Sus à l’injustice ! Et rendons à la scène black/thrash polonaise la place qu’elle mérite, trop souvent squinshée qu’elle est par sa concurrente scandinave et notamment suédoise. Une belle connerie d’ailleurs soit dit en passant, vu que nos amis (plombiers ?!) pollacks ont en général le surplus de crasse naturelle donnant au genre cette saveur amère si essentielle à sa réussite, comme le prouve d'ailleurs ce split CD de la plus pure tradition avec pochette noire et blanc bien cliché, ceinture à balles et tout le bazar…

Ceci étant dit, s’il y a bien un groupe que cette première moitié split CD squattée par BLOODTHIRST rappelle, ce sont justement, ô ironie, les regrettés HYPNOSIA. Des Suédois méconnus dont l’unique album, ‘Extreme Hatred’, (2000) reste un bien bel exemple de retro-thrash haineux à souhait. Alors sans être extraordinaire, le premier album de BLOODTHIRST, ‘Let Him Die’, avec le chanteur/guitariste de STRANDHOGG, se laissait gentiment écouter, avec sa panoplie complète du petit KREATOR illustré, mais sans le côté bordélique que l’on peut trouver chez les groupes sud-américains par exemple. Or avouons-le tout de suite : ces quatre nouveaux morceaux, plus une intro inutile, sont plus anecdotiques. Déjà parce que les deux nouveaux titres originaux (« Assasination is Absolute » et « Of Bestiality in our Veins ») marquent un peu le pas niveau tempo. Puis parce que les deux reprises qui les accompagnent sont des plus convenues. A la limite, si leur relecture du vieux classique de VENOM « 1000 Days in Sodom » colle à la culotte l’original, solo de basse inclus, leur version du « Immortal Rites » de MORBID ANGEL est limite plus intéressante car elle permet de faire ressortir les racines thrash du titre d’ouverture du mythique ‘Altars of Madness’.

Les choses se gâtent un peu avec EXCIDIUM, groupe fraîchement formé dont je n’avais auparavant jamais entendu parler et dont la carte de visite ne risque pas de déclencher l’hystérie. Le pire est que le groupe est un chouia plus évolué que BLOODTHIRST. Histoire de schématiser, et de coller au contexte, si ces derniers sont restés bloqués sur ‘Show No Mercy’, EXCIDIUM, eux, sont plus branchés par le côté plus, euh, progressif de l’album suivant de SLAYER, ‘Hell Awaits’. Sauf que miracle, ou malédiction, le résultat ne se ressent que plus… Cliché. Difficile à expliquer, surtout que ces quatre gamins ne ménagent pas leur peine, mais cela ne passe pas vraiment. Et l’abruti qui leur a servi d’ingénieur du son leur savonne bien la planche, vu qu’il s’est senti obligé pour on ne sait quelle raison de trigger leur batterie SAUF la caisse claire malencontreusement sponsorisée par Téfal (on va appeler cela le syndrome St Anger)… Dans un élan de générosité, on sauvera malgré tout du bûcher les rares solos et leur reprise de RAZOR (« Evil Invaders »), attendue certes mais utile car rappelant, une fois n’est pas coutume, combien ces Canadiens ont aussi compté dans le mouvement thrash-metal.

Du menu fretin pour les fans de THRONEUM en manque de sensations plus thrashy donc ? En tous cas, pas le split du siècle.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 10/20 | Nb de lectures : 10215