Difficile de savoir ce qui est passé par la tête de ces franciliens lorsqu’ils ont choisi le nom de leur groupe, parce qu’en fait de puceaux musicaux nous sommes plutôt en présence de quelques personnages bien connus de la scène parisienne pour ne pas dire nationale pour certains d’entre eux.

Outre Guillaume Flori (ex-XII, ex-CIORAN IN HEAVEN) et Sébastien Lievens (TEXTIN REVERSE, JEANVASBRULER), on retrouve au cœur de l’action Olivier Delecroix (ex-KORUM, ex-CIORAN IN HEAVEN) et Tariq Zulficar (ex-KORUM, SYMBYOSIS, DECOHERENCE, JEANVASBRULER). Bref, un quatuor de pures brutes de technique.

Impatients de répandre leur verve musicale sur nos oreilles incrédules, nos compères nous arrivent ici avec San Francisco, un premier mini cd autoproduit, enregistré après une petite année de dur labeur en salle de répet. L’occasion de découvrir cinq titres qui démontrent parfaitement que nos petits amis n’ont pas choisi de faire dans la facilité avec leur nouvelle formation.

Si les aspirations de BOYS 1st TIME à ses débuts s’orientaient vers le post hardcore ou de mathcore, le gang parisien a enrichi son champ d’approche en incorporant des éléments plus classiques comme le death, le grind, le HxC émaillé de quelques touches émo et jazzy. De ce fait, il n’est pas étonnant que la synthèse de ces styles débouche sur une musique qui part un peu dans tous les sens. Mais là où BOYS 1st TIME se distingue, c’est dans la cohérence de ce fractionnement des genres.

Comme c’est souvent le cas avec ce type de groupe, les noms de DILLINGER ESCAPE PLAN, BURNT BY THE SUN et CONVERGE viennent rapidement à l’esprit. Mais ces noms, aussi célèbres qu’encombrants, se font oublier assez rapidement lorsqu’on commence vraiment à entrevoir la personnalité de BOYS 1st TIME. Derrière des prouesses techniques remarquables, on se rend vite compte que le groupe regorge d’idées et qu’il sait parfaitement conduire ses auditeurs dans cette visite guidée d’un univers pas forcément familier à la première écoute.

BOYS 1st TIME n’a pas choisi de faire une musique trop dense dans son approche. Ainsi le groupe varie les plaisirs entre les passages faussement chaotiques, les breaks explosifs, les interludes progressifs chargés d’émotions. Tariq et ses comparses se distinguent par le côté pointu de leur rigueur et l’originalité relative de leur approche. Ce style tentaculaire est l’occasion pour Olivier Delecroix de faire découvrir certains aspects de ses capacités vocales auxquels nous n’avions pas été habitués. Ainsi son chant clair, ses passages parlés sont aussi réussis que les hurlements éraillés qu’on lui avait toujours connus et trouvent leur point d’orgue dans le superbe « That Kind of event » qui termine cette rondelle.

Comme de bien entendu pour une première œuvre, San Francisco n’incarne pas la perfection faite musique. Le son et plus précisément celui des guitares, reste perfectible. De même, la basse passe encore un peu trop inaperçue alors que son propriétaire aurait probablement beaucoup à apporter au groupe.

On pourra également reprocher au groupe une démarche musicale qu’on pourra qualifier hâtivement d’opportuniste, dans le sens où elle s’inscrit dans un courant très porteur par les temps qui courent. Néanmoins, lorsqu’on connaît un minimum le parcours des musiciens dont il est ici question, on se demande ce qu’ils auraient bien pu faire à part un groupe totalement barré, non conformiste, fourmillant d’idées.

BOYS 1st TIME amorce, avec ce mini, les débuts d’une ambitieuse carrière. Gageons qu’ils trouveront très rapidement davantage d’oreilles pour les plébisciter.


Rédigé par : Tonton | 3,5/5 | Nb de lectures : 12221