J’aurai voulu m’enflammer et me passionner pour ce disque et vous en faire une kro dithyrambique. Drôles d’impressions, je suis à la fois content et légèrement déçu. Content parce qu’on évite l’écueil que Mötley s’était pris en enregistrant New tatoo ; légèrement déçu parce que finalement il s’agit juste d’un bon album rock/métal conventionnel dans la forme et qui n’a d’exception que son line up. Mélange de Hard US (grosses rythmiques et chœurs sur les refrains) avec des éléments punks ou des soli bluesy, le terrain est bien connu. Depuis le temps que les fans du Crüe en entendaient parler de ce groupe, il fallait que le résultat soit irréprochable. On ne peut se contenter de quelque chose de bon, ou même très bon, quand on est légitimement en droit d’attendre quelque chose d’excellent ! Voilà pourquoi je ne suis pas content d’avoir simplement un bon album entre les oreilles. Revenons un peu sur le line up, outre Nikki Sixx et Traci guns que je ne présenterai pas, on trouve Scot Coogan à la batterie qui a joué dans pas mal de groupes et London Legrand au chant, le petit nouveau qui débarque de nulle part et qui s’en sort haut la main sur ce disque. Son chant sait se faire tour à tour mélodique ou plus enragé et constitue un des points forts de l’album.

Concernant la démarche du groupe, je voyais déjà Nikki empoigner sa basse en gueulant « On va leur montrer à ces jeunes ce que c’est un groupe qui envoie ! ». Le fait est que la basse a été empoignée comme il se doit mais qu’au lieu de se poser en donneur de leçons à la jeune génération, le groupe de vieux baroudeurs a préféré gueuler « Puisque des petits jeunes y arrivent, on peut le faire aussi !». Faible différence pour les néophytes, fossé énorme pour les amateurs du Crüe qui était en son temps un groupe qui définissait la tendance à suivre durant les deux années suivantes ; ce que d’innombrables combos s’empressaient de faire. Ce temps là est bien loin (tant mieux diront certains) et ce « Here comes the brides » qui, entendons nous, est très loin d’être mauvais a donc le défaut (car s’en est un dans ce cas) d’être issu du génial cerveau créateur d’hymnes tels que « live wire », « shout at the devil », « wild side » et compagnie. Le groupe a beau clamer haut et fort qu’il s’agit là de pur fun sans prise de tête, je ne m’enlève pas de l’idée que cet état de fait n’aurait pas été incompatible avec une pure bombe égalant en intensité les meilleurs albums du Crüe (et de L.A.Guns).

Pourtant tout commence par une putain de décharge punk métal de haute volée avec refrain accrocheur et chant hargneux (la première partie du riff débutant le morceau me fait d’ailleurs penser à du ministry) dommage que la pression retombe sur la suite, le second titre « I don’t care » bien qu’également punk dans l’esprit n’atteint pas le même niveau d’intensité. Et ce sera là le problème de certains titres, ils sont bons mais il manque la petite étincelle qui en aurait fait des chefs-d’œuvre et c’est d’autant plus rageant qu’on sent bien que les protagonistes du projet maîtrisent l’art de la composition et que le potentiel est là. Le troisième morceau présente un rock mélancolique de très bonne facture avec une ligne de chant que n’aurait pas renié Sentenced, à la vue du titre « I got a gun » on comprend mieux la ressemblance. Concernant le titre « 2 times dead » je ne sais pas si John Corabi a participé à son élaboration avant de partir mais il aurait aisément trouvé sa place sur le dernier Union. Malgré tout, ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire la grimace, un titre comme « Life », sorte de ballade punk/pop au refrain mémorisable en une écoute à tout le potentiel pour faire un carton radio, en fait il ne dépareillerait pas sur les ondes aux côtés d’autres groupes dont je ne citerai le nom que sous la torture tant ça me fait de la peine, et c’est dans ces moments là que je me dis : « mon petit DT, aimerais tu autant ce morceau s’il était estampillé Sum je sais plus combien ? ». On a donc parfois le sentiment qu’ils ont mis le pilote automatique et qu’ils en ont gardé sous le pied, c’est l’effet que me font des titres comme « natural born killer » qui me rappelle un peu « fake » que l’on retrouvait sur le dernier Motley et « revolution ». Et puis si on prend la faible durée du disque en considération (38 minutes pour 9 titres) on se dit que certaines choses auraient pu être évitées, comme le dernier titre, ballade qui n’apporte pas grand chose et qui aurait du laisser sa place à un titre plus rentre dedans. Ceci dit le travail est bien fait, on se surprend à fredonner des mélodies quelques heures après les avoir écoutées, on réécoute l’album avec plaisir. On se rend compte que London Legrand est vraiment bon et qu’il adapte sa voix à chaque chanson, modulant son timbre avec une remarquable aisance, le résultat aurait était certainement moins bon sans lui, le petit nouveau.

Voilà, le fan du Crüe que je suis est content de savoir que Nikki a su trouver de nouveaux copains pour jouer avec lui, mais je souhaite qu’ils essayent de prendre un peu plus de risques dans le futur en innovant plus. A titre de comparaison, le projet 58 de Nikki était plus expérimental que ce « here come the brides » et apportait une certaine fraîcheur dans les compos du bonhomme. Ne reste plus qu’à attendre la sortie de Velvet revolver pour voir ce que va donner l’autre réunion d’anciens combattants. Ca ne vous rappelle pas une certaine guéguerre Mötley/Guns ?



Rédigé par : dark tranquilou | 15/20 | Nb de lectures : 8375