Tout seul dans son coin et en trio depuis quatre ans, BLOODY SIGN continue son bonhomme de chemin en marge du reste de la scène française, préférant s’entasser dans un van pourri pour vingt dates à l’arrache en Amérique du Sud plutôt que d’attendre sur son cul qu’une tête d’affiche passe à un jet de pierre de chez eux afin d’éventuellement en faire la première partie pour crâner devant les potes. Et surtout, les Alsaciens continuent de suivre à la lettre le ‘petit guide de l’underground illustré’ à coups de sorties ‘cultes’ là où leurs contemporains préfèrent multiplier les pages myspace et le merchandising outrancier. Or après un split en 2006 avec RADEMASSAKER, il manquait justement à leur attirail un bon vieux 45 tours des bois bien à eux. C’est désormais chose faite, qui plus est sur Blood Harvest Records, le label qui monte pour ceux qui aiment leur death-metal bien crasseux sous les doigts et rétrograde.

Enregistrés à l’automne 2007, ces trois nouveaux morceaux restent globalement dans la lignée du death-metal bestial à la INCANTATION qui est un peu leur marque de fabrique. Mais plus chaotiques, plus rapides aussi, ils laissent désormais transparaître un côté plus occulte qu’avant, les trois titres s’articulant d’ailleurs autour du même concept ésotérique (pour ceux qui veulent s’y tenter, une feuille contenant toutes les paroles est incluse). Mais surtout, leur musique est devenue presque plus viscéralement méchante, presque australienne (les fans de CORPSE MOLESTATION et ABOMINATOR me comprendront) dans l’âme, avec de nouveau ce côté cradingue qui leur va si bien et qui avait été un peu gommé par la production trop propre sur soi de Luca Minieri d’ILLOGICIST sur ‘Explosion of Elements’. Le meilleur titre du lot est le dernier, « The Will of Nothingness » épique (presque huit minutes !) et bien malsain, alors que leur batteur Ilmar s’est lui fait plaisir en s’offrant un mini-solo sur « The Will to Adore » ! Seul reproche : cette fâcheuse impression que tout cela finit d’une façon un peu abrupte car on en aurait bien repris une louche. Les contraintes du temps du format sans doute…

Bref, BLOODY SIGN semblent se bonifier vraiment avec l’âge et cela n’annonce que du bon miam-miam pour leur futur troisième album, prévu pour l’été prochain. Le seul défaut de ce EP à la pochette bien ‘ivôl’ ?! Ces photos individuelles signées par un certain Tonton, personnage que vous n’avez pas intérêt à croiser un soir de pleine lune dans une allée sombre. Mais que voulez-vous ma bonne dame, on ne peut pas tout avoir dans la vie…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 4/5 | Nb de lectures : 10861