SYBREED.

Voilà, plié, emballé, pesé, posté. Après tout, pourquoi faire des tartines sur un truc tout simple et (surtout) évident. SYBREED : même si on voudrait le louper volontairement ça serait difficile, le nom apparaît forcément. Même le label met ce nom en avant, insistant bien sur le fait que le batteur/claviériste/programmeur de BREACH THE VOID, Alex Anxionna, a fait partie de SYBREED jusqu’en 2006. Bref, Alex a donc formé ETNA en 2007, ETNA qui deviendra BREACH THE VOID pour la sortie du premier album The Monochromatic Era chez Coroner Records.

Et sans surprise, qu’obtient-on ? Du SYBREED. Pas la peine de faire une explication du background digne d’une introduction de publi scientifique, BREACH THE VOID est bien un clone de SYBREED. Soit un Cyber-Metal éthéré empruntant quelques influs mélodeath, des passages syncopés à la MNEMIC, un peu de technique polyrythmique à la MESHUGGAH, des sonorités électro-indus modernes et cosmiques, et un chant clair d’obédience Synthpop/New-Wave. Si SYBREED avait commencé par le très rentre-dedans Slave Design, BREACH THE VOID débute par le style plus stellaire et mélodique d’Antares.

Alors bon, le groupe sait jouer et nous livre une bonne pelletée de riffs Cyber bien sentis. Mais c’est à peu près tout. Alors que pas mal de clones arrivent à s’en sortir par une exécution difficilement reprochable, chez BREACH THE VOID ça ne fonctionne pas. Les morceaux sont affreusement classiques, avec des structures sans relief, déjà entendues chez SYBREED bien évidemment. Mais c’est surtout le chant qui pose problème : les screams, plus arrachés que ceux de Ben, sont bien amenés mais sans plus. Le chant clair est en revanche assez raté. Les passages très calmes, quasi-murmurés, font leur petit effet ("Customized Genotype"), mais les passages plus aigus ou plus « chantés » tombent complètement à l’eau, plombant les refrains bien mis en avant sur la plupart des morceaux. Certes, il m’a fallu du temps à me faire au chant de Ben chez SYBREED, mais concernant celui de Marko c’est mal barré. Tout comme le reste du groupe, il semble essayer de faire une imitation de SYBREED, même son style capillaire est calqué sur celui de Ben, c’est dire…

Du reste, les breaks et passages plus cool/mélodiques ne retiennent vraiment pas l’attention. Car encore une fois, SYBREED a fait mieux sur ses 3 albums. Le côté électro-indus, gardé en toile de fond, n’épice pas The Monochromatic Era. Et pour couronner le tout, la prod est assez sèche (malgré le mastering de Tue Madsen), beaucoup trop synthétique surtout sur le son de batterie. L’album est assez linéaire et devient vite très ennuyeux, il y a peu de titres forts (voire pas du tout). Et bien sûr, c’est un comble de constater qu’un style voulu comme « moderne » s’avère n’avoir aucune originalité, car un certain groupe (de qui donc je parle ?) a déjà exploré le style avant, et de manière poussée et avec des accroches phénoménales.

Après tout, The Monochromatic Era n’est pas un mauvais album en soi, c’est un album plombé par des défauts de jeunesse et qui est de toute façon dynamité par le talent de son influence principale. La fiche promo dit que le groupe a « une ambition incroyable » ? A ce stade, il faudrait déjà commencer par affiner son style. Surtout que BREACH THE VOID est pour l’instant loin, très loin d’avoir la classe de SYBREED, et fait tout simplement du sous-SYBREED a plusieurs niveaux. Le groupe est tout de même capable de faire des choses tout à fait correctes, comme les rythmiques très inspirées et percutantes qui sauvent l’ensemble. Mais pour moi, tant que le groupe s’évertuera à faire du copiage pur et simple de SYBREED en moins bien, je n’y verrai pas d’intérêt.


Rédigé par : ZeSnake | 10/20 | Nb de lectures : 13068