Signature étonnante il y a quatre ans pour Magic Circle, le label de Joey De Maio (MANOWAR) jusque là quasi exclusivement concentré sur RHAPSODY, LUCA TURILLI et bien sûr MANOWAR, BLUDGEON enrichit maintenant son catalogue d’un peu de power metal stéréotypé à la PANTERA dont la notoriété risque cependant de rester aussi confidentielle que l’enthousiasme suscité par son dernier disque…

Certains styles ont moins bien vieilli que d’autres, et si ce type de métal massif principalement axé sur les rythmiques et le gros son (pour l’époque) cartonnait dans la première moitié des années 90, il semble maintenant bien désuet et mou, d’autant plus quand le groupe qui s’engouffre dans cette voie n’a pas le talent des PANTERA et OVERKILL, alors maîtres du genre. La grosse caisse excessivement triggée n’arrange rien et fait perdre aux guitares pas mal de leur puissance du fait de sa présence pour le moins agaçante.

Malgré de timides tentatives pour dynamiser les compos (la fin rapide de « Unholy Murder », les blasts à la CANNIBAL CORPSE de « Awakening »), « World Controlled » reste poussif, les vocaux ternes, les accords répétitifs et inintéressants. Pourtant, avec ses faux airs de Phil Anselmo (PANTERA), la voix crossover de Marc Duca aurait pu combler ce manque d’imagination au niveau des riffs mais là encore BLUDGEON se contente du strict minimum et ne semble faire aucun effort pour rendre leurs morceaux plus accrocheurs, ressortant invariablement les mêmes lignes de chant.

J’étais complètement passé à côté de leur premier album, « Crucify The Priest », qui semble être plus orienté thrash death, alors je ne sais pas dans quelle mesure l’évolution du groupe est sensible. Il s’expose toutefois à la désertion des fans de la première heure qui pourraient rejeter son penchant assumé pour le hardcore (le chant, encore lui), et lui reprocher l’abandon quasi total du death metal hormis de brèves et sporadiques réminiscences au détour d’un riff. Peut-être « World Controlled » n’arrive-t-il pas au bon moment, puisque de nos jours c’est le hardcore qui se métallise (il n’y a qu’à jeter une oreille sur l’écurie GSR) et non l’inverse comme il y a quinze ans, mais cela ne suffit pas à expliquer l’ennui qui s’installe à chaque fois qu’il tourne dans ma platine… C’est désolant pour BLUDGEON qui croit à fond en sa musique, mais son deuxième album a plus sa place dans l’armoire à pharmacie, à côté des somnifères.


Rédigé par : Dungorpat | 09/20 | Nb de lectures : 12518