BLAZING ETERNITY - A World to Drown in (Prophecy/Adipocere) - 05/05/2003 @ 10h41
Blazing Eternity nous avait enchanté avec son précédent album. Le groupe proposait alors un dark métal racé et mélancolique qui avait le pouvoir de vous faire échapper le temps d’une écoute à l’emprise de la vie quotidienne. Le retour à la réalité n’en était que plus pénible. C’est avec une joie non dissimulée que j’attendais ce nouvel album qui allait à n’en pas douter m’envoûter avec ses sombres mélodies. A ce niveau là je n’ai pas été déçu, la mélancolie si caractéristique des compositions du groupe est plus que jamais présente sur ce nouvel album. La grosse différence vient de la manière que le groupe a choisi pour exprimer ce sentiment. En effet, les compositions que Blazing Eternity nous offre aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles qu’il nous proposait sur son premier et excellent album « Times and unknow waters », si bien que l’on a l’impression d’être en présence d’un nouveau groupe.

La première grosse surprise vient des vocaux : il n’y a plus aucune trace de vocaux gutturaux sur cet album. Le chant est uniquement clair (peut être un peu poussif sur quelques passages mais rien de bien grave), le timbre du chanteur permet de faire passer beaucoup plus d’émotions qu’avec les éternels grognements plus dark métal (et pourtant je suis particulièrement friand de ce type de chant nettement plus basique) d’autant plus que les lignes mélodiques sont très soignées et que les refrains ont la fâcheuse tendance à s’incruster dans votre cortex pour ne plus en sortir.

La deuxième grosse surprise vient de la structure des morceaux : les chansons sont nettement moins complexes que par le passé et ont une approche beaucoup plus pop. Attention, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, quand je parle de structure pop je fais référence à des groupes comme Porcupine tree ou Anathema nouvelle formule, et pas à la soupe infâme que nous impose les médias grand public. Je m’explique : le moteur principal des chansons de cet album est la guitare acoustique. Celle ci était déjà bien présente sur les précédentes réalisations qui recelaient de nombreux passages acoustiques de toute beauté, mais sur ce dernier elle est constamment présente et nous régale d’arpèges délicats ou d’accords bien placés en accompagnements des envolées maîtrisées et sobres de la guitare électrique.

Le morceau d’ouverture en est le parfait exemple, la guitare acoustique débute le morceau et assure la rythmique tout le long, créant ainsi une ossature solide autour de laquelle peuvent venir se greffer les autres instruments et la voix du chanteur. On a l’impression d’entendre pleurer la guitare électrique, les lignes mélodiques proposées ne sont ni surchargées ni d’une technique extrême, non, la musique est juste belle et remplie de feeling. Les synthés ne sont pas en reste, et aident à façonner une atmosphère aérienne et mélancolique avec des nappes présentes en arrière plan. On trouve même quelques samples et un violon qui assurent le break au milieu du morceau, renforçant ainsi l’impact des autres parties lorsque le morceau repart. Voilà, 4’20’’ d’enchantement !

Le reste est du même acabit, sur les neufs titres et les 46 minutes que compte l’album il n’y a rien à jeter. Le deuxième morceau est la suite logique du premier. Il faut attendre le début du troisième pour déceler une pointe de violence (toute proportion gardée, on est à des années lumière du grind core), les guitares saturées faisant leur apparition en assurant une rythmique plombée. Encore une fois le refrain est imparable, le chanteur est aidé dans sa tache par des vocalises féminines qui viennent le soutenir. Ce coup ci le break au milieu du morceau est marqué par l’apparition d’une flûte accompagnée par la guitare acoustique et des vocaux trafiqués. L’effet de cette accalmie est le même que précédemment, cela renforce l’impact des couplets et du refrain, en une seule écoute les mélodies s’imprègnent dans votre tête, signe évident de la réussite de l’entreprise.

Le morceau suivant qui retrouve un tempo plus calme est marqué par la voix féminine qui accompagne la voix masculine en arrière plan sur quelques passages et qui se retrouve même seule un bref instant en début de morceau. La guitare sèche est toujours à l’honneur, le morceau est assez dépouillé mais nullement vide de toute émotion, au contraire. Le cinquième morceau réveille ceux qui se seraient lamentablement endormis avec trois accords saturés pour laisser la place à des arrangements plus soignés, toujours sur le même schéma : guitare acoustique, arpèges délicats, refrains entêtants et nappes de synthés lointaines.

Le sixième morceau débute lui sur des notes de piano pour varier les plaisirs, quelques nappes de synthés et quelques notes de guitare viennent l’aider dans sa tentative d’envoûtement, au moment ou on se sent partir les accords saturés viennent rompre le charme et nous ramènent sur terre ; voilà le premier morceau instrumental de l’album d’environ trois minutes.

Le septième morceau est chanté en allemand est s’inscrit dans la suite des précédents avec quand même un tempo un poil plus élevé (la encore, il faut relativiser). On note le retour de quelques samples et de la voix féminine. La guitare lead ne part jamais dans des démonstrations stériles mais les quelques notes jouées ont toutes été mûrement pensées, l’effet produit n’en est que plus grand.

Pour le morceau suivant nous avons droit en guise d’intro à une narration féminine sur fond d’arpèges lancinants (à part quelques vocaux trafiqués il n’y aura plus du tout de chant), le rythme s’est ralenti pour laisser le temps à tous les instruments de déverser leur trop plein d’émotions, la basse est pour la première fois à l’honneur en début de morceau. On a l’impression que le tout part en improvisation, et on se prend à penser à in the woods, ce titre aurait trouvé sa place sur three times seven on the pilgrimage.

