Elle est bien loin, mais elle était belle, l'époque où les groupes signaient un deal avec un gros label au bout de cinq années de galères et de tournées miteuses, repérés par un «grand ponte à cigare » traînant par hasard au fond d'un club crasseux.

Ainsi, Bleed The Sky nous est apparu avec son premier album sous le bras un beau jour de 2005 sous l'égide de Nuclear Blast qui, en ces temps révolus où le metalcore impressionnait encore, avait osé signer le groupe sur le seul chiffre de fréquentation de sa page MySpace.

Une première, en ce temps-là. Qui aurait mieux fait de rester une dernière, mais c'est une autre histoire.

Car il faut bien le reconnaître, « Paradigm In Entropy », le premier album de BTS, avait effectivement fière allure. Moins bas du front que la moyenne, bardé de riffs réellement valables, il ne souffrait guère que d'une production stéréotypée et d'une pochette scandaleusement passe-partout.

Les cinq (jeunes) (bouseux) d'Orange County envoyaient déjà le boulet plus loin que leurs concurrents.

Trois ans plus tard, que reste-t-il de ce conte de fées contractuel ? Peau de zob. Bleed The Sky s'est vu remercié par le label teuton (qui n'avait pas dû calculer que l'album serait payant et intéresserait donc moins le public visé que la page d'un site communautaire).

Une éviction qui, à l'écoute de « Murder The Dance », tient presque de l'erreur stratégique.

Car voici : après quelques changements de personnel et autant de galères diverses, le groupe revient transfiguré, bien plus mûr, et nous tire en pleine face une petite bombe. (NB : J'aurais bien dit « bombinette », mais j'avais peur que la chevillette n'ait à en choir).

Mettant étonnamment la pédale douce sur les influences metalcore les plus courues, BTS devient ici adulte, mue comme un grand, et exhibe sa descente de testicules au grand jour. Ainsi retrouve-t-on sur « Murder The Dance » quelques finesses rythmiques peu orthodoxes, plusieurs titres singulièrement alambiqués, et un travail de composition qui laisse loin derrière la masse grouillante de « recopieurs ». On pense parfois à Sikth (RIP), Strapping Young Lad, Textures, voire Hacride, sur certains plans syncopés où les nappes de voix claire chapeautent des soubresauts rythmiques particulièrement probants. Mais pas seulement ! Un titre comme « Poseidon » démontre à lui seul que le groupe sait aussi naviguer dans les eaux troubles du heavy old-school et groovy cher à Down ou Corrosion Of Conformity...

Par ailleurs, la production plutôt rèche de Christian Olde Wolbers (dangereux ressortissant belge connu pour avoir tenu toutes les cordes possibles au sein de Fear Factory) fait honneur à l'évolution du groupe en l'extrayant de la norme stéréotypée habituellement livrée avec ce type d'album.

Au final, il ne reste que bien peu de choses à fustiger tout au long de ce « Murder The Dance ». Quelques refrains un peu trop gnan-gnan, deux ou trois riffs déjà entendus dans une vie antérieure, et tout au plus un manque global d'originalité, largement compensé par la patate réellement étonnante développée sur ces 12 titres. Si tous les « deuxièmes albums » du monde pouvaient être une telle réussite, le commun des métalleux n'aurait peut-être pas besoin de se tripoter l'élastique à ce point en attendant la sortie de « Death Magnetic ».


Rédigé par : Goat Of Rahahaaz | 16/20 | Nb de lectures : 10742