J'entends gueuler au fond "Hé ducon, t'as pas compris que c'était pour pas qu'on ait le temps d'identifier à qui ils ont pompé leurs riffs?" C'est pas faux, on retiendra que cette méthode dite de la "poudre aux yeux" couplée à la prod' énormissime fait illusion sur les premières écoutes. Parce que derrière, y'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Très tape à l'oeil, bourré de gimmicks censés être accrocheurs mais répétitifs et orchestrés par une bande de petits cons venant de la perfide Albion. Vous savez, le genre de gosses qui s'amusaient à caillasser les pigeons du quartier? Bah, les revoilà quelques années plus tard. Les gaziers ont pas la vingtaine et déja un bagage technique conséquent et une certaine habileté à construire des chansons sans temps morts. Dommage qu'ils n'emploient pas leur potentiel pour produire quelque chose de plus personnel.

Preuve en est le vocaliste, Oli, qui, lorsqu'il n'offre pas gracieusement une douche dorée aux fans qui refusent de coucher avec lui, évolue dans un registre similaire à celui de Trevor Strnad de T** B**** D***** M***** (on va voir si vous avez suivi...) A savoir cris aigus aboyés alternés avec quelques growls douloureusement raclés et qui manquent un peu de patate.

Bref, un album "dans le coup", comme disent les jeunes. Album qui évolue un peu au-dessus de la moyenne des groupes de merdes du style, mais qui vous laissera la désagréable impression qu'on vous cache quelque chose derrière l'impression d'un truc énorme. Perdez pas votre temps, je vous le révèle: derrière les gimmicks, la grosse prod', les 15000 plans qui s'enchaînent par chanson, c'est vide, peau de zob, du vent. A vieille mule, frein doré. Vous vous marrerez à vous secouer la mèche durant 3 écoutes et puis l'album partira au placard, le groupe l'y rejoindra dans 6 mois. Feu de paille...


Rédigé par : Crown_me | 11/20 | Nb de lectures : 14367