BLAZE OF PERDITION - Near Death Revelations (Agonia) - 12/08/2015 @ 09h17
Le groupe PERDITION s’est formé en 2004 du côté de Lublin par, entre autres, deux membres d’ABUSIVENESS, et après 3 démos, un split et un EP, décidera de compléter son blaze en BLAZE OF PERDITION, marquant l’actuelle ère musicale du groupe, dans un style purement polonais entre le Black et le Death, entre l’occulte et la brutalité. Entre EPs et splits, deux albums remarqués par les plus fins limiers de la scène polonaise sortiront, Towards The Blaze Of Perdition (2010) et The Hierophant (2011, chez Pagan Records). Une bonne productivité qui ne fera pas décoller plus que de raison le groupe, peut-être englué dans un panier polonais très garni, même leurs propres membres participant à la multiplication des formations Black/Death dans le pays (DEIVOS, MOON, ULCER, DIRA MORTIS, BLASPHEMY RITES, XAOS OBLIVION, PARRICIDE…), malgré la très bonne qualité des deux albums précités. Puis un drame… En novembre 2013, sur les routes d’Autriche, le groupe fut victime d’un accident de voiture, emportant leur bassiste Ikaroz et plongeant dans le coma leur chanteur Sonneillon. Ce dernier finira par se remettre de ses blessures et reprendra sa place au sein de BLAZE OF PERDITION, « reformé » en 2014, et bien décidé à se servir de ces terribles expériences pour repartir plus fort. Une signature chez Agonia plus tard, et voilà le troisième du groupe qui n’est plus blasé, et quand on a touché la mort de près, cela ne peut que nous donner une forte thématique pour un album de Black/Death, en l’occurrence le bien nommé Near Death Revelations. Révélations dans tous les sens du terme.

Si jusque là BLAZE OF PERDITION était un honnête voire très bon exécutant de Black/Death polonais oscillant entre atmosphère orthodoxe et violence blastante, avec Near Death Revelations il va passer à un niveau supérieur, à tous les niveaux supérieurs : son, ambiance, compositions, ambition aussi. A la manière d’un KRIEGSMASCHINE auteur du sensationnel Enemy Of Man l’an dernier ? Si la discographie de BLAZE OF PERDITION est plus fournie que celle de KRIEGSMASCHINE qui était ressorti de nulle part il y a un an, la comparaison n’est pas volée, BLAZE OF PERDITION continuant à évoluer et à digérer ses influences pour livrer quelque chose d’assez énorme au premier abord, Near Death Revelations se présentait même à moi comme le « Enemy Of Man de 2015 » dès la parution des premiers extraits. En parlant d’influences, BLAZE OF PERDITION a depuis Towards The Blaze Of Perdition su faire le pont entre un WATAIN et la fureur polonaise de THUNDERBOLT et AZARATH, entre autres. Aussi Near Death Revelations n’ose pas vraiment et se base sur des choses bien connues dans le monde du BM orthodoxe qui sait cogner quand il le faut, dans la lignée de ses deux prédécesseurs. Mais le groupe polonais a vu le tunnel de lumière de près et en a été retourné, se trouvant une énergie et une intensité insoupçonnées, afin de pondre un album qui pourrait bien être une des œuvres marquantes de la scène polonaise.

Avec son intro à la fois mystique et éthérée, "Królestwo Niczyje", pose déjà l’ambiance assez singulière de cet album, avant que le chant possédé, la batterie faisant feu de tout bois, et les guitares oscillant entre leads stellaires et rythmiques furibondes ne se placent dans le schéma. Avec des structures à tiroirs et des enchaînements de folie au sein de morceaux longs (7 minutes minimum), le Black/Death de BLAZE OF PERDITION est presque progressif mais reste incisif la majeure partie du temps, quand le groupe accélère il ne le fait pas à moitié (cette reprise explosive à 6’40 !), et malgré la violence du propos les mid-tempo et les breaks d’ambiance font également mouche. BLAZE OF PERDITION est inspiré, cet excellent morceau d’ouverture le prouve déjà ainsi que son suiveur "Into the Void Again", aux riffs mordants et aux WATAINeries évidentes, pour un ensemble extrêmement bien arrangé avec toujours ces passages particulièrement salvateurs, faisant partie de l’identité de BLAZE OF PERDITION. Mais le meilleur est à venir. Déjà pour "Dreams Shall Flesh" qui, après 3 minutes 30 en « douceur » mais où les blasts sévères sont déjà de la partie, commence sérieusement à mettre en valeur le maître mot de Near Death Revelations qui est l’intensité. Le riffing se fait encore plus tranchant, le chant plus agressif, le jeu de batterie énormissime, tout ceci donc à une certaine fleur de peau, une tension, une intensité palpable à chaque instant. La partie finale, blindée de montées épiques, est purement fantastique. Et on ne s’arrête pas là car les polonais enchaînent sur "Cold Morning Fears", l’autre grosse tuerie de cet opus, une belle mandale même, la violence Black/Death est à son paroxysme dès les premières secondes, et le côté orthodoxe s’intègre à merveille à l’ensemble grâce encore et toujours à une inspiration (rythmiques et leads/trémolos sont un régal) et une science de composition sans failles, et bien sûr cette incroyable intensité (portée par de très prenants écarts de voix). Enfin, Near Death Revelations s’achève sur "Of No Light" (précédé de son intro indispensable "The Tunnel"), 11 minutes toujours tendues, presque apocalyptiques, où le groupe jette ses dernières forces, ses derniers blasts, ses derniers leads mélodiques et rythmiques appuyées, ses derniers vocaux désespérés, sous une forme résolument lancinante.

Near Death Revelations n’est pas pour autant le nouveau chef d’œuvre de la scène Black/Death polonaise. Il faut bien avouer que comparé aux pointures que sont ses influences, BLAZE OF PERDITION ne surprend pas ici sur le fond, bien que cet album soit quasi-irréprochable sur la forme. Il est néanmoins légèrement hétérogène, "Into the Void Again" souffre pour moi de légères longueurs, et je n’arrive pas à encaisser "When Mirrors Shatter" malgré de nombreuses écoutes : ce morceau trop mélodique et trop long (bien que ça soit la piste la plus courte du disque !) créé une cassure dans l’album et n’est pas assez intense en comparaison de ce qui suit, malgré la présence de blasts aux moments cruciaux. Near Death Revelations ne rivalisera donc pas avec un Enemy Of Man en ce qui me concerne, mais l’effort de BLAZE OF PERDITION est à saluer comme il se doit car il constitue en soi une grosse performance de Black/Death polonais, aux riffs de premier ordre, aux schémas subtils et prenants, et surtout et au risque d’insister particulièrement intense, et forcément riche en moments forts. Une intensité aussi régie par la thématique du l’album, je regrette d’ailleurs de ne pas pouvoir en dire plus sur les paroles, mais il est clair que le côté « proche de la mort » se ressent à chaque instant, Near Death Revelations est d’ailleurs un album qui fait surtout appel au ressenti, plus que de vraiment s’attarder sur les compos même si elles sont d’une grande qualité. Dommage que ce 3ème full-length de BLAZE OF PERDITION soit trop peu original d’un point de vue BM orthodoxe et consorts pour être une véritable pépite, mais c’est sans conteste un des albums voire l’Album de Black/Death polonais de l’année, et c’est une expérience musicale de mort imminente à vivre, proposée par des musiciens qui en ont vécu une vraie…




Rédigé par : ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 9984




Auteur
Commentaire
Bernard
Membre enregistré
Posté le: 01/09/2015 à 15h46 - (117725)
Je découvre et ça me botte pas mal.

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