C’est à se demander parfois, si certains musiciens n’ont pas le don d’ubiquité pour s’investir dans plusieurs projets radicalement différents avec le même enthousiasme, le même savoir-faire. On connaissait la faim insatiable des Dan Swano, Shane Embury et autres Steven Henry et voilà que Tchort ajoute son nom à la liste des musiciens souffrant de priapisme métallique aigu. Ainsi, après un nouvel album nuancé de GREEN CARNATION et avant les ténèbres nécrotiques du prochain CARPATHIAN FOREST, quoi de plus idéal pour se relaxer qu’un nouveau disque de BLOOD RED THRONE ?
Quelques deux années après le sanguinolent « Affiliated with the suffering », le groupe de Tchort revient à la charge pour une « genèse altérée » dotée d’un artwork sans l’ombre d’un globule rouge : une première dans leur discographie. Ce retour de BLOOD RED THRONE n’est pas à prendre à la légère car, même en faisant abstraction des qualités de ce nouvel opus, le curriculum vitae de Tchort, qui n’a de court que le nom, justifie à lui seul une attention toute particulière. Il est vrai que le Monsieur en question s’est d’avantage distingué dans le milieu black que dans celui du death et que la Norvège n’est pas exactement reconnue pour exceller dans le genre. Pourtant BLOOD RED THRONE avait déjà marqué les esprits avec deux albums et un mini cd qui n’avaient de norvégiens, que leurs exécutants. « Altered Genesis » ne déroge pas à la ligne de conduite tracée par le groupe depuis ses débuts : c’est du côté de la Floride que proviennent les références du quatuor. Oui, je dis bien quatuor, car nos compères n’ont toujours pas réussi à s’accaparer les faveurs d’un batteur fixe. Pour l’occasion c’est Bernt A. Moen (GREEN CARNATION) qui a offert ses services pour cette nouvelle galette et comme le garçon est un bon cogneur, on ne perd pas au change pour compléter cette formation qui maîtrise son art à la perfection. Impensable de parler de BLOOD RED THRONE sans faire référence aux premiers albums de MORBID ANGEL ou DEICIDE (comme l’avait déjà souligné notre vénérable Loufi lors de son analyse du précédent cd du groupe) et pourtant il apparaît comme réducteur d’enfermer le gang norvégien dans le marasme d’une éternelle resucée. Le travail de composition du duo Tchort et Dod et l’interprétation qui en découle, se révèlent ici prodigieux. Avec un album à multiples facettes qui voit se succéder des riffs tonitruants (« Eye-licker ») agrémentés parfois de mélodies erratiques (« Ripsaw Resentment »), des blasts hypnotiques (« Incarnadine Mangler » ), des breaks puissants servis par un grand sens de l’efficacité, BLOOD RED THRONE répond aux attentes d’un public lassé par d’éternelles rengaines. Combien de changements, de tempos, de variations se succèdent ici avec la même maestria ? Difficile à dire
Du côté des vocaux, le chant de Mr Hustler est monocorde d’un bout à l’autre de l’album. Mais ce qui est souvent un travers pour bien des groupes, se révèle ici un atout pour renforcer la froideur qui se dégage du death métal sans âme de BLOOD RED THRONE. Quoi de plus idéal que les growls de cette voix déshumanisée pour conforter l’atmosphère glacière d’ « Altered Genesis » ? L’autre petit plus provient incontestablement de cette production suédoise qui fait ressortir à la perfection chacun des instruments sans avoir recours à un mixage écrasant et formaté. Quel plaisir que d’entendre la basse claquer vigoureusement sur un bon disque de death, brutal et inspiré !!! Et dire qu’il fallait un groupe norvégien pour redorer le blason terni du death Floridien …
A écouter en boucle, d’urgence…


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 12023