Atteint d’une boulimie créatrice qui l’oblige à nous dégueuler presque semestriellement une nouvelle flopée de titres souvent bien sentis, Neil Smith alias Night Stalker alias Maniac Neil a prouvé depuis belle lurette que son talent n’était pas soluble dans son volume de travail ou, qu’en d’autres termes, la quantité rimait invariablement avec la qualité.

Figure de proue multi instrumentiste de FRIGHTMARE, BLOOD FREAK ou encore MANIAC KILLER, ex-membre de WHORE(US) et LORD GORE, rien ne semble vouloir freiner l’ardeur de « Neil le Maniac » dont on nous annonçait, voilà peu de temps, un énième projet en compagnie du légendaire Stevo d’IMPETIGO (à ne pas confondre avec son homonyme trépané de Jackass).

Ainsi, à peine quelques mois après « Live fast, die young… and leave a flesh eating corpse » revoilà Neil Smith pour un troisième album entièrement composé par ses soins et sur lequel il assure toutes les parties instrumentales et vocales à lui seul. En fait, la seule partie de l’album qui ne porte pas la patte Maniac Neil se résume aux textes imputables, à quelques exceptions près, à Bill Nocera, le label manager de Razorback. Une petite apparition de Dave Graham (alias Gurge dans LORD GORE) venu concocter une intro de synthé Bontempi à la John Carpenter et planter quelques growls ici et là et hop, voilà la dream team de BLOOD FREAK sur les rails d’une nouvelle tuerie death/thrash.

Fidèle à un concept réunissant ce cinéma d’horreur de série B qui hérissait le duvet des tendres ados boutonneux des 80’s et d’un death/thrash juvénile dans son approche, Neil Smith nous a encore gâtés avec pas moins de 13 nouveaux morceaux souvent taillés dans le même granit. Comment rester de glace à l’écoute de ces titres irrésistiblement accrocheurs qui n’ont d’autres buts que de faire taper joyeusement du pied et hocher les têtes en cadence.
Alors que d’autres s’échinent à trouver l’ingrédient magique qui fait idéalement prendre la mayonnaise, Neil Smith a le don inné de savoir mettre en place des chansons variées, des riffs de tueur pas originaux pour un rond et pourtant pleins d’une fraîcheur qui fait trop souvent défaut par les temps qui courent. Loin de tout exercice de style, de tout concept, le leitmotiv de BLOOD FREAK reste une efficacité à toute épreuve et un savoir-faire indiscutable.

Ainsi, « Multiplex Massacre » nous fait parcourir une nouvelle galerie de portraits, de créatures, de tueurs monstrueux souvent traités avec humour. Neil Smith nous balance des lignes de chant conçues comme des dialogues entre deux voix très « carcassienne » et une musique principalement thrash et death qui se laisse parfois porter jusqu’à des plans plus heavy, plus speed metal mais également plus doom comme sur de l’excellent « Roadkiller ».

Touche à tout de génie trop peu médiatisé même dans l’underground, compositeur émérite qui nous réserve, à coup certain, de futures pièces maîtresse, rien ne semble pouvoir arrêter la verve créatrice de Maniac Neil. « Multiplex Massacre » s’inscrit donc dans la continuité logique de son œuvre. La rumeur prétend que ce troisième album de BLOOD FREAK serait le dernier de la série. Gageons que c’est encore une mauvaise farce, comme celles dont Mr Smith a le secret, ou que BLOOD FREAK ne s’arrêtera que pour laisser plus d’espace à un autre projet toujours plus décapant.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 11124