Les kros qui thrashent – Episode 2 : Les disciples appliqués

Dans le premier épisode , nous avons fait la connaissance des DECADENCE, qui se sont donné la mission de faire retrouver au thrash sa superbe des années 80, une mission dont ils s’acquittent avec une surprenante réussite. Artistiquement parlant tout au moins : pour les chiffres de ventes, ce sera sûrement une autre affaire… Heureusement, ils ne sont pas seuls dans leur combat, et bien qu’ils soient plus âgés que les Suédois, les guerriers de BLOOD TSUNAMI, qui font figure de disciples plus que de leaders pour plusieurs raisons que nous évoquerons plus loin, sont déterminés à leur prêter main-forte.

Leur premier album, à la pochette presque plus manowarienne que celles de MANOWAR, délicatement nommé « Thrash Metal » par certainement le même poète qui a trouvé le patronyme du groupe, balaie en effet d’un coup de faux ensanglantée tout doute quant à son contenu. J’aurais bien aimé l’éviter, mais il est impossible de ne pas jouer au jeu des sept ressemblances tant elles sont mises en avant : SLAYER, KREATOR, METALLICA, un soupçon de MAIDEN et de MEGADETH (« Killing Spree »), et vous avez les principaux constituants de « Thrash Metal ». En même temps, quand on appelle son album comme ça, on ne peut guère faire autre chose que s’inspirer de ce qui a déjà été fait, et dans ce domaine les trois premiers cités constituent une bonne base de travail. On trouve donc du riff sautillant à la KREATOR (« Let The Blood Rain »), du chorus incantatoire à la SLAYER (l’instrumental « Godbeater », « Evil Unleashed »), des plans rythmiques à la « Orion » (METALLICA)… En règle générale, ça tabasse, ça braille, ça mitraille à la double, pas de quartier faut que ça saigne !

Les Norvégiens (qui ont débauché Faust (ex-EMPEROR, ABORYM) pour venir marteler les fûts) ne sont pas allés chercher bien loin leur matière première, ce qui ne serait pas un gros problème s’ils l’avaient utilisée avec la même finesse que DECADENCE. Mais BLOOD TSUNAMI se contente trop souvent de faire du copier coller et même si les assemblages cartonnent on reste toujours parfaitement conscient de la véritable origine de ces accords, solos, accès de fureur rythmiques, etc. Un morceau se détache largement du lot, un instrumental de dix minutes qui, s’il présente les mêmes défauts que les autres, est tellement bien ficelé et, disons-le, jouissif pour tout amateur de thrash, qu’on lui pardonne tout. Construit comme les inoubliables et regrettés instrumentaux à tiroirs de METALLICA, il démarre sur un riff doom sabbathien qui en à peine deux minutes sera allé faire un tour du côté de chez SLAYER, METALLICA et DEATH. Comme une table des matières chapitrant les huit minutes à venir, cette introduction annonce selon les sensibilités le pillage honteux ou le voyage euphorisant dans le passé qui va suivre. Honteux parce que oser pomper le solo de « Fade To Black » (entre autres) et en donner une réinterprétation minable est inexcusable, parce que se contenter de reproduire des plans archi connus ne mérite aucune félicitation, mais comme je l’ai déjà évoqué plus haut, le montage est correct et les Norvégiens parviennent malgré tout à donner le change.

« Thrash Metal » n’est donc pas un mauvais album, loin de là, mais son absence totale d’identité joue contre lui. BLOOD TSUNAMI défend avec vigueur les valeurs du thrash old school, mais la vague déferlante n’en est encore qu’aux premières ondes.




Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 11441