Avalanche incongrue de notes et de riffs totalement hystériques et déjantés. Structures asynchrones et complètement déstructurées. Beuglements gutturaux classiques mais puissants. Tempos majoritairement élevés, voire ultra-blastés, sporadiquement entrecoupés de quelques ralentissements. Maîtrise instrumentale indéniable, mais sans âme ni saveur. Groupe d’épileptiques atteints de Parkinson, pour auditeurs névrosés en manque de sensations fortes ?

2 ans après la sortie de l'abjection 'Apocalyptic Festing', le boys-band californien est de retour avec son second album. Excepté un nouveau batteur et un nouveau bassiste, il n’y a aucun changement notoire, ni aucune évolution musicale, le groupe poursuit sa descente dans les abysses de l’inutilité musicale à grands coups de Brutal Death saturé de technique ultra-démonstrative. Toujours aussi épuisant, toujours truffé d’enchaînement de sweeping ultra-technique et de blast-beats ininterrompus, mais avec une brutalité légèrement mieux canalisée. Enfin, légèrement, seulement ...

Cette ultra-violence où la technicité est au service de la brutalité (et non de l’efficacité) atteint cependant ici ses limites : car là où certains groupes réussissent à captiver quelque peu l’auditeur grâce à un groove omniscient, les Brain Drill se contentent simplement d’enchaîner, dans une totale absence d’osmose et de cohésion, des notes et des riffs, certes terriblement techniques et véritablement syncopés, mais sans le moindre intérêt.
Une légère évolution est notable, par rapport au premier album : les Ricains semblent avoir découvert l’utilisation des breaks, et en distillent quelques-uns, comme sur 'Mercy To One' ou 'Monumental Failure'. S’ils ne justifient nullement l’acquisition de cet album, ces légers ralentissements permettent à l’auditeur de souffler un peu, entre deux cavalcades arpégiques hystériques.

Pourtant fan de pure violence musicale, j’ai été complètement asphyxié par cet opus. Les premiers titres sont plaisants, défoulants, la première perception est positive, mais la saturation gagne peu à peu l’auditeur tant les compos sont en réalité fatigantes.
Il n’y a aucune âme, aucune saveur à cet étalage de notes et d’enchaînements ininterrompus de riffs plus techniques les uns que les autres. C’est sûr que Dylan Ruskin maîtrise l’astiquage de manche, et possède une dextérité indéniable. On ne peut nier par ailleurs que les 3 musiciens sont réellement doués et talentueux. Leur maîtrise technique force le respect.
Mais à quoi bon une telle démonstration, lorsqu’il n’y a pas le moindre intérêt ni la moindre cohésion ? Il ne s’agit plus ici de Brutal Death Technique, mais de Brutale Technicité.

J’ai essayé, mais je n’ai pas pu. Brain Drill est au-delà de l’acceptable, au-delà de toute pertinence musicale. Je ne vois pas l’intérêt de cet album, qui n’est même pas apte à défouler ni même apaiser l’auditeur en mal de sonorités extrêmes.
Je conçois parfaitement que certains auditeurs adhèreront à cet album et y trouveront tout l'inverse de ce que je dis. Peut-être. Nul ne détient l'Absolue Vérité.
Mais qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’avant-gardisme ou de génie musical, l’absence de toute cohésion ou de pertinence n’arrive même pas à masquer la totale pénurie d’inspiration ou de recherche musicale. Si de prime abord les 35 minutes ininterrompues de défoulement sweepé et de frénétiques cassures rythmiques semblent impressionnantes, la réalité est tout autre. Il est bien plus difficile de composer un vrai titre que de laisser glisser ses doigts sur le manche de sa guitare sans chercher la moindre pertinence. Brain Drill a sa propre vision musicale, mais ils en font trop... Trop déstructuré, trop technique, trop démonstratif. Mais pas assez intéressant, pas assez personnel, pas assez captivant...

Amateurs d’ultra-brutalité, tournez-vous vers ORIGIN ou BENEATH THE MASSACRE, voire même WHOURKR, qui eux véhiculent une conception de l’art musical extrême défendable et considérablement plus attirante.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 07/20 | Nb de lectures : 13753