Quoi de mieux que de faire une grasse mat’, un repas frugal à midi et un petit passage sur VS tranquillou après les titres du journal ? En plus y’a toujours moyen de bien démarrer la journ… l’après-midi en découvrant un bon groupe dans les news. Un jour, je tombe sur une news de BLOOD STAIN CHILD. « Cool, un groupe de mélodeath moderne avec un peu d’électro, je connais pas ! y’a moyen que j’aime ! ». Je pianote alors un peu pour trouver un extrait, finissant par tomber sur YouTube et sur le clip de "Freedom" d’un des précédents albums. Résultat : j’ai tenu une minute avant de vomir tout le repas !

Mais quelle horreur !
Bon par conscience professionnelle, et surtout vu que j’ai accepté de chroniquer le dernier méfait de ces Japonais allumés, Epsilon, j’ai quand même écouté l’album entier comportant le single "Freedom", à savoir Mozaiq (2007). Bah je suis un peu étonné des nombreuses réactions positives qu’il a recueilli ici, surtout quand on sait la tolérance légendaire de certains de nos commentateurs pour les clones d’IN FLAMES, le mélodeath popisant et l’intégration d’éléments Trance/Dance dans quelque chose à base de Metal (sacrilège s’il en est). BLOOD STAIN CHILD pratique pour moi un mélodeath pas dégueulasse mais déjà entendu 1000 fois, avec des effets Trance/Dance d’assez mauvais goût. Etant pourtant fan de trucs bien kitschouille, comme certains combos finlandais style FEAR OF DOMINATION, SHADE EMPIRE ou TURMION KÄTILÖT / 2 TIMES TERROR, avec ces Japonais ça ne passe tout simplement pas, même si l’aspect purement Metal tient la route. Mais bon, pour leur 5ème album le groupe a choisi d’évoluer, mais alors de quelle manière…

Exit le chanteur clair, Sadew (qui avait pourtant une très bonne voix), bienvenue à la chanteuse… grecque, Sophia. Bien intégrée au groupe en étant sapée en gothic-lolita sur les photos promos, d’ailleurs (ils n’ont pas peur des clichés, on dirait). Si la recette instrumentale ne change pas d’un iota, à savoir des compos coincées entre de la repompe sans vergogne de IN FLAMES, DARK TRANQUILLITY et SOILWORK (cf. "Unlimited Alchemist" et le début de "La+") et des riffs metalcore simplistes mais efficaces, le reste connaît quelques petits changements. Les parties Techno/Trance/Dance sont toujours aussi cheesy et passablement inappropriées, mais un peu moins mises en avant (ouf) et mieux intégrées au reste, mais du coup c’est le chant de Sophia qui se taille la part du lion. Et il est partout ! La donzelle néo-otaku est surexploitée, les screams de Ryo sont d’ailleurs relégués au second plan et carrément sous-mixés, bon heureusement car ses screams trop typés Metalcore manquent tout de même cruellement d’intérêt, à part pour assurer l’aspect « extrême » de la musique de BLOOD STAIN CHILD.

Mais le problème n’est donc pas la voix de Sophia, qui est très jolie, mais son exploitation : en plus d’être partout, sa voix est vocodée la plupart du temps, et le rendu est carrément immonde. Ça passe bien mieux quand le vocoder est rangé au placard (cf. "Stargazer" avec son refrain plutôt entêtant). Alors certes, tout ceci est fait pour donner un aspect jeu vidéo nippon cyber façon Final Fantasy (récent), la pochette annonçant clairement la couleur (pochette que je trouve très réussie, une « Samus Aran néo-punk » disait un VSeur dans une news : c’est exactement ça et ça me plaît), mais le rendu global est à mon sens assez indigeste. Certains passages retiennent l’attention, comme les riffs bien percutants de "Sirius VI", "S.O.P.H.I.A" ou "Unlimited Alchemist", et globalement la composante « Metal » de la musique de BLOOD STAIN CHILD est tout à fait correcte. Le mix mélodeath/techno-trance fonctionne parfois, notamment le très entraînant "Electricity", mais la plupart des parties electro sont gnangnan et sucrées à souhait ("Dedicated to Violator", "Merry-Go-Round"), et certains refrains assez cheesy sont quand même particulièrement vilains ("S.O.P.H.I.A", "Moon Light Wave").

Bref, si le côté purement mélodeath/metalcore tient toujours la route (avec une prod excellente assurée par les deux zicos de DISARMONIA MUNDI), on est ici à des années-lumière du côté classique mais catchy de Mozaiq. L’originalité est de mise (à fond !), mais Epsilon dégouline d’un mélange surdosé electro/metal par tous les pores. On se moquait allègrement d’ATTACK ATTACK! avec son metalcore à deux balles, son vocoder et ses passages techno : ces trois élements se retrouvent ici (on pardonnera l’aspect visuel qui colle au concept très… japonais du groupe). En perdant son originalité (c’est-à-dire tout le côté electro bien sucré), BLOOD STAIN CHILD pourrait gagner en efficacité, car l’exécution de leur mélodeath, certes très influencé, est tout à fait honnête. A croire que les Japonais sont restés bloqués aux albums Live de CHILDREN OF BODOM et IN FLAMES enregistrés en leurs contrées, et c’est bien dommage. Peut-être que les otaku ou ceux qui prennent ce groupe au second degré pourront apprécier Epsilon à sa juste valeur, pour ma part je préfère passer mon tour et rester avec mes combos finlandais, même si ce disque renferme quelques passages bien sympathiques. So dear Japan : Once again, WTF ?! Sincerely, the rest of the world.


Rédigé par : ZeSnake | 11/20 | Nb de lectures : 18412