Votre serviteur biscuité va aujourd'hui tenter de battre avec humilité le record du monde de chroniques traitées en une seule fois (si, si, carrément). Si cet emplacement du web s'y prête à merveille, c'est parce que Those Opposed Records a proposé en juillet dernier une nouvelle collection intitulée Desolation Propaganda. Comme vous pouvez vous en douter, cette nouvelle griffe regroupe des joyeux drilles dont l'unique but est d'amuser toute la famille.
En plus de la sortie indépendante de chaque opus sous format CD et digipack A5 limité, Those Opposed proposait l'ensemble des cinq premiers digipacks dans un coffret limité à 50 exemplaires, numéroté et portant le nom de l'heureux acquéreur, méthode originale pour éviter la spéculation sur les sites d'enchère. Etant donné que tout est parti, rien n'interdit désormais certains d'acquérir à prix d'or un collector au nom de Maurice Bénichou pour poser sur leur cheminée.
Et puis, cinq chapitres traités ici d'un seul coup car je n'aime pas trop me répéter et que Desolation Propaganda propose des groupes œuvrant à peu près dans la même sphère spirituelle. Autant éviter de radoter à mon âge.
Chapitre I: BOSSE – Echoes of the Forgotten
Le projet le plus original du lot ouvre la longue marche des chapitres. Bosse est un one-man project américain, en provenance de Brooklyn (New York). Si le nom du bidule vous paraît saugrenu, sachez que l'humain qui est en responsable n'est autre que Richard Bosse. OK, il n'a pas bossé très dur pour trouver un patronyme. Au moins, il a l'avantage de se détacher du peloton des groupes proposés puisque Bosse n'est pas un projet metal.
Musicalement, Bosse officie dans un folk/ambient presque intégralement acoustique. Dans des sonorités proches d'October Falls ou de Sig:Ar:Tyr, Bosse privilégie le minimalisme à des constructions mélodiques entraînantes, voire même simplement accrocheuses. Les 33 minutes de nihilisme et de quiétude sombre proposées par Echoes of the Forgotten s'écoutent agréablement. Mais comme le suggère leur titre, elles s'oublient vite. Et les six titres ne laissent pas de trace dans la mémoire, probablement à cause de la trop grande évidence des accords et de l'absence de prise de risque.
Echoes of the Forgotten ressemble finalement plus à une collection d'interludes qu'à un véritable album, faute de matière à se mettre dans les esgourdes.
Note du chapitre : 10/20
Chapitre II: NOX INFERI – Adverse Spheres
Nox Inferi est un projet australien de black metal. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'il donne dans le minimalisme cher aux ambiances dépressives et misanthropiques. Nous sommes donc repartis pour un assaut de riffs étalés de manière économique dans des titres longue durée. A noter que la voix est ici grommelée bien bas et non un hurlement à la Silencer.
Pour garantir son intégrité, Nox Inferi mise sur une production erratique, en tout cas sans suivi des titres en studio. Il en résulte un changement de son entre les morceaux, allant du dépressif standard jusqu'à une bouillie où Nox Inferi prend le parti pris surprenant de cacher dans le fond de son mix la batterie et les guitares. Dans le second cas, il reste la voix et le synthé, tout devant, et un bourdonnement digne d'une invasion de mouches géantes qui s'avère être le reste de l'instrumentation planquée derrière. Les cymbales ressortent un peu, permettant de donner un peu de rythme à une voix monocorde qui devient le seul point d'accroche.
Gonflé de synthé qui brouille encore plus les pistes, le son général n'est sincèrement pas jobard. Je ne vous cache pas que c'est rapidement chiant à écouter. Il faut attendre une nappe aventureuse ou un hululement plaintif pour se faire réveiller et constater que, non, les 51 longues minutes d'Adverse Spheres n'ont pas fini de s'écouler. Si j'ajoute quelques bends plus qu'aventureux ou des dissonances vraiment "extrêmes" à des morceaux aussi excitants que Jackie Sardou nue, la coupe a été rapidement pleine en ce qui me concerne. Aucun mal-être, aucune ambiance, mais une grosse envie d'arrêter le skeud à chaque rotation.
