Les nerds auront saisi la référence aux Star Wars : BOSSK tire son nom du patronyme d’un chasseur de prime concurrent malheureux de Bobba Fett. Ce quintet anglais (de Kent ou d’Ashford ? ou des deux ?) œuvre dans le post-rock-core-metal depuis 2005… donc pas bien loin des ambiances à la CULT OF LUNA (post-« Salvation ») avec qui ils ont tourné, PELICAN, ou ISIS (en plus instrumental).

Les deux EPs de deux titres chacun, intitulés « .1 » et « .2 », sont initialement sortis successivement en 2006 et en 2007, et ils sont réédités cette année par Eyesofsound, qui a visiblement décidé de mettre le paquet, avec une sortie prévue en double-vinyle ET en deux CD EP, agrémentés d’artworks du maintenant incontournable Seldon Hunt.

S’il arrive au monsieur, probablement aujourd’hui par trop souvent sollicité, de ne pas se montrer toujours très inspiré, ce n’est pas le cas ici. Il offre en effet à BOSSK deux séries de photos superbes, la première (pour « .1 ») dans une thématique forestière du plus bel effet et la seconde (pour « .2 ») dans une thématique urbaine très réussie. Quoi qu’il en soit, malgré la réussite visuelle de cette réédition, on est en droit de s’attendre au pire : post-core + artwork hype = bouse en galette potentielle. Et si l’équation s’avérait exacte dans le cas présent, on en serait quitte pour une ration double, et un total de presque une heure… l’inquiétude règne donc légitimement avant de passer à l’écoute du diptyque.

C’est parti pour le premier EP à la thématique joliment forestière et très logiquement intitulé « .1 ». Le premier morceau commence plutôt pas mal avec une partie ambiante qui gonfle et monte, déflagration, déferlement, accalmie, reprise… et puis non, etc, la recette est éprouvée, mais comme on s’attendait au pire, ça l’est finalement pas tant (pire). Le morceau est plutôt bien amené mais loin d’être bouleversant : les riffs, breaks et arpèges s’enchaînent, se succèdent et s’interchangent avec pas mal de cohérence tout au long des 16 minutes qui constituent « I ». « II » reprend le même canevas pour une durée de presque 20 minutes cette fois, on peut pas dire que BOSSK joue la carte de la prise de risque… et puis voilà t’y pas que les rosbeefs nous servent un rip-off de medley (ou medley de rip-off ???) de TOOL à peine maquillé, finalement plutôt rafraîchissant. A partir de là, le morceau reste dans des atmosphères saturées de bon aloi rappelant même parfois les MELVINS, et voit débouler la première et unique apparition vocale des 35 minutes avant un final bruitiste qui cède la place à une outro ambiante longuette.

« Define », le morceau qui introduit « .2 », démarre plus vite et plus fort, et laisse à entendre que l’influence Toolien est bien mieux digérée avec ce second enregistrement. Le son est nettement plus puissant et compact, beaucoup moins « post-rock » et incontestablement plus heavy. Tout cela reste cependant très aéré, notamment grâce à l’utilisation d’une guitare acoustique et de plans en slide pouvant faire penser à un mix entre le PELICAN récent et un RED SPARROWS plus pachydermique que volatile, et qui débouche finalement sur un plan heavy-rock aux réminiscences psyché-doom qui conclut ce « Define » d’un peu plus de 9 minutes. Le second titre, « Truth » est d’abord très éthéré et contemplatif pour sa première moitié, dans un style post-rock ambiant instrumental, puis enchaîne sur une partie où une voix hurlée se bat avec un riff de nouveau très heavy… la lourdeur retombe pour une accalmie de courte durée qui voit l’intervention d’une voix claire et aérienne qui cède peu à peu la place à un retour vers une ambiance plus musclée. Les 13 minutes du morceau s’achèvent sur une partie ambiante un peu à la manière de la fin du premier EP.

BOSSK n’est peut-être pas le « best kept secret » dans la niche musicale aujourd’hui surpeuplée du « post-core », mais il n’en est pas non plus le pire représentant. Le groupe débute l’année 2008 avec un nouveau line-up et une tournée prévue avec TEXTURES, à suivre donc.


Rédigé par : NicoSata | réédition/ | Nb de lectures : 10936