BLEEDING THROUGH - DECLARATION

Réalisateur: Devin Townsend
Casting: Brandan Schieppati • Brian Leppke • Jona Weinhofen • Ryan Wombacher • Derek Youngsma • Marta Peterson
Genre: Blockbuster Metalcore
Durée: 12 titres, 45 minutes
En salles depuis octobre

Synopsis: Brandan en a ras la mèche. Depuis peu, les gars de son crew le traitent de fiotte parce qu'il a un peu trop tendance à aller sussurer des mots doux aux oreilles des demoiselles. En plus, il met de l'eyeliner, refuse de picoler avec les autres et a perdu des biscottos à force de refuser de manger des zanimaux. Et se sent incompris. Parce que de toute sa clique du Gang des Metalcoreux, il reste tout de même le plus apte à pouvoir prétendre au trône. L'occasion de réclamer son dû lui tombe tout cuit dans l'assiette : le gang des Deathcoreux, réputé bien plus violent, a débarqué en ville depuis peu. Arrivera-t-il à les terrasser ? Doit-il pour cela faire momentanément une croix sur ses plans drague ? Mais surtout, trouvera-t-il de l'argent pour payer des cours de synthé à sa soeurette Marla ?


L'avis de l'expert:

Après une filmographie sans véritable fausse note, la troupe d'Orange County revient avec "Declaration", ce coup-ci sous la houlette du mystique Devin Townsend. Le savoir-faire du réalisateur saute aux oreilles : là où ses prédécesseurs avaient rencontré quelques soucis pour parfaitement coordonner la troupe, Devin parvient à sublimer le jeu de chacun des membres, pour un résultat léché et impressionnant. Les expériences réussies du vieillard devant et derrière la caméra tout au long de sa carrière payent une fois de plus.

Les grosses ficelles du scénario, on les devine vite fait, ici tout n'est prétexte qu'aux scènes d'actions. Mais cela n'empêche pas l'intrigue d'être un minimum fouillée, et le rythme d'être mené toujours tambour battant. Allez, cassons ce suspense de pacotille : oui, malgré les apparences, Brandan ira faire avaler leur New Era à la clique des Deathcoreux, parce qu'il est rusé comme un Sioux et a préféré peaufiner ses techniques d'attaque plutôt que de partir bille en tête comme ces derniers. "Quoi, c'est tout ?" Bah oui, t'as cru que c'était du Lynch ?

Après le générique ça démarre sur les chapeaux de roues, vlan dans les dents, blast, montage épileptique appuyé par un synthé perçant. Les ambiances symphoniques, bien que grandiloquantes, se fondent mieux que jamais et remplissent pleinement leur rôle, en conférant une dimension bien plus imposante à l'ensemble, voire, ô sacrilège, un peu de profondeur au détour d'un plan ("Germany"). Rentrons dans le vif du sujet si vous le voulez bien. On sait pourquoi on est venu, et on n'en ressort aucunement déçu, les scènes d'action s'enchaînant sans temps morts. Elles atteignent même leur paroxysme dans ces plans au montage hâché (les breaks de "Declaration" ou "Death Anxiety", du bigger than life), qui, si le procédé est aisé et on-ne-peut-plus standardisé aujourd'hui (depuis le cultissime "Mosh avec les loups", pour être exact), ne peuvent que forcer le respect devant tant de spectacle.

Violence qui est certes à relativiser vu que les fréquents emprunts aux genres extrêmes ont été polis pour échapper à la classification "-16 ans". Mais cela n'empêche aucunement "Declaration" d'être un divertissement de très haute volée, mené par une troupe d'acteurs qui commencent mine de rien à avoir de la bouteille en la matière. En témoigne l'expérience des gratteux, préférant aller chercher l'inspiration dans le thrash voire le black avec leurs 8 cordes plutôt que de bêtement cabotiner comme beaucoup de leurs homologues pour un résultat à la fois efficace, ultra moderne et rentre-dedans, bien loin des navets pompeux et pompants à la "Winds Of Plagues", ou de nos comédies nationales comme "Le Roi Dagoba".

Peu de reproches aux dérivations vers la guimauve romanesque ce coup-ci, ces scènes étant suffisamment rares et bien intégrées pour ne pas faire tache. Et surtout, Brandan maîtrise bien mieux son jeu que précédemment dans ce registre, même si c'est dans ses constants coups de sang qu'il reste définitivement impressionnant. Il livre ici une prestation caméléonesque et pleine de charisme, allant jusqu'à rappeler le grand Phil Anselmo au détour de quelques scènes. Même la demoiselle de la troupe, sans doute excédée par ses rôles de potiches, a enfin appris à pleinement exploiter sa palette d'actrice, et contribue grandement à cette réussite. Ces 45 minutes sont peut-être celles qui synthétisent le mieux les talents de la bande. Pas de quoi espérer les Oscars, mais de quoi être fiers.

Blockbuster, oui, mais blockbuster qui tatanne sec.


Rédigé par : Crown_Me | 15,5/20 | Nb de lectures : 11622