Houlàlà! Botch, sacré monument que ce groupe. Seulement deux véritables albums entre 1993 et 2002, quelques demos et EPs et une floppée de concerts au compteur, et pourtant peu de groupes auront autant marqué la fin des années 90. Inutile de dire que ce DVD était attendu au tournant par les aficionados nostalgiques de ce combo pilier du HardCore chaotique: la dernière trace scénique de ce groupe culte enregistrée dans leur fief de Seattle et devant leurs plus vieux fans, il y avait de quoi saliver d’impatience.

Je ne les ai vus qu’une seule fois, il y a bientôt 10 ans au Superbowl of HC, et je me rappelle surtout du jeu de lumières et de stroboscopes aveuglants, ne connaissant qu’assez peu leur œuvre à l’époque. Je me suis depuis bien rattrapé et me suis du coup plongé avec grand plaisir dans les presque 3 heures de musique proposées par Hydra Head. On ne peut pas dire que ce DVD regorge de trésors et de bonus: on trouve l’intégralité du dernier set en date des 4 lascars au Showbox de Seattle, donc, ainsi que 5 titres joués lors d’un de leurs shows précédents dans un bled de la banlieue de Seattle et enfin la video du morceau ‘Saint Matthew Returns To The Womb’. Le strict minimum en quantité, il y avait alors intérêt à ce que la qualité soit au rendez-vous. On peut déjà soulever un gros bémol: les 5 titres du live à Bellingham proposés en ‘bonus’ figurent aussi au programme du set principal. Il n’y a de plus qu’une seule caméra et le son, s’il est reproduit fidèlement avec tous les pains et sans overdub, n’en demeure pas moins médiocre. Dispensable, quoi. Passons plutôt au plat principal qui devrait justifier à lui seul (ou pas) l’acquisition de ce DVD.

Un plat constitué de 14 titres filmés par 5 caméras, soit plus de la moitié de la discographie du groupe et une répartition à peu près égale des titres des 2 albums du groupe: 4 tirés d’American Nervoso et 5 de We Are The Romans, la fameuse reprise de ‘Rock Lobster’ des B52s et 4 titres de leurs premières démos et EPs. De quoi sustenter les plus intégristes des fans. Les 5 caméras sont parfaitement utilisées, le parti pris de la réalisation étant manifestement de coller à la mythique ambiance ‘stroboscopique’ des concerts de Botch: on zappe d’une caméra à l’autre sur chaque riff, au rythme de la musique et des éclairages. On s’en trouve un peu dérouté au début, surpris de ne pouvoir réellement suivre la prestation de chaque membre ou de goûter à l’ambiance de la salle, mais on s’y fait finalement très bien. Le son 5.1 m’a par contre paru un peu faiblard puisqu’il m’a fallu pousser les basses pour profiter du son pachydermique du groupe: c’est presque un comble d’avoir à régler le son! Ceci étant, la qualité globale est totalement satisfaisante, le post-process et l’overdub s’avérant légers. Les amateurs de pains, larsens et de saturations d’enceintes seront servis, les musiciens étant loin d’être irréprochables durant ce concert, ce qu’on peut évidemment mettre sur le compte de l’émotion. La set-list conviendra parfaitement aux chanceux qui, comme moi, apprécient autant American Nervoso que We Are The Romans. Pour ma part, je fus bien heureux de retrouver mes titres ‘favoris’ du groupe et surtout de les voir correctement exécutés: le final incroyable de ‘C Thomas Howell...’, ‘Rock Lobster’, le fabuleux ‘Man The Ramparts’, l'énergique 'Japam'. Dans l’ensemble, la qualité de film est plus qu’honorable et rend honneur aux prestations scéniques furieuses du quatuor: on s’y croirait presque et on ne finit pas à moitié aveugle comme les malheureux des premiers rangs...

J’ai, par contre, été surpris voire déçu du peu d’ambiance dans la salle: pour un gig d’adieu, on s’attendrait à des gens sautant dans tous les sens, envahissant sans cesse la scène (hormis le mec déguisé en gorille, qui a dû se sentir bien seul) et reprenant au moins chaque refrain à tue-tête (comme dans tout bon gig de HC). Car ici, le public semble presque ‘trop’ respecter l’événement et le groupe et se contente de headbanger sagement en réagissant mollement aux exactions du chanteur Dave entre chaque morceau. Cette impression n’est bien sûr pas contrebalancée par les choix de cadrage et le mixage du son du public, très étouffé, mais on ne se rend compte qu’à de très rares moments (sur les deux derniers titres, et encore) qu’il s’agit du dernier concert de Botch. Merde, quoi, Botch! Enfin, il est possible d’activer les commentaires des membres qui racontent donc maintes anecdotes sur les différents morceaux, les pains et l’ambiance, évoquent l’émotion de ce dernier concert et sortent les inévitables conneries de potaches. C’est distrayant mais globalement anecdotique, et il faut de toutes façons maîtriser la langue de Shakespeare pour en profiter ce qui excluera de toute manière du monde, j’en ai peur.

Pour conclure, un groupe aussi ‘légendaire’ que Botch se devait d’avoir un live digne de ce nom et ce ‘061502’ remplit parfaitement ce rôle: l’intensité du groupe et l’ambiance si particulière de ses concerts sont ici parfaitement retranscrites. Le contenu reste cependant pingre pour le prix proposé (autour de 20€, avec le CD retraçant le concert, ceci dit) et beaucoup regretteront le manque général de folie de ce dernier concert, qui n’a certainement pas du être le meilleur de leur carrière. Quoi qu'il en soit, c'est peut-être aussi le bon moyen pour les p'tits jeunes de découvrir ce groupe mythique, car vieux motard, pardon, mieux vaut tard que jamais !

Dernier concert de Botch au Showbox de Seattle, le 15/06/2002 (commentaires possibles):
1.St. Mathew Returns To The Womb
2.C. Thomas Howell As The "Soul Man"
3.John Woo
4.Japam
5.Oma
6.Frequency Ass Bandit
7.Thank God For The Worker Bees
8.Framce
9.Third Part In A Tragedy
10.Rock Lobster
11.Transitions From Persona To Object
12.To Our Friends In The Great White North
13.Hutton's Great Heat Engine
14.Man The Ramparts

Live at Bellingham, automne 2000:
1.C. Thomas Howell As The "Soul Man"
2.Hutton's Great Heat Engine
3.Oma
4.Frequency Ass Bandit
5.Transitions From Persona To Object

Clip video de "St. Matthew Returns to the Womb".


Rédigé par : Candiria-Thon | DVD plus qu'attendu/ | Nb de lectures : 12550