“The New Extreme”. Quel slogan accrocheur! C’est avec cette assertion que Metal Blade a choisi de nous vendre le premier album de BRAIN DRILL. A une époque où 20 disques de Death sortent tous les mois, et où la diversité n’a jamais été aussi riche, c’est un parti pris courageux. Le voilà donc, LE renouveau tant attendu du Brutal Death. Il est américain, il est fort, il est wizz.
Mais le marketing, c’est avant tout l’art de vendre de la merde en la faisant passer pour du caviar, à des gens qui n’ont besoin ni de l’un, ni de l’autre, et qui se demandent comment ils ont pu vivre sans. Du coup, a-t-on réellement besoin d’un “New Extreme”? En quoi BRAIN DRILL est-il un groupe si novateur?

S’ils avaient écouté “Apocalyptic Festing”, nos amis marketeux auraient aussi pu (dû?) écrire: “Nerd, ce disque est pour toi!” Ce slogan aurait été plus honnête et surtout plus ciblé. Car oui! Le Nerd!! L’inadapté social qui reste cloîtré derrière son écran à tester des benchmarks. La seule catégorie d’individu à sentir son appendice reproducteur gigoter devant les sites de PC-tuning. Le nerd qui fragge méchamment bien caché derrière son écran overclocké tous ceux qui humiliaient son physique malingre à l’école en le forçant à manger leurs crottes de nez. Le nerd qui, par dessus tout, écoute une musique qui lui ressemble: BRAIN DRILL ou la revanche du Nerd.
A défaut de marketing génial (mais dès qu’ils m’auront embauché, ça va changer...), le “plan com” de BRAIN DRILL est au point. En quelques mois, ils ont créé le buzz à grands renforts de vidéos pornographiques instrumentales des plus artificielles qui ont séduit un grand nombre d’amis-de-myspace. Fort de ce succès, le groupe sort rapidement une démo, “The Parasite”. Metal Blade flaire l’aubaine et signe. Alex Webster adore (marketing, bis). “Apocalyptic Festing” débarque dans sa pochette très tendance, signée Pär Olofsson (marketing, ter).

Et la musique alors? BRAIN DRILL est un groupe de techniciens “virtuoses” qui maîtrisent l’art d’en foutre plein les yeux tout en n’ayant aucune subtilité et presque aucun sens de l’écriture. “Apocalyptic Festing” est un album construit avec deux bons riffs, un breakdown et quelques mosh parts, le tout noyé voire broyé dans un déluge de gravity blasts, de sweepings de guitare sans queue ni tête. Un délire masturbatoire qui serait déjà insupportable s’il n’était qu’un exercice d’échauffement joué par un geek devant sa webcam. A la brutalité se substitue donc la ridicule et pénible sensation d’écouter super Mario tilter pinball magic.
En de rares occasions, la technique marque le pas, ce qui permet d’apprécier quelques riffs efficaces à la DYING FETUS, emmenés par la voix puissante et variée de Steve Rathjen. Autre point fort du disque, la basse, soutenue par un son honnête (pas comme le Bontempi qui sert de séquenceur à la batterie), sait se faire entendre dans des parties impressionnantes, mais hélas souvent d’aussi mauvais aloi que le reste.
Une production artificielle pour une musique artificielle. “Apocalyptic Festing” est un gâchis monumental de compétences techniques mises au service d’une composition famélique. Les Américains ont-ils confondu vitesse et précipitation? L’actualité du groupe semble indiquer que nous ne connaîtrons pas la réponse, pour ce line-up du moins.

La critique, comme la note, sont dures. Certains trouveront sûrement dans ce disque plus de qualités qu’il n’en recèle réellement, ou tout simplement seront insensibles à la douleur d’un foret qui s’enfonce lentement dans leur cortex et qui définit vraiment la musique de BRAIN DRILL. On regrettera pour le rectum du pauvre Dylan Ruskin, manuellement malmené par les autorités canadiennes, que les membres du groupe aient confondu BRAIN DRILL et BRAIN WEED. Souhaitons-lui bon vent, et surtout de comprendre que la musique a une âme.


Rédigé par : La Myxine | 08/20 | Nb de lectures : 12705