Lorsque l'on parle de metal instrumental, on a tout de suite tendance à faire un rapprochement avec des groupes jouant dans une mouvance technique et complexe n'ayant au final rien de vraiment metal s'il on reste bloqué sur le heavy/doom/death/black... Et pourtant depuis quelques années des groupes instrumentaux jouant dans une mouvance plus traditionnelle ont fait leur apparition de manière convaincante comme SUZIKITON (croisement stoner/trash surboosté), les fantastiques ADMIRAL BROWNING (dont on reparlera dans ses pages bientôt), ou plus récemment DEVILS OF BELGRADE (heavy/thrash) et surtout BOREAN DUSK qui a frappé très fort avec son premier album.
Faut dire que le quator est assez atypique et unique: un heavy/thrash incisif et épique ponctué de nombreux moments folk celtique (où l'on trouve de la mandoline et bouzouki irlandais, autant dire que le dépaysement est garanti), avec un côté progressif bien poussé puisque hormis l'agressif "Wolf Totem" qui fait tout de même 8min50, la plupart des morceaux tournent autour des 14 minutes avec une pointe à 19min (!!!) sur "Scarab Wings and Scorpions Eyes", même pas peur. Je vous rassure il y a que 4 titres sur cet album pour plus de 50 minutes totalement maîtrisées et qui passent pourtant à une vitesse folle. Les Américains ont suffisament de talent pour agencer leurs morceaux de façon à ce qu'ils soient toujours captivants, variés et étonnement concis.

L'album s'ouvre sur un "Wolf Totem" qui nous permet de découvrir à merveille ce qu'est BOREAN DUSK: longue intro au bouzouki qui pose un côté épique et démarrage direct avec riffs acérés et harmonie de guitares qui nous montrent au passage la belle complicité des deux guitaristes et surtout une belle richesse puisqu'ils proposent des parties différentes, le tout soutenu par une batterie impériale. On est déjà happé par le côté épique qui se dégage et cette ambiance mystérieuse.
"Blood On The Hoar Frost" démarre sur une longue intro folk plutôt guillerette assez plaisante qui monte tout doucement lorsque un riff puissant vient fracassé le tout pour lancer le morceau sur des bases assez énergiques. Le morceau progresse lentement jusqu'à cette partie centrale où la basse prend le dessus avec quelques interventions bien senties, sur fond d'harmonies de guitares, puis le ton se durcit, les riffs sont plus tranchants, c'est bien plus thrashy, le tempo est enlévé, l'ambiance plus pesante et le groupe nous prend à contre pied avec un super solo du bassiste tout de suite suivi d'un solo de guitare aigu endiablé. Ce genre de moment prenant n'est pas s'en rappeller un certain METALLICA de la grande époque. La fin se fait folk et est bien plus apaisé.
Débarque ensuite le pavé de l'album, "Scarab Wings and Scorpions Eyes", avec son étonnante intro typée égytptienne qui installe une certaine tension, la basse se permetant une nouvelle fois quelques envolées vraiment excellentes qui donnent un petit côté improvisé. Le morceau décolle d'un seul coup vers les 4 minutes où le trio en met plein la vue en enchaînant les plans, ça devient plus complexe, mais d'une efficacité redoutable. Les guitaristes s'offrent de purs duels avec des solos bien terribles. Puis le trio reprend son rythme mid-tempo, avec beaucoup d'harmonies, on sent qu'ils prennent du plaisir. Un long passage folk de 2/3 minutes vient quelque peu casser la dynamique, mais l'on retrouve le thème du départ qui dépayse totalement et relance un final électrique avec un riff plus lourd bien puissant. Grosse maîtrise en tout cas, une impression de domination tant le groupe en impose, même si on peut regretter quelques temps faibles mais rien de bien méchant.
L'album se clôture sur l'excellent et musclé "Lord Of The Tundra" où l'on retrouve une nouvelle fois un démarrage folk, cette fois empreint d'un peu plus de luminosité. Le groupe aime faire monter le truc petit à petit, et m'évoque une nouvelle fois les Four Horsemen avec ce début vraiment jouissif, les riffs sont grands, il y a ce feeling épique, l'osmose entre les musiciens est palpable... Très grosse impression, sur ce morceau varié, qui ne cesse de faire des zig-zag, où ils alternent nervosité et finesse (les 4 dernières minutes jouissives en sont le parfaite exemple).

Premier album surprenant et ultra convaincant, pour ce petit groupe sorti de nulle part qui risque pourtant de rester dans l'anonymat le plus complet vu le style audacieux pratiqué ici. Déjà impatient de voir ce que pourront proposer les Américains sur leur prochain effort.
Le genre d'excellente découverte que l'on aimerait faire plus souvent.


Rédigé par : Arnaud | 15/20 | Nb de lectures : 11574