Tiens, ça faisait un moment que je n'avais pas fait tourner un skeud sorti chez Agonia. La dernière fois, c'était pour Angst Skvadron. Et justement, Bloodsworn est un énième projet de Trondr Nefas (Kvist, Urgehal, Angst Skvadron si vous avez suivi, etc). A croire que le Norvégien a décidé d'assurer à lui tout seul des pans entiers du catalogue du label polack. Néanmoins, ses comparses ne sont pas des inconnus, puisqu'ils gravitent tous dans la scène black de Hønefoss (Urgehal, Beastcraft, Angst Skvadron, Vulture Lord, Endezzma, Voluspaa, etc).

Né dans les années 90 dans le chaudron du Hønefoss Militsen, Bloodsworn a enregistré sa première démo tape fin 1998. Ces deux titres (qui sont repris sur l'album dont nous causons aujourd'hui) permettent alors au combo de signer chez Head not Found. Mais suite à des soucis financiers, le label norvégien ne peut honorer le contrat. Bloodsworn enregistre toutefois son premier album All Hyllest til Satan et s'apprête à le sortie chez un autre label norvégien Flesh for Beast. Mais le combo fait un bis repetita, puisque leur nouvelle écurie doit mettre la clé sous la porte avant de pouvoir sortir l'opus. D'autant plus déprimant pour le groupe qu'il s'agit ici du label d'Urgehal, un label dont le proprio est Sorgar le chanteur... de Bloodsworn. Il leur aura donc fallu attendre 2008 pour que leur premier pavé soit jeté à la face du monde. Et c'est bien l'album d'origine remixé qui est aujourd'hui introduit de force dans nos chastes oreilles. Vous me direz que ça fait long pour un album regroupant du beau linge. Certes, mais cela s'explique peut-être aussi par le contenu de l'album.

Mitonné sur des mélodies copyrightées dans les années 90, All Hyllest til Satan est un album salement blasphématoire, qui érige le black en une confrontation bestiale contre la société qu'on nous propose. Foulant au pied religion et morale, Bloodsworn prône ses concepts musicalement avec une violence sonore qui devrait désintéresser ce que le groupe prendra pour des faibles. Ca tombe bien, j'en suis un sur ce coup-là. Entre des riffs tartinés à la vitesse de l'éclair et auréolés de solos dignes de shreds et une production singulière et dégueulasse, j'ai beaucoup de mal à rester concentré plus de cinq minutes sur les petites 32 minutes qu'affiche l'opus. Même le bourrinage d'un Beastcraft en rut me semble bien plus excitant et barbare que les sept titres proposés ici.

Je pense que la production y fait beaucoup dans mon désaveu, avec une batterie synthétique, une voix saturée qui gargouille au premier plan et l'absence de basses dans des guitares bourdonnantes brouillées par des nappes de synthé à deux doigts. Mais l'absence de riffs saignants vient cruellement se coupler avec l'aspect sonore. Car, les riffs ne permettent pourtant pas de rattraper la choucroute au vol, ne s'avérant jamais accrocheurs malgré mon intérêt habituellement pour les assauts de Trondr Nefas. Les guitares sont tout simplement noyées dans le son général, quand ce n'est pas par un des nombreux leads indigestes tartinés sur l'album. Si je ne suis pas dérangé par des productions parfois infâmes, cette fois c'est beurk, beurk et re-beurk. Rien n'y fait, je me fais chier dans cette ultra-violence des années 90, autant que dans celle d'Orange Mécanique. Et maintenant qu'il y a prescription, on peut le dire qu'ils avaient vraiment l'air con avec leurs caleçons longs et leurs chapeaux-melons à se la jouer über-violents.


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 10614