J'ai découvert BLODSRIT lors d'un concert avec NEHËMAH et CRYSTALIUM il y a tout juste quatre ans. A l'époque ce groupe de black metal suédois ne disposait que d'un album, "Supreme Misanthropy", et ce que j'avais pu en entendre ce soir-là m'avait plutôt laissé de marbre. "Ocularis Infernum", son successeur sorti en 2003, ne me convainquit guère plus et je n'avais même pas pris la peine d'écouter "Helvetshymner", le troisième album sorti il y a deux ans. Je me suis rattrapé récemment et j'ai constaté que j'étais passé à côté un bon album de black metal, pas orignal pour un sou mais bien ficelé, violent et néanmoins mélodique. La production s'étant améliorée d'album en album on aurait pu attendre pour ce quatrième opus un BLODSRIT gonflé à bloc avec une production leur permettant de rivaliser avec leurs compatriotes de DARK FUNERAL. Pourtant le groupe a choisi une tout autre direction.

BLODSRIT est toujours un groupe de black metal, plus que jamais même puisque désormais c'est dans le true black que le quatuor suédois a choisi d'évoluer. "The Well Of Light Has Finally Dried" s'ouvre par un "Illuminous Tu" dispensant un riff très lent à mi-chemin entre JUDAS ISCARIOT et DRUDKH. Sans sombrer dans le black brutal, le morceau est agrémenté de quelques accélérations qui sont souvent dues à la double grosse caisse. Les ambiances sont très glauques sur "The Well Of Light Has Finally Dried" et les guitares nous offrent des parties mélodiques très mélancoliques et ce sur tous les morceaux. L'influence du black norvégien se fait vraiment ressentir dans la musique de BLODSRIT, les parties lentes empruntées DARKTHRONE s'associent à merveille aux mélodies en provenance directe de chez TAAKE. Outre la musique le chant a également été adaptée à ce nouveau style, la saturation a été amplifiée et Nazgûl vocifère d'une façon beaucoup plus malsaine. Il n'en reste pas moins compréhensible tels ses "Warm never again, just loveless sick and twisted" répétés inlassablement sur "Into Nothingness", le seul morceau chanté en anglais. Les interludes sont souvent poussifs et d'un ennui profond sur les albums de raw black mais le titre "En Enslig Klagan" fait ici exception à la règle. Un instrumental acoustique d'une noirceur absolue, totalement envoûtant mais qui ne dure malheureusement qu'un peu plus de deux minutes.

La production est crade, bien loin de celle que feu Mieszko Talarczyk avait offert au groupe sur "Helvetshymner". Mais c'est le style qui veut ça même si pour moi elle aurait dû être encore plus étouffée pour atteindre la perfection. Le seul reproche que je pourrais faire à "The Well Of Light Has Finally Dried" serait sa durée qui dépasse à peine les vingt-huit minutes. Il est vrai que c'est un style répétitif qui a tendance à vite devenir fatiguant et cela pourrait être un bon point. Mais BLODSRIT vient de prouver ses capacités à composer des morceaux efficaces et diversifiés, on en aurait bien repris un ou deux. Voilà pourquoi je ne pourrai pas monter la note même si à la vue de sa qualité "The Well Of Light Has Finally Dried" aurait peut-être mérité un point de plus. Une sortie black metal à ne pas rater.


Rédigé par : wasted | 15,5/20 | Nb de lectures : 14121