L’Italie était jusqu’à maintenant plus connue pour ses groupes de speed mélodique que pour ses groupes de melodeath, mais BLEED IN VAIN va peut-être changer la donne avec son premier album « Say Everything Will Be Fine ». Le cataloguer « melodeath » est même réducteur puisqu’on y trouve autant de PANTERA et de TESTAMENT (Enricho Longhin reprend quelques-uns des tics vocaux de Chuck Billy) que de riffs glanés sur ce qui reste des planches de la scène suédoise.

Surprenant de prime abord par son aspect dépouillé et sa production rugueuse malgré l’estampille Nordström/Fredman Studios, « Say Everything… » demande un peu d’attention pour être assimilé, mais l’investissement en vaut la peine. Plus qu’un clone moderne de PANTERA dont il reprend très souvent les automatismes rythmiques, BLEED IN VAIN a en effet parfaitement digéré ses influences et se positionne comme un groupe fier de son héritage bien que désireux de vivre avec son temps. Son héritage ? Le hard rock, auquel ils font un clin d’oeil en reprenant le « Shock To The System » de Billy Idol, le power metal des années 90 et le thrash-death suédois dans lequel ils sont allés puiser un bon stock de riffs. Les éléments modernes ? Un penchant prononcé pour le metalcore bien burné, trois chants (un thrash agressif, un death au phrasé HxC et un mélodique) et une tendance naturelle à jongler entre tous les styles précités.

Pourtant, bien que se fondant visuellement à la perfection dans la masse de plus en plus informe des jeunes formations metalcore fashion victims, les Italiens ont plus à proposer, à commencer par de vrais morceaux qui claquent et pas ces gavants couplets braillés/refrains pleurnichés qui ont permis au style de s’imposer mais qui, mal employés, peuvent plomber une chanson voire un album. « Say Everything Will Be Fine » évite donc les écueils les plus récurrents et étale sans complexe sa panoplie de coups de boule rythmiques (« End In Hand »), de riffs suédois à la DARK TRANQUILLITY (« Heart Pattern ») ou IN FLAMES (« Few Miles Away »), de solos bien sentis et surtout, dévoile un chanteur exceptionnel sur les cordes vocales duquel repose une bonne partie de l’album. Il faut bien le dire, même si les titres sont bons à la base, c’est Enrico Longhin qui les transcende. Doté d’un registre vocal des plus complets, il balance des vociférations gutturales aussi facilement qu’un chant clair redoutable, croisement entre le Mike Patton de « King For A Day » (FAITH NO MORE) et Chuck Billy (TESTAMENT).

BLEED IN VAIN ne sera probablement pas la révélation métal de l’année, mais son deuxième album mérite largement le détour. A défaut de véritablement innover, le groupe tente malgré tout de proposer quelque chose de personnel et au final la recette marche plutôt bien avec ces chansons reposant à moitié sur l’héritage des années 90 et à moitié sur les copulations inter genres du nouveau millénaire.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 10717