Note du chapitre : 07/20
Chapitre III: AUSTERE/ISOLATION – Bleak
Austere entame la danse de ce split, avec deux titres longue durée (près de 14 minutes) et un court interlude instrumental central. Le groupe s'avère dans la mouvance actuelle, à savoir un black gentiment dépressif qui fait tourner deux riffs sans envergure pendant des heures et où se pose une voix hurlée à la Silencer. Si aucune énorme faute de goût ne transparaît de leurs accords plaqués la vague à l'âme, l'absence d'une réelle identité rend le moment longuet. Désolé pour les Australiens, mais c'est exactement le type de sorties que vingt clones par mois font paraître et qui ne peut qu'émoustiller le jeune geek occupé à autre chose sur son PC pendant que Winamp lit les mp3. L'économie de riffs permet au moins de multiplier les sorties, c'est déjà ça. A noter que la production est plus puissante que pour l'album traité un peu plus bas, mais que l'on reste évidemment dans les canons du genre.
Le projet allemand Isolation donne dans un black atmo qui m'a encore plus ennuyé. Que ce soit dans ses parties acoustiques ou dans ses élans black, le groupe reste au ras du sol, sans aucune inventivité. Isolation fait très pâle figure en comparaison d'Ulver ou d'October Falls. La voix claire monocorde, qui flirte avec les limites de la justesse tellement elle est "désabusée de la vie", est un autre élément qui a rendu mon écoute très pénible. Heureusement, le projet reste globalement instrumental.
Note du chapitre : 08,5/20
Chapitre IV: AUSTERE – Withering Illusions and Desolation
Revoilà Austere, avec cette fois son premier album, antérieur d'un an au split traité ci-dessus. Le premier pressage avait vu la sortie tape gérée par Winterreich Records et la sortie CD par GoatowaRex. Comme c'est devenu une grande habitude dans le style, Austere bénéficie donc d'un nouveau pressage limité dans le cadre de Desolation Propaganda.
L'album propose 55 minutes, c'est-à-dire 5 titres, de black metal qui a mal dedans son être. Les riffs sont longuement répétés, les tremolos se déroulant sur une batterie pachydermique ou sur des patterns limite guillerets. Ce doux ronronnement n'est troublé que par les hurlements d'une voix à la Silencer. Bref, du très très classique, auquel je ferai les mêmes reproches que pour le split avec Isolation. L'ensemble s'écoute tranquillement, mais justement bien trop pour que le mal-être s'empare de moi.
Note du chapitre : 09/20
Chapitre V: LYRINX – Nihilistic Purity
Une des nombreuses éditions de cette sortie a déjà été traitée ici. Rien de plus à avouer.
Note du chapitre : 10/20
Au bilan, je crains que Desolation Propaganda ne me soit pas adressé, mais vise plutôt un public en mal de litanies répétitives qui supporte les ersatz de ce qui existe déjà depuis longtemps. Those Opposed a investi du temps et de l'énergie pour créer une collection, mais je trouve simplement que les groupes proposés ne méritent pas cet effort. Les groupes de la scène dépressive tournent sur une poignée de riffs depuis un bon moment et s'auto-plagient plus que de raison. En tout cas, les groupes présentés ici se limitent à des territoires connus et n'apportent rien de plus que ce qui a déjà été dit par leurs ainés. Et les présenter ensemble ne fait que conforter la redondance de tous ces titres. Bref, je reste circonspect.
De Those Opposed, je vais en rester à des projets ayant une bien plus forte identité, comme NKVD ou Kawir.
connais que le Nox Inferi, sur lequel j'ai le point de vue opposé (pouf pouf) : grosse grosse mabiance hivernale, digne de Geneviève la frigide (re-pouf), ou de Raison d'Etre
on notera que Hateful Abandon (ex-Abandon) a pris quasiment la même pochette qu'Austere/Isolation
Deliverer Of Faith Membre enregistré
Posté le: 24/12/2008 à 10h12 - (66017)
Sur tous ces groupes, je ne connais qu'Austere, et j'avoue que j'aime bien leur album.
Le reste, connais pas, et je dois dire que la kro ne donne pas franchement envie de s'y attarder ;-)
Shooter IP:83.203.193.35 Invité
Posté le: 24/12/2008 à 12h44 - (66028)
Bah moi j'aime bien Bosse, j'avais déja la démo précedente, sombre et triste, pas un album inoubliable, mais j'lui aurai mis un 14, y a des parties qui prennent quand même aux tripes.
Le reste par contre, j'connais que Austere, pas du tout du tout aimé...
T. Membre enregistré
Posté le: 25/12/2008 à 02h42 - (66045)
Hm, du coté d'Isolation j'ai eu l'occasion d'écouter plusieurs fois leurs démos. Bien que ersatz de Silencer (pas mauvais, juste légèrement cliché) je suis étonné de voir la chronique descendre autant le projet.
Un projet pas si mauvais pourtant..
Prince' tu as écouter ce qu'ils avaient fait avant? Comme il n'y a pas de comparaison avec leurs démos.. Un changement musical est possible aussi, d'autant plus que ce sont des nouveaux morceaux. Si tu peux m'éclairer.
Ellestin IP:90.42.162.112 Invité
Posté le: 25/12/2008 à 11h54 - (66047)
rhaaa Prince Velu espèce de truand, l'album d'Austere est quand même de très bonne facture dans le genre, avec un minimum salvateur de variation dans les riffs des passages bien sinistres qu'on s'y croirait à ramper dans la mousse en fuyant l'ombre des chênes :o)
C'est pas du Striborg quoi... Repentir !!!
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Et puis, cinq chapitres traités ici d'un seul coup car je n'aime pas trop me répéter et que Desolation Propaganda propose des groupes œuvrant à peu près dans la même sphère spirituelle. Autant éviter de radoter à mon âge.
Le projet le plus original du lot ouvre la longue marche des chapitres. Bosse est un one-man project américain, en provenance de Brooklyn (New York). Si le nom du bidule vous paraît saugrenu, sachez que l'humain qui est en responsable n'est autre que Richard Bosse. OK, il n'a pas bossé très dur pour trouver un patronyme. Au moins, il a l'avantage de se détacher du peloton des groupes proposés puisque Bosse n'est pas un projet metal.
Musicalement, Bosse officie dans un folk/ambient presque intégralement acoustique. Dans des sonorités proches d'October Falls ou de Sig:Ar:Tyr, Bosse privilégie le minimalisme à des constructions mélodiques entraînantes, voire même simplement accrocheuses. Les 33 minutes de nihilisme et de quiétude sombre proposées par Echoes of the Forgotten s'écoutent agréablement. Mais comme le suggère leur titre, elles s'oublient vite. Et les six titres ne laissent pas de trace dans la mémoire, probablement à cause de la trop grande évidence des accords et de l'absence de prise de risque.
Echoes of the Forgotten ressemble finalement plus à une collection d'interludes qu'à un véritable album, faute de matière à se mettre dans les esgourdes.
Note du chapitre : 10/20
Nox Inferi est un projet australien de black metal. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'il donne dans le minimalisme cher aux ambiances dépressives et misanthropiques. Nous sommes donc repartis pour un assaut de riffs étalés de manière économique dans des titres longue durée. A noter que la voix est ici grommelée bien bas et non un hurlement à la Silencer.
Pour garantir son intégrité, Nox Inferi mise sur une production erratique, en tout cas sans suivi des titres en studio. Il en résulte un changement de son entre les morceaux, allant du dépressif standard jusqu'à une bouillie où Nox Inferi prend le parti pris surprenant de cacher dans le fond de son mix la batterie et les guitares. Dans le second cas, il reste la voix et le synthé, tout devant, et un bourdonnement digne d'une invasion de mouches géantes qui s'avère être le reste de l'instrumentation planquée derrière. Les cymbales ressortent un peu, permettant de donner un peu de rythme à une voix monocorde qui devient le seul point d'accroche.
Gonflé de synthé qui brouille encore plus les pistes, le son général n'est sincèrement pas jobard. Je ne vous cache pas que c'est rapidement chiant à écouter. Il faut attendre une nappe aventureuse ou un hululement plaintif pour se faire réveiller et constater que, non, les 51 longues minutes d'Adverse Spheres n'ont pas fini de s'écouler. Si j'ajoute quelques bends plus qu'aventureux ou des dissonances vraiment "extrêmes" à des morceaux aussi excitants que Jackie Sardou nue, la coupe a été rapidement pleine en ce qui me concerne. Aucun mal-être, aucune ambiance, mais une grosse envie d'arrêter le skeud à chaque rotation.
Note du chapitre : 07/20
Austere entame la danse de ce split, avec deux titres longue durée (près de 14 minutes) et un court interlude instrumental central. Le groupe s'avère dans la mouvance actuelle, à savoir un black gentiment dépressif qui fait tourner deux riffs sans envergure pendant des heures et où se pose une voix hurlée à la Silencer. Si aucune énorme faute de goût ne transparaît de leurs accords plaqués la vague à l'âme, l'absence d'une réelle identité rend le moment longuet. Désolé pour les Australiens, mais c'est exactement le type de sorties que vingt clones par mois font paraître et qui ne peut qu'émoustiller le jeune geek occupé à autre chose sur son PC pendant que Winamp lit les mp3. L'économie de riffs permet au moins de multiplier les sorties, c'est déjà ça. A noter que la production est plus puissante que pour l'album traité un peu plus bas, mais que l'on reste évidemment dans les canons du genre.
Le projet allemand Isolation donne dans un black atmo qui m'a encore plus ennuyé. Que ce soit dans ses parties acoustiques ou dans ses élans black, le groupe reste au ras du sol, sans aucune inventivité. Isolation fait très pâle figure en comparaison d'Ulver ou d'October Falls. La voix claire monocorde, qui flirte avec les limites de la justesse tellement elle est "désabusée de la vie", est un autre élément qui a rendu mon écoute très pénible. Heureusement, le projet reste globalement instrumental.
Note du chapitre : 08,5/20
Revoilà Austere, avec cette fois son premier album, antérieur d'un an au split traité ci-dessus. Le premier pressage avait vu la sortie tape gérée par Winterreich Records et la sortie CD par GoatowaRex. Comme c'est devenu une grande habitude dans le style, Austere bénéficie donc d'un nouveau pressage limité dans le cadre de Desolation Propaganda.
L'album propose 55 minutes, c'est-à-dire 5 titres, de black metal qui a mal dedans son être. Les riffs sont longuement répétés, les tremolos se déroulant sur une batterie pachydermique ou sur des patterns limite guillerets. Ce doux ronronnement n'est troublé que par les hurlements d'une voix à la Silencer. Bref, du très très classique, auquel je ferai les mêmes reproches que pour le split avec Isolation. L'ensemble s'écoute tranquillement, mais justement bien trop pour que le mal-être s'empare de moi.
Note du chapitre : 09/20
Une des nombreuses éditions de cette sortie a déjà été traitée ici. Rien de plus à avouer.
Note du chapitre : 10/20
Au bilan, je crains que Desolation Propaganda ne me soit pas adressé, mais vise plutôt un public en mal de litanies répétitives qui supporte les ersatz de ce qui existe déjà depuis longtemps. Those Opposed a investi du temps et de l'énergie pour créer une collection, mais je trouve simplement que les groupes proposés ne méritent pas cet effort. Les groupes de la scène dépressive tournent sur une poignée de riffs depuis un bon moment et s'auto-plagient plus que de raison. En tout cas, les groupes présentés ici se limitent à des territoires connus et n'apportent rien de plus que ce qui a déjà été dit par leurs ainés. Et les présenter ensemble ne fait que conforter la redondance de tous ces titres. Bref, je reste circonspect.
De Those Opposed, je vais en rester à des projets ayant une bien plus forte identité, comme NKVD ou Kawir.
Rédigé par : Prince de Lu | 09/20 | Nb de lectures : 11582