Pour terminer, le dernier titre résume un peu tout l’album, si vous avez lu jusque là, je vous laisse deviner de quoi il se compose.

Encore un exemple de groupe qui n’hésite pas à se remettre en question, et qui explore différents styles pour exprimer ses sentiments. L’évolution est quelque chose d’important pour un musicien, en changeant de style un groupe prend énormément de risques, le public n’étant pas obligé de le suivre dans ses nouvelles contrées musicales. A l’image d’un groupe comme Anathema, le virage pris par Blazing Eternity est particulièrement réussi. En ce qui concerne leur public, je pense que les fans de leur musique ont suffisamment de sensibilité pour comprendre leur évolution. De toutes façons, un peu de douceur n’a jamais fait de mal à personne, même à nous, sombres brutes métalliques. Le tout est d’avoir le courage de se l’avouer.




Rédigé par : Dark Tranquilou | 16/20 | Nb de lectures : 7798




Auteur
Commentaire
Uriel
Invité
Posté le: 05/05/2003 à 11h26 - (3353)
Ca donne franchement envie tout ca, le sample sur le site de Prophecy étant déja des plus appêtissants! Un groupe à suivre, et pour ceux qui ne connaissent pas l'album "Times and Unknown Waters" ou la géniale démo "Det hviler en Natt unter sorte Vinterboge", ruez vous dessus si vous aimez les superbes ambiances à la Katatonia / Anathema avec un zeste de pêche et de dark metal supplémentaire!

Lord al
Invité
Posté le: 06/05/2003 à 16h24 - (3369)
Désolé D.T c vraiment trop long !!! pour moi...
mais j'poserais une oreil dessus..pour voir..

DD qui fait chie
Invité
Posté le: 06/05/2003 à 22h27 - (3378)
bah, ca soule, moi je demissionne.

avec des kros comme ca il faudrait un resume pour ceux que ca soule de se niquer les yeux sur un ecran de merde....

.....UN RESUME SVP....

dark tranquilou
Invité
Posté le: 06/05/2003 à 22h45 - (3379)
cet album est bien, différent du premier mais bien quand même.

Alors heureux?

Un indice: tu ne lis pas la description des morceaux et tu te contentes de l'intro et de la conclusion. Sinon tu changes d'écran :)

Orphans
Invité
Posté le: 09/05/2003 à 01h42 - (3409)
Putain mais c pas possible...
He DD tu doit pas lire bcp de livre à part ton Metalian !!
Mais c dingue ça, plus y'en a mieux c'est...quand je connais pas, je suis bien content de trouver une description assez longue sur le produit pour voir où je met les pieds (enfin les oreilles)
Nous sommes vraiment tombé dans un monde faisant l'appologie de la faineantise...
Mais bon je peut dire ce que je veut, je suis sur que j'ais ecrit trop de mots et qu'ils sont passé à une autre Kronik...




Uriel
Invité
Posté le: 27/05/2003 à 10h16 - (3706)
Bon, ben en définitive seulement à demi-satisfait pour moi.
OK c'est un bien bon album d'émo-rock à la Katatonia en plus "light", et pour les fans de ce style de musique le posséder sur son étagère est une quasi obligation. Mais il manque quand même quelque chose.
En fait il eut fallu que Lars Korsholm mette la main à la pâte sur tous les morceaux, puisque ceux qu'il compose ("White", "Cover me with your Eyes",...) sont de loin les plus enthousiasmants et les mieux structurés. Le reste donne un peu trop souvent dans le couplet-refrain à outrance et la mélancolie injectée d'un bout à l'autre devient banale sur certains titres en l'absence de point d'orgue.
La reprise de Love Shop ne présente d'autre part aucun intérêt (je précise pour Dark T que c'est du Danois, non de l'Allemand, pas qu'il y ait une grosse différence mais si tu dis à un Danois que ca sonne comme de l'Allemand tu as des chances de te retrouver pieds et poings liés avec un tesson de bouteille de bière sous la gorge :) ).
En fait le style est à mi-chemin entre Katatonia et Canaan, mais n''égale ni l'un ni l'autre. Ca demande maturation ou évolution, sinon ce sera l'impasse dès le prochain album... Entre 12 et 13/20 en ce qui me concerne.


Silenius
Membre enregistré
Posté le: 24/10/2004 à 12h44 - (11155)
Du temps est passé depuis la sortie de ce bien bel album.Et il est vraiment toujours autant agréable de l'écouter.L'incidieuse mélancolie qui habite les titres fait mouche à chaques fois et s'enregistre trés facilement étant donné la structure assez simple des morceaux.Donc un bon Cd qui fait mouche chez moi et que jaime beaucoup à l'instar de The Loveless et The Wounded.
Bientôt des nouvelles du groupe j'espère...



Noar
Membre enregistré
Posté le: 24/10/2004 à 17h02 - (11156)
Une bien belle découverte. Une musique pleine d'émotions qui vous touche d'emblée. A mi chemin entre Katatonia à partir de Discouraged ones et Anathema-Eternity. Parsemé d'arrangements bien travaillés, de voix clairs et de belles mélodies...
Rien que le 1er titre et ses chorus de guitares qui s'envolent sont poignants.
Du coup, j'ai acheté le précédent "Times & unknown Waters", tout aussi excellent dans un registre plus dark voir black pour certains passages.



Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker