“ ...Avis de tempête sur la Grèce. La jeunesse anarcho-étudiante a décidé d’en finir avec le pouvoir capitaliste, bourgeois et autoritaire. Les jeunes sont dans la rue, le sang coule, le feu brûle, il pleut des cocktails Molotovs. La Grèce a peur...”
Si les médias étaient mieux informés, ils sauraient que certes, l’antisocial a tendance à perdre son sang froid, surtout lorsqu’on le tire à vue, mais que la cause de ces échauffourées est plus profonde.
Car non messieurs les journalistes, il ne s’agit pas d’une révolte face à l’arbitraire, d’une fronde nourrie par la crise, le chômage, la détresse, l’anticapitalisme outrancier, l’irrespect des gouvernants. Ces bonnes excuses servies par des râleurs gauchistes (toujours), des cossards d’ouvriers malpropres et mal élevés (souvent les mêmes).
Non, en vérité, je vous le dit, les Grecs ont plus que tendance à être brutaux. Et la sortie de “Payback in Brutality”, littéralement (ou presque) “vengeance brutale”, en juillet dernier n’est pas étrangère aux déchaînements de violence de ces derniers temps. Selon certaines rumeurs, l’album en serait même la cause. Hush-Hush!
Voilà ce que l’on devrait lire dans les journaux dits sérieux.

Bien sûr, ce ne sont pas toujours les événements les plus importants qui boutent le feu aux poudres, et sans leurs compatriotes d’INVERACITY ou de TERRORDROME, la Sainte Barbe grecque (rien à voir avec un patriarche orthodoxe) n’aurait pas explosé. “Payback in Brutality” n’est donc pas LA sortie majeure du Death Metal hellène mais l’oeuvre d’élèves appliqués à marcher dans les pas de leurs maîtres, les divins SUFFOCATION.
BLUSTERY CAVEAT pratique un Brutal Death dans la veine de ce que nombre d’Européens interprètent comme étant le style US. Des riffs sourds, profonds qui oscillent entre linéarité et accords martelés. Efficacité, et lourdeur. “Payback in Brutality” fait énormément penser à PYAEMIA, ou à INVERACITY dans leur simplicité énergique où rien ne s’exacerbe. Ni virtuosité instrumentale, ni songwriting génial et torturé, juste une putain d’efficacité qui donne du ventre au moment de jeter ton cocktail, quand l’adrénaline qui fuse dans tes veines te commande de tourner casaque.
Les références aux Grands Anciens se retrouvent aussi dans la production mate et suffocante, au son grésillant de transistor pour les guitares... Si l’inspiration avait pu être poussée jusqu’au chant, plutôt limite et gargouillant dans son manque de capacité à sonner profond, ainsi qu’à la batterie qui ne se révèle être qu’une pâle copie de celle de Mike Smith, le résultat aurait sans doute été encore plus probant.

Ces quelques défauts ajoutés au manque de break-down ou de riff réellement accrocheur font de “Payback in Brutality” une sortie plus qu’honnête pour le style mais loin encore de l’oeuvre inspirée et personnelle qui tournera encore quelques années. Un objectif très relatif dans une société rongée par le consumérisme où la durée de vie d’un disque, pardon d’un mp3 n’excède pas quelques écoutes. Dans ce monde pourtant carbonisé à coup de bouteilles d’essence par ceux que ce constat révulse, BLUSTERY CAVEAT l’annonce: la tempête est proche et la vengeance sera brutale.
Taintaintaiiiinnn.


Rédigé par : La Myxine | 13/20 | Nb de lectures : 10264