J’en vois certains d’entre vous faire chauffer d’avance leur sulfateuse à l’annonce d’un AUTRE (le 17ème ou le 18ème cette année ?!) skeud starring Rogga Johansson. Même moi qui suis fana du garçon (on est Swedish addict ou on ne l’est pas) j’étais proche de la saturation après le tir groupé de cet été PAGANIZER/REVOLTING… Sauf qu’avec ‘Feast of Flesh’, on tient l'exception qui confirme la règle. Et ce pour une raison toute simple : en plus de se contenter de jouer ici de la basse, Rogga Johansson a enfin changé sa recette et pour une fois évité de recycler dans le désordre tous les riffs de ‘Into the Grave’. Et ce, pour deux bonnes raisons : d’abord parce qu'il a formé pour une fois un groupe à part entière, où chacun apporte un petit ‘plus’ donnant plus de volume à l’ensemble. Si derrière la batterie Morgan Lie de NAGLFAR apporte un jeu plus carré, plus véloce et plus technique, la vraie surprise vient de Ronnie Björström, le batteur de RIBSPREADER converti ici à la guitare et qui s’en sort très bien, notamment en balançant une paire de solos bien hystériques. Mais la vraie star ici reste Kam Lee, le légendaire et impétueux chanteur de MASSACRE dont le mythique ‘From Beyond’ est, de l’aveu même de Rogga son disque de chevet depuis plus de quinze ans. Et si ‘Feast of Flesh’ cartonne autant, c’est que visiblement motivé à 400% à l’idée de jouer avec l’une de ses idoles, Johansson a laissé tomber le death suédois pour être calife à la place du calife et donc confectionner un disque sur mesure. En gros, faire du MASSACRE à la place de MASSACRE. Et nom de Zeus, l’entourloupe marche du tonnerre.

Il faut dire qu’après ce faux retour aux affaires que fut le pétard mouillé DENIAL FIEND, n'importe qui ayant été un jour surpris debout sur son lit avec un stylo à la main en train de beugler « Corpsegrinder » par ses parents sera à la fête ici et aura des frissons dans sa culotte comme une jeune fille à son premier rencard. Car on retrouve ici d’entrée le ‘grand’ Kam Lee. Alors certes, son ton s’est ‘éclairci’ depuis les débuts des années 90 mais il a toujours ce phrasé et surtout cette autorité naturelle dans sa déclamation qui ferait automatiquement s’aligner en rangs serrés n’importe quelle bande de zombies. Cela tombe d’ailleurs bien parce que les dix chansons de ‘Feast of Flesh’ ne tournent pas autour du pot et ne parlent que d’un seul et même sujet : le cannibalisme. D’ailleurs, de l’homme au saucisson, il n’y a qu’un pas, franchi dès l’introduction où l’on entend le cri strident de porcs sûrement pas en train de s’échanger des fiches-recettes de ‘Marie-Claire’.

Donc à partir du moment où l’on est fan de ce type de death ou du bonhomme, toute résistance est inutile : grosse prod, trois invités de marque - Killjoy de NECROPHAGIA, Stevo d’IMPETIGO et Dopi de MACHETAZO, chacun sur un morceau - du mid-tempo bien lourd avec les petites accélérations old-school qu’il faut derrière, des morceaux super accrocheurs tournant tous entre trois et quatre minutes… Seule cette immonde pochette même pas choquante mais juste moche gâche un peu cette bouillabaisse sinon bien ragoûtante. Carton plein donc, qui arrive à point nommé pour redorer le blason d’un Kam Lee qui, depuis son retour dans la scène il y a trois ans environ, a surtout multiplié les projets avortés et les effets d’annonce tombant à l’eau, histoire de rappeler qu’il reste une grande gueule avant d’être un grand chanteur. Sauf qu’avec BONE GNAWER, il a enfin fermé (du moins, pour l’instant) sa boîte à coucou pour se concentrer sur ce qu’il sait mieux faire. Et là, on se dit que non seulement le lion n'est pas mort ce soir mais en plus, il rugit toujours aussi fort... Après, s’il vous faut vraiment un dernier argument, dites-vous que ‘Feast of Flash’ est un peu le genre de disque, mais avec la vivacité en plus (et donc les pétards en moins ?!), que SIX FEET UNDER n'arrive plus à faire depuis le siècle dernier. Donc garde-à-vous !




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16,5/20 | Nb de lectures : 10859