Si on avait dit un jour à Mille Petrozza de KREATOR ou à Tom Angelripper de SODOM que près de trente ans après leurs premières éructations sous leurs noms de groupes respectifs, ils influenceraient encore une tripotée de formations, ils nous auraient certainement regardés d'un œil suspect, ou auraient d'emblée levé un peu le pied, histoire, on ne sait jamais, de ratisser plus large que prévu et de jouer le Top50.
Donc, on a bien fait de ne pas leur dire, finalement...

Cette petite introduction vous aura certainement mis la puce à l'oreille : le domaine de BLOODWRITTEN, c'est ce Thrash qui beute, d'origine allemande, qui a jadis bercé nos tympans à peine (en tous cas pour les miens) sortis de leur période Benny B. et Glenn Medeiros. Le groupe étant polonais, ce choix n'est pas si étonnant que ça, la proximité géographique ayant certainement grandement contribué à la propagation du riff germain dans ces contrées à l'époque. Récemment signé chez Witching Hour, qui héberge également LOST SOUL, HELLBORN ou encore ABUSED MAJESTY, récemment chroniqué dans ces pages par notre ptit biscuit à nous, BLOODWRITTEN va bénéficier d'une exposition jusque-là bien moindre, le groupe s'étant jusque-là débrouillé tout seul pour sortir ses albums et EP. La gloire n'est peut-être pas encore au bout du chemin, mais une certaine forme de reconnaissance, on peut le souhaiter.

Parce que comme son titre l'annonce fièrement, cet album est une véritable furie Thrash, une cavalcade frénétique à peine ralentie par quelques pauses pour recharger et aiguiser les baïonnettes. Oui, les baïonnettes. Ces gars-là travaillent à l'ancienne, et même s'ils sont passés par les studios Hertz (surpris, hein!?) pour leur deuxième album « Iniquity Intensity Insanity », ils sont allés cette fois au Sophiria Studio qui leur a offert un son plus rugueux convenant parfaitement aux riffs acérés et aux rythmiques tranchantes du disque. Le mastering de Szymon Czech (NON OPUS DEI, TVANGESTE, SCEPTIC) n'y est certainement pas étranger non plus : les niveaux sont homogènes, rien n'est mis plus en avant que le reste et chaque instrument, vocaux y compris, bénéficie d'un son précis, qui s'apprécie particulièrement sur les passages rapides, qui constituent 95% de « Thrashin' Fury ».

BLOODWRITTEN a donc peut-être des goûts douteux en matière de pochette de disque, mais sait où frapper dès qu'il s'agit de faire causer les amplis. Constamment, ou presque, à fond, le groupe rappelle les premières années de KREATOR et SODOM, avec une pointe de mélodie en plus dans les solos et des breaks qui font penser à la scène Thrash US de l'époque. Les corpsepaints et les vocaux criards, qui se situent entre les aigus de Mille Petrozza et les grognements plus sombres d'Angelripper, sont les seuls éléments Black qu'on puisse relever sur l'album, et si le groupe a démarré sa carrière en officiant dans ce style c'est maintenant un Thrash tout ce qu'il y a de plus authentique qu'il balance. Dix morceaux délicieusement haineux et jouissivement caricaturaux, qui , en plus, imaginez, sont vraiment très bons!!! On a du bon riff, de la rythmique qui tronçonne, un batteur au jeu restreint mais qui tape sans arrêt, des solos recherchés et même des breaks qui passent bien. Le sentiment de déjà-vu qui nous assaille dès le premier son de « Thrashin' Fury », celui d'une arme à feu qu'on arme, passe rapidement au second plan, la férocité des morceaux faisant tomber toutes les réticences. Les Polonais n'ont pas simplement enregistré un album fait de collage de riffs recyclés, ils ont tout simplement écrit des morceaux qui, s'ils étaient parus vingt-cinq ans plus tôt, auraient fait un carton. « Thrashin' Fury » est un excellent album de Thrash brutal, tout bêtement!


Rédigé par : Dungorpat | 15,5/20 | Nb de lectures : 12007