Ce qui est top-moumoutte avec BLASPHEMY RITES, c’est que l’on tient enfin là un groupe polonais… Qui ne sonne justement pas très polonais. Vous savez, toutes ces petites astuces qui font la sève (hum) de nos voisins de l’Est, c’est-à-dire la grosse prod’ mammouth, la batterie triggée à mort-qui-tue, la précision digne du télescope spatial Hubble et tout le tintamarre. Bon ben rien de tout ça ici, oh là crévindiou bien au contraire: BLASPHEMY RITES, c’est craspouille, primitif et surtout pas compliqué du tout. Eux citent volontiers en guise d’influences majeures BLASPHEMY, BEHERIT, ARCHGOAT et tout ce genre de métal extrême d’éboueurs - vous savez celui où l’on jette tout dans un sac plastique et où tout ce mélange pour devenir une masse informe et puante. Cette description peu ragoûtante est justement la parfaite définition de ‘Hideous Lord’, premier disque à se matérialiser après apparemment treize années d’activisime (oh les branleurs!). Personnellement, je rajouterai même aux rayons des parrains qui se sont penchés sur leur berceau les grands-pères de NUNSLAUGHTER pour ces titres simplets de deux minutes chrono aux plans thrashy tout rouillés.

Sauf qu’au bout du compte, il faut quand même avouer que vous avez beau chasser le naturel, il reviendra quand même au galop. Et si possible, il en profitera pour vous donner une grosse torgnole des bois pour vous rappeler qu’il ne faut jamais le sous-estimer. Donc tout hideux (c’est dans le titre non ?) que ce premier disque est censé être, on retrouve quand même sous ses quatorze couches de crasse un chouia de relents typiquement polonais. C’est-à-dire que malgré tous leurs efforts pour évoquer du vomi chaud expulsé bruyamment à 300 km/s, BLASPHEMY RITES n’est pas PROCLAMATION non plus et ne peut s’empêcher d’être quand même assez carré, enfin tout en restant bien sûr dans le cadre du ‘war metal’, se rapprochant ainsi parfois comme sur le titre d’ouverture (« Bestial Necromancy Sex ») des tout débuts d’ANGELCORPSE. Les connaisseurs me comprendront.

Utilisant pas moins de trois reprises (BLASPHEMY, SABBAT, CELTIC FROST) des plus conventionnelles pour réussir péniblement à se hisser au-delà de la petite demi-heure, ‘Hideous Lord’ fait en somme dans l’excès sonore et cherche à sauter à tout prix les deux pieds dans une grosse flaque de boue. Sauf que son passeport et ses quelques plans old-school sauvent (presque malgré eux) ce disque de la cacophonie totale. C’est là son intérêt mais aussi toute sa limite.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 11/20 | Nb de lectures : 12109