Il faut parfois beaucoup de persévérance à un chroniqueur pour rédiger un texte qui soit respectueux de l’artiste dont il a la charge d’”apprécier” le travail.
Une chronique négative est d’ordinaire facile à écrire et cette fois, j’aurais pu me limiter à cette facilité. Certes, le respect du chroniqueur qui ne reçoit pas (encore) 100 cds promos par mois et qui peut se permettre de nombreuses écoutes est plus aisé, mais lapider un disque en trente lignes quand des musiciens ont passé des mois passionnés à sculpter des morceaux... C’est décidément trop facile, et la persévérance, parfois, adoucit les opinions.
Après de nombreuses écoutes, et au final quelques mois de délai, voici donc enfin quelques lignes sur le dernier effort de BLOOD RED THRONE.
Je vous épargnerai les jeux de mots puérils qui tendraient à rapprocher un trône sanglant d’une crise hémorroïdaire aigüe pour me borner à parler, enfin, de musique.

Il faut l’avouer, avant de recevoir “Come Death” je ne connaissais BLOOD RED THRONE que de nom, mais la présence dans le line-up de Tchort (ex-EMPEROR, SATYRICON) et d’Erlend Caspersen, maître Jedi et mercenaire de la 4 cordes laissait à penser que la qualité serait au rendez-vous...
Les premières écoutes de “Come death” m’ont plongé dans un ennui proche de l’aboulie. Les compositions souvent mid-tempo, pesantes, aux riffs convenus et entendus mille fois prenaient le pas sur toute volonté consciente de me concentrer sur la musique. BLOOD RED THRONE a visiblement fait de “Come Death” un retour aux racines du Death où se côtoient les influences majeures de ce style, en particulier CANNIBAL CORPSE (“Taste of God”, par exemple, tient carrément du clonage) dans une volonté de les actualiser et de les redynamiser. Hélas, les riffs tournent en boucle sans franchement se renouveler ni présenter quelque chose de nouveau... Impression de Déjà-Entendu.

Parfois, l’ennui a du bon. L’oreille dans sa distraction se focalise brutalement sur des sonorités qui lui rappellent quelques souvenirs: un pont qui fait furieusement penser à DEATH sur fond d'arpèges de basse « DiGiorgesques ». Quelques lignes qui semblent venir tout droit d’un “Dream of the Carrion Kind”. Une excellente reprise de “Disincarnated” (décidément) du regretté GORGUTS accentue encore la nostalgie.
Il est regrettable que BLOOD RED THRONE n’ait poussé plus loin ce qui aurait pu être un véritable hommage aux racines 90’s du Death, ne laissant que quelques pépites trop subtilement disséminées au milieu de riffs classiques et même basiques. Il est tout aussi regrettable que BRT se soit séparé de son précédent vocaliste à la voix profonde, granuleuse et qui apportait beaucoup plus de personnalité que Vald aujourd’hui.
Seul point fort indiscutable du groupe : la basse. Il est rare d’entendre une production aussi axée sur cet instrument de nos jours et BRT a eu l’intelligence de la mettre suffisamment en avant pour que chacun puisse apprécier la qualité des lignes d’Erlend Caspersen. Elles offrent souvent un parfait contrepoint aux mélodies des guitares, pimentent les compositions de soli, de tappings. Un grand bassiste de Death.

“Come Death” n’est pas un mauvais album, loin de là. La production est bonne (si l’on aime le son très médium et grésillant des guitares), les chansons efficaces et assez variées pour faire oublier le manque d’originalité des riffs. Pas un mauvais album, mais un disque qui aurait pu être tellement plus qu’un produit de plus dans les bacs.


Rédigé par : La Myxine | 11/20 | Nb de lectures : 